Chapitre 30

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PDVAlizée 05/01/15 16 :45

Je reste étendue sur le sol, flasque, mon énergie m'ayant finalement abandonnée, et je la comprends, moi aussi j'aimerais m'abandonner. Je tremble comme une feuille, maladivement. Moi qui me suis toujours plainte de la faim qui tiraillait mon estomac, de la soif qui asséchait ma gorge, de mes brûlures qui ébouillantaient ma peau, de tous les coups qui pleuvaient sur mon corps, je ne savais pas ce qu'étais la véritable douleur.

J'entends encore la voix d'Adam frapper mes neurones de leurs franchises.

« A plus, Rose. »

« A plus, Rose. »

« A plus, Rose. »

Il était certain que nous allions nous revoir, et moi aussi, j'y croyais. J'y ai cru jusqu'à ce que le train arrive, et j'y ai cru jusqu'au bout de la fin.

« A plus, Rose. »

Et cette même phrase se répète dans mon cerveau, bientôt rejointe par celle d'Ashton. Cette phrase que je refuse de me dire, qui pourtant m'obsède, me hante. Ces deux phrases fusionnent, se mélangent et n'en font plus qu'une. J'hurle. L'image du corps d'Adam fracassé par le train s'imprime sur ma rétine. Je ferme les yeux, si fort que je m'en fais mal, mais le résultat est pire. Je ne peux rien faire pour échapper à cela, je me traîne par terre et je crie comme une pauvre cinglée. Je vois Adam et le train, je vois un autre film mal superposée par-dessus, mon accident avec Kylie, je vois son corps mort sur mes genoux, je vois Ashton qui me frappe et puis sa main qui se serre autour de mon coup, il y a l'homme de tout à l'heure qui plante ses ongles dans ma peau, et je vois aussi Thomas avec cette autre fille, puis la vision Reine des Glace s'incruste dans mon cerveau, à toutes ses images, accompagnée de mon hallucination de Thomas. Bientôt, la figure du Roi des Serpent surplombe tous qui se trament derrière mes paupières fermées, avant d'être remplacé par Santana et finalement le visage d'Adam.

Mon Adam.

Il faut que je me retire ses images de la tête. Je ne supporte plus tous qui se passe, j'ai trop emmagasiné jusqu'à maintenant. Trop. Et désormais, je ne supporte plus.

Je me sens incroyablement seule sans lui, sans son soutien sans faille qui réchauffait mon espoir au fur et à mesure.

Je ne peux retirer les films de ma vie de mes yeux, qu'ils soient fermés ou bien ouvert et sans même m'en rendre compte, je porte mes mains à mon visage et je griffe mes paupières frénétiquement, comme si je pouvais arracher mes yeux et ne plus voir les malheurs qui se pressent aux portes de mes pupilles.

Mes faux ongles -où bien ce qu'il en reste- s'accrochent à ma peau et à mes cils. J'en viens à comprendre Ashton, comprendre ce qui l'a poussé à devenir ce qu'il est maintenant et j'ai peur de devenir comme lui. Ou bien pire.

Je ne supporte plus. Je me roule dans tous les sens, mes cheveux toujours pris autour de mon cou, cachant ma vision. J'aimerais sortir de mon âme de mon corps, j'ai trop. J'ai trop de chose en moi, trop de chose à traiter, trop de chose à supporter et maintenant, je n'en peux plus. Je ne supporte plus.

Je suis restée dans cette position, écrasée sur le sol, au moins deux jours et une nuit puisque j'ai vu le soleil se coucher et un drap de velours sombre recouvrir le ciel, et puis ce matin, le velours s'est éclairci pour se transformer en un voile de soie blanc, tendue au ciel. Je ne cligne même plus mes yeux -à quoi bon ?- et ils pleurent de leur plein gré. Je n'ai pas fait demi-tour pour retrouver la voie ferroviaire, je n'ai pas cherché à rejoindre Nice.

Quelque chose brille, mes yeux la regardent d'eux même, exorbités par une si inhabituelle lumière.

« A plus, Rose. »

Sweet Serial KillerDonde viven las historias. Descúbrelo ahora