30 : Citrouille fatiguée

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La famille Hidalf avait un manoir en bord de mer, où d'imposantes falaises les séparait des flots, même en cas de forte tempête. Le lieu était reculé, mais pas difficile d'accès pour autant, et la nature était abondante dans la région. L'entretien des lieux était une tache importante pour une partie des domestiques qui y consacraient beaucoup de temps pour satisfaire au mieux les exigence de M. et Mme Hidalf. Mais parfois, les eux adultes entraient en conflit sur des éléments pourtant insignifiants.

Ce qui faisait aujourd'hui débat était le destin d'une énorme citrouille qui se trouvait dans le potager depuis plusieurs années. En effet, M. Hidalf aurait aimé participé au prochain concours des plus grosses citrouilles du royaume juste pour avoir le plaisir de le gagner, face à M. Pompous, qu'il détestait plus que tout. Mais Mme Hidalf s'opposait à cette initiative, estimant que l'aliment devait être cuisiné au plus vite.

— La citrouille risque de pourrir bien avant le début du concours, Rigor.

— Certainement pas, elle va encore gonfler, et c'est moi qui réussirait à épater le jury ! De toute façon Emma, les jardiniers sont d'accord avec moi, la citrouille peut encore tenir...

— Une semaine d'après eux, pas trois mois, rétorqua Mme Hidalf. Il n'en restera rien d'ici là, le mieux est encore de la manger...

— Ah non ! Je suis certain qu'il est possible d'utiliser un peu de magie pour maintenir la citrouille en état, affirma son époux.

Juliette d'Or observait le débat sans grand intérêt, mais prenant tout de même le parti de son père, pour le mettre de bonne humeur. Elle devrait bientôt quitter le manoir Hidalf pour séjourner au centre du royaume, à l'école de danse située près de l'école de l'Élite. Seules des jeunes filles s'y trouvaient et il était interdit d'y amener des garçons, mais il lui serait plus facile de voir son amoureux là-bas qu'ici.

Ce qui ne l'empêchait pas d'adhérer à l'avis de sa mère, même si elle mentit allègrement. Son père avait difficilement accepté de la laisser les quitter, la voyant toujours comme une jeune fille trop innocente et fragile pour partir loin de la protection de ses parents. Mais à quinze ans, Juliette d'Or estimait au contraire qu'elle méritait une plus grande liberté.

— Peut-être qu'en la sortant du sol et en la conservant, elle sera toujours intacte pour le jour du concours, prétendit-elle.

— Allons Juliette, tu n'es pas sérieuse ! s'offusqua Mme Hidalf.

— Emma, notre fille est plus censée que toi, l'important est de gagner ce concours et d'humilier Mephistos Pompous. Cette citrouille sera bientôt si grande qu'elle... qu'elle...

— Qu'elle pourra être utilisée pour faire un carrosse ? proposa Juliette d'Or.

— Exactement ! Elle sera si grande qu'on pourra en faire un confortable carrosse pour se rendre directement dans le royaume et la présenter au concours !

La jeune fille sourit et tourna son visage vers la citrouille en question. Même si elle était énorme, il aurait été bien difficile d'en faire un carrosse, seule la petite Juliette d'Airain pourrait avoir assez d'espace pour y monter sans baisser la tête. Quant à y faire rentrer un adulte, ce serait certainement impossible.

Mme Hidalf trancha le débat en annonçant que puisque la magie était considérée comme une tricherie au concours, la citrouille serait mangée le soir-même au dîner.



Publié le 11 / 08 / 2022

Enfance au manoir Hidalf (Writober 2021, spécial Mathieu Hidalf)Where stories live. Discover now