1 : Ce qui erre dans le noir

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527 mots, sur le thème "Ce qui erre dans le noir"









Il faisait nuit noir dans le manoir Hidalf. Le soleil s'était couché depuis longtemps, et c'était l'une de ces nuits où la lune était absente dans le ciel sombre.

En somme, il faisait noir, tout le monde aurait dû dormir à cette heure, ou veiller à la lumière des chandelles.

Des pas légers étaient pourtant perceptibles à certains endroits du manoir, si légers qu'ils ne semblaient même pas être réels. Parfois ils étaient audibles dans le salon, d'autres fois près de l'entrée, ou encore dans les escaliers qui menaient aux étages supérieurs.

Un froid glacial s'était abattu sur la demeure quelques jours plus tôt, si bien qu'il était devenu presque impossible de sortir ou de venir dans ce lieu. De nombreuses nymphettes, ces petites fées dont les ailes produisaient de la lumière quand elles remuaient, avaient été retrouvées évanouies à l'extérieur du manoir. Une poignée d'entre elles étaient toujours portées disparues.

Pour les autres nymphettes, ces pas légers ne signifiaient qu'une chose : leurs camarades avaient péri dans la tempête de neige qui grondait au dehors, et leurs fantômes étaient venus hanter le manoir.

Une ombre furtive passait devant elle, provoquant des élans de terreur, mais aucune des petites fées n'avaient le courage de poursuivre ce fantôme, c'était trop risqué.

L'ombre n'était pas distinguable au milieu de l'obscurité, mais elle avançait tranquillement, errant dans les nombreux couloirs du manoir comme si elle les connaissait par cœur.

Finalement, ce petit fantôme arriva dans la cuisine, où il remua des chaises et des bocaux, semblant fouiller quelques choses.

— Ma petite Juliette, il est bien tard, vous devriez vous coucher, soupira Maitre Magimel.

Face au vieillard qui venait d'entrer dans la cuisine, un bougeoir en main, une fillette de quatre ans à peine se tenait sur une haute chaise, un bocal à biscuits ouvert devant elle. La petite espiègle en attrapa un et le mangea sans aucune honte.

— Votre mère n'aimerait pas que vous mangiez ces sucreries après le dîner, rappela le vieil homme.

En réponse, Juliette d'Or lui tendit un biscuit.

— Maman est trop gentille pour se fâcher, dit-elle.

— Non, c'est vrai. Mais si vous reposez ce bocal, je vous garantie que vous aurez un beau cadeau.

La fillette le regarda avec méfiance, s'apprêtant presque à repartir errer dans les couloirs, le bocal à biscuits entre ses petits bras potelés.

— Si vous êtes sage, vous aurez un petit frère ou une petite sœur, promit Magimel.

— Je veux une soeur ! s'écria Juliette d'Or en reposant le bocal et en sautant de sa chaise.

— Alors il faut retourner se coucher. Les petites filles sages ne se promènent pas la nuit dans le manoir comme des petits fantômes.

La fillette gloussa comme seuls les enfants en sont capables, et repartit dans sa chambre en promettant d'être sage comme du potage.

Maitre Magimel sourit un peu en songeant que la petite fille pourrait bien devenir une grande sœur sous peu. Mme Hidalf n'avait pas encore avoué à sa fille que son ventre un peu rond était dû à une grossesse, à cause des protestations de M. Hidalf, qui clamait qu'il fallait cacher la vérité à l'enfant pour préserver son innocence.

Il y aurait probablement un nouveau membre dans la famille d'ici neuf mois d'ailleurs.

















Publié le 01/10/2021

Enfance au manoir Hidalf (Writober 2021, spécial Mathieu Hidalf)Where stories live. Discover now