27 : Les méchants ont toujours raison

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— C'est injuste ! cria Mathieu depuis sa chambre. Je n'ai fais qu'aider le royaume, rien de plus !

Ses arguments avaient beau être audibles jusqu'en bas de la Tour des Enfants, M. Hidalf ignora son fils, le visage écarlate. Face à lui, plusieurs dizaines de nymphettes du manoir protestaient de l'enfermement de Mathieu.

— Il ne pensait pas à mal, il ne pensait pas qu'on refuserait nos demandes, expliqua l'une d'elle.

— Maître Magimel a confirmé que nos exigences sont justifiées, et que Mathieu ne peut pas être puni pour cela.

— Le royaume est plongé dans le noir depuis un mois à cause de ce qu'il a fait ! hurla M. HIdalf en s'empourprant encore. Il restera enfermé dans sa chambre tant que ce problème ne sera pas réglé !

Les éclats de voix de chacun étaient pénibles à entendre, et les trois Juliette avaient fuit le manoir pour se rendre aux jardins, profitant du temps clément pour s'asseoir sur l'herbe et observer le ciel.

— Père est furieux, je crois que Mathieu va vraiment être puni cette fois, s'inquiéta Juliette d'Or.

— Le priver de sorties et de desserts ne changera pas Mathieu, rétorqua la cadette.

— Mais j'ai entendu Mère dire que Mathieu n'aurait pas le droit de se rendre au prochain anniversaire du roi, avoua la plus petite.

Ses deux aînées ouvrirent de grands yeux effarés avant de les tourner vers la Tour des Enfants. De leur emplacement, elles ne pouvaient pas voir leur frère, mais elles se doutaient qu'il n'était pas encore au courant de la punition à venir.

— Tout ça parce qu'il veut donner le droit aux nymphettes d'être payées pour leur travail, reprit Juliette d'Airain. Je ne pensais pas que le roi refuserait.

— Le roi a accepté les exigences, c'est la noblesse qui est divisée, rappela Juliette d'Argent.

— Non, le souci c'est que les nymphettes devront être remboursées pour leurs services passées, interrompit leur grande sœur. La noblesse est d'accord pour payer les nymphettes pour ce qu'elles feront, mais pas pour ce qui a déjà été fait.

Les trois sœurs échangèrent des regards ennuyés. La punition de Mathieu serait d'autant plus longue que la grève des nymphettes le sera aussi. Celles du manoir faisaient exception. Elles avaient compris que M. Hidalf n'aurait pas d'indulgence à leur égard, et que si elles réclamaient le salaire pour leurs actes passés, elles seraient renvoyées du manoir.

Puisque les petites fées chérissaient les quatre enfants Hidalf, elles avaient renoncé au combat pour leurs droits pour surveiller les agissements de la petite fratrie.

Le soir, M. Hidalf dut s'absenter avec Maître Magimel pour tenter de régler la situation dans le royaume astrien, et Mme Hidalf fit venir Pierre Chapelier. Le jeune garçon n'était plus venu depuis que Mathieu avait réussi sa bêtise, et il lui trouva l'air plus sombre que dans ses souvenirs.

— C'est injuste ! Les nymphettes ne sont pas des esclaves après tout, et pourtant tout le monde me traite comme si j'avais fait quelque chose de mal ! se plaignit son ami.

— Même si tu devais passer pour un méchant, moi... je pense que tu as bien fait, avoua Pierre à voix basse. Tu avais une bonne raison de faire ta bêtise après tout.

— Est-ce que c'est si embêtant que ça dans le royaume ?

Le garçon blond raconta tout ce qu'il savait, c'est-à-dire pas grand chose. La plupart des nymphettes étaient officiellement en grève, mais elles continuaient à aider ceux qu'elles avaient toujours servi, sans pour autant fournir aucune lumière. On illuminait les maisons à la chandelle, dont le prix avait augmenté.

Mathieu sourit en entendant cela. Il avait eu raison d'organiser la grève des nymphettes comme bêtise pour son huitième anniversaire, c'était un vrai coup d'éclat !




Publié le 10 / 08 / 2022

Enfance au manoir Hidalf (Writober 2021, spécial Mathieu Hidalf)Where stories live. Discover now