19 : Un squelette dans le placard

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— Pourquoi se rend-on ici ? questionna timidement Pierre.

— C'est évident ! rétorqua Mathieu.

— Mais encore ?

Le plus jeune des garçons roula des yeux à la question, comme si la réponse allait de soit.

Les deux enfants étaient aussi proches l'un de l'autre qu'ils étaient différents. Même dans leur caractère respectif, ils ne se ressemblaient en rien. De ce fait, il était surprenant de les voir côte à côte, espionnant une porte du manoir Hidalf comme si derrière, elle recelait tous les secrets du monde.

— Il y a des traités de lois qui m'intéressent, rappela Mathieu.

— Je veux bien t'aider, mais si quelqu'un arrive, nous serons punis, s'inquiéta le plus âgé.

Le jeune Hidalf haussa les épaules, pas inquiet face à cette possibilité. Les punitions, il les collectait depuis longtemps, et aucune ne l'avait jamais arrêté dans ses bêtises et ses farces.

Quand ils furent certains que personne ne se trouvait derrière la porte, Mathieu sortit une clé de sa poche, la contemplant avec un large sourire.

— Tu l'as volé ? s'indigna Pierre.

— Ce n'est pas la vraie clé, indiqua le brun. Je l'avais emprunté pour en faire un double, il y a deux semaines. Il est tant de vérifier si elle fonctionne !

Le garçon blond guetta l'arrivée d'un domestique ou d'un membre de la famille de Mathieu, le cœur battant. Lui qui était d'ordinaire sage avait l'impression de commettre un crime, en entrant sans autorisation dans le bureau de Maître Magimel.

Dès que la porte fut déverrouillée, les deux garçons se faufilèrent dans la pièce, aussi discrets que des souris. S'ils étaient souriants en entrant dans la salle, leurs sourires fondirent face au désordre qui y régnait.

Dans un coin, un lit imposant trônait, couvert de parchemins et de livres aussi volumineux que les deux garçons, si nombreux qu'on ne distinguait même plus la couleur des draps. Le bureau était lui aussi dans un état déroutant, trois énormes piles de lettres et papiers en tout genre posées dessus. Une cheminée était à un autre bout de la pièce, si poussiéreuse que Pierre douta qu'elle ait jamais été utilisée. Des décorations rouillées ou poussiéreuses se disputaient la place sur des étagères, accentuant l'aspect de désordre des lieux.

— Je savais que Maître Magimel n'avait plus toute sa tête, grommela Mathieu. Mais tout de même ! Comment il peut travailler au milieu de ce bazar ?

— Personne ne nettoie jamais son bureau ?

— Non, il a interdit aux domestiques de le faire, il voulait éviter que quelqu'un ne dérange ses affaires.

Pierre songea qu'il aurait été difficile d'avoir une pièce plus mal rangée encore, mais il garda sa pensée pour lui. Il laissa Mathieu fouiller dans des tiroirs, observant plutôt un placard proche, à l'aspect si vieux qu'il se demanda s'il n'était pas prêt à s'effondrer.

Sa curiosité l'incita à ouvrir la porte, espérant secrètement trouver quelques documents concernant l'Élite, qui pourraient lui être utile pour préparer son entrée dans l'école.

Mathieu se retourna brusquement au cri de son ami, les sourcils froncés.

— Qu'est-ce qui t'arrives ?

— Un squelette...

L'enfant blond était pâle de terreur, fixant le placard comme s'il avait aperçu la mort en personne. Pas du tout nerveux, Mathieu se mit à ses côtés, regardant le contenu du meuble sans même hausser un sourcil.

— Oui, un squelette. Mais il est faux, ne t'en fais pas, Maître Magimel nous le montre des fois pour étudier le corps humain.

— Comment tu peux être certain qu'il est faux ?! s'écria Pierre.

Le pauvre garçon rougit de honte quand son ami toucha le squelette, appuyant dessus jusqu'à laisser une petite trace au niveau d'un os de la jambe.

— Il est en mousse. Tu ne pensais tout de même pas que j'allais t'emmener dans le bureau de Maître Magimel s'il avait tué quelqu'un ? se moqua gentiment Mathieu.

Son rire fut coupé par le retour de Maître Magimel, qui couina de façon caractéristique, avant de les congédier de son bureau, sans pour autant les punir. Les deux enfants n'insistèrent pas.

— Aucun domestique ne voudrait nettoyer une pièce pareille, murmura Pierre.

— S'ils ont la même réaction que toi face à un faux squelette, ça ne m'étonne pas ! conclut Mathieu.




Publié le 15 / 07 / 2022






Enfance au manoir Hidalf (Writober 2021, spécial Mathieu Hidalf)Where stories live. Discover now