Même si c'était étrange à dire, son visage m'était familier. Voir même un peu trop familier pour que je puisse négliger la possibilité de l'avoir croisé quelque part. Et même si les paroles de Casimir et Odette m'expliquant que cet homme est mort il y a maintenant très longtemps résonnaient dans un coin de ma tête, j'étais persuadée de l'avoir déjà rencontré.

Qu'est-ce qui se passe ? demande Calister, en touchant ma joue. Qu'est-ce qui t'a fait plonger si loin dans tes pensées ?

Je le fixe sans vraiment savoir quoi dire. Si je n'arrivais plus à mentir, autant jouer la carte de la vérité.

Je pensais à quelqu'un.

- Autre que moi ? susurre-t-il en faisant mine d'être infligé. Je suis touché. Dis-moi qui ose te prendre de moi ?

Pendant un instant, j'hésite à dire Giovanni juste pour le voir souffrir, mais connaissant jusqu'à où ce cinglé pouvait aller pour une simple cicatrice sur le visage, je me retiens.

Le tableau, dis-je en montrant celui dont je parle. Un très beau tableau de famille. Ça m'a fait repenser à la mienne.

- Tu trouves que c'est un beau tableau ? lâche-t-il perplexe, comme s'il n'avait pas entendu le reste de ma phrase.

J'acquiesce alors qu'il le dévisage d'une manière, qu'on aurait pu croire que c'était à ses yeux la chose la plus laide et immonde qu'il existe.

Oui, ça vous rappelle que vous avez une famille, dis-je en toute sincérité. Avoir une famille est l'une des plus belles choses qui peut arriver à quelqu'un.

- Pourquoi ?

Je rigole de la stupidité de la question. Ça se voit que cet abruti n'avait manqué de rien dans sa vie.

Car la chose la plus compliquée et douloureuse au monde, c'est de n'appartenir à nulle part.

Je bois une gorgée de vin, tout en continuant à fixer le tableau. Ma voix avait légèrement tremblé, sûrement dû à la sincérité de la phrase.

Après quelques secondes de silence, je me tourne vers Calister qui me dévisageait sous tous les angles possibles et imaginables. Il n'était clairement plus le même, il semblait surpris et pensif, comme si mes propos l'avait touché.

Tu es sincère, affirme-t-il alors que je termine le contenu qu'il y a dans ma flûte. Ça me perturbe. Je déteste ça.

C'était dur, froid et direct.

Est-ce que tu sais quelle est la seule caractéristique commune entre les vampires et les loups, en dehors d'avoir une vitesse supérieure à la moyenne ?

Je déglutis silencieusement alors que l'ambiance de la pièce commençait clairement à changer. L'aura qu'il dégageait était semblable à celui de Giovanni, mais elle était bien plus noire, bien plus destructrice et pesante.

On a une ouïe très développée, comme eux, explique-t-il en se remplissant tranquillement un nouveau verre de vin, alors que je suis en train d'étouffer. Ce qui est très efficace pour détecter les mensonges. Et depuis la première fois qu'on s'est rencontré, c'est la première fois que tu m'as dit la vérité Nina. C'est vraiment perturbant.

Mes jambes flanchent alors que je tente tant bien que mal de respirer. Il voulait que je me soumette à lui.

"Baisse la tête Elizabeth. Ne lui oppose pas une résistance !"

Toujours là, toi ?

J'avais déjà dans le passé croisé quelques alphas mais leur aura ne m'avait jamais vraiment impacté. J'avais seulement déjà vécu la même chose avec Giovanni mais je ne me souviens pas que ça faisait si mal que ça. Pourtant, je relève ma tête et le fixe, même si des larmes se mettent à couler.

Même si tu ne m'aimes pas [Terminé]Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz