Chapitre 35

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Le vide...

C'est un si petit mot, contenant seulement quatre lettres alors qu'il signifie tellement de choses...

Si tu demandes à un physicien, il te dira que c'est l'absence de toute matière. Un espace où la présence de molécule est raréfiée voir inexistante.

Si tu demandes à un philosophe, certains te diront qu'il nie totalement l'existence du « vide » tel Aristote ou Parménide qui disait « l'être est, le non-être n'est pas » ; le vide étant pour lui un non-être, le vide ne pouvait exister...

Si tu demandes à un bouddhiste, il te dira que ça désigne l'absence de nature propre à toute chose...

Si tu demandes à un islamiste, il te dira que ça signifie ce qui le contraire de ce qui existe, le néant, la forme que l'être avait avant d'être crée

Si tu demandes à un taoïste, là c'est différent, il te dira que le vide est un potentiel. Ils appellent ça « la plénitude du vide ». C'est quelque chose qui attend d'être rempli et donc qui attend d'être réalisé : c'est l'esprit vide de pensée dans lequel peuvent naître les idées, comme la feuille blanche de l'écrivain qui attend juste d'être rempli.

Pourtant si tu demandes à un loup, la seule chose qu'il te dira c'est que le vide, c'est la mort.

Car le vide chez le loup, ressemble beaucoup au taoïsme au début. Quand on est petit, on ressent le vide, on attend qu'il soit rempli car on sait qu'on va trouver notre âme-sœur, un jour au l'autre. C'est programmé dès notre naissance, voire même avant, dès le moment où on a été créé. Le moment où ça diverge, c'est après, c'est le vide une fois qu'on l'a perdu, une fois que la moitié de notre âme nous quitte.

Ça diverge pour la simple et bonne raison, qu'une fois qu'elle est partie, on ne peut plus remplir ce vide. C'est impossible. Tu es tout simplement condamné à vivre avec, jusqu'à ce que tu meurs.

Ce vide qui rend même futile le fait de respirer quand l'autre n'est pas là, ce vide qui au départ n'est qu'une simple étincelle, mais qui pourtant suffit à réduire en cendre n'importe quel loup, du plus fort, du plus résistant, du plus méchant au plus faible.

Ce vide s'installe en toi dans la seconde où il arrive quelque chose de quasiment mortelle voir mortelle à ton âme-sœur. Dans le cas le plus extrême, l'autre âme-sœur, celui qui ressent le vide, prend le temps de réaliser ce qui se passe. Pour certains ça dure trois secondes, d'autre trois heures mais pas plus.

Dès le moment où tu comprends que c'est la fin, qu'elle est partie, le vide ravage chaque passerelle de ta peau, de tes cellules, de ton esprit et puis de ton cœur. La plupart, totalement détruits, ne se relèvent pas et meurent sur le coup.

Et puis il y a les autres, « les revenants » comme on dit, ceux qui réussissent à survivre au vide, mais qui est obligé de vivre avec toute leur vie, comme un fardeau, une malédiction.

Car il ne faut pas croire que « les revenants » sont contents d'être resté en vie, ils auraient préféré mourir en même temps que leur moitié, pour ne pas vivre dans le chagrin et le feu ardent et fracassant des souvenirs. Nombreux sont ceux qui se suicident et rares sont ceux qui vivent longtemps.

Alors que je m'écroule au sol, près du corps inanimé d'Elizabeth et que j'entends son cœur battre même si le rythme est plutôt faible, je respire à nouveau.

Elle est vivante...

Les larmes aux yeux, je l'appelle, je le secoue et tente de la réveiller mais elle ne bouge pas. Ses lèvres commencait à devenir bleu, son teint était pâle pour ne pas dire blanc, et son corps était complétement gelé.

Même si tu ne m'aimes pas [Terminé]Where stories live. Discover now