Chapitre 22

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Allongée sur le vieux matelas de ce qui est ma chambre, je me repose fatiguée. Ces quelques jours ici m'avaient épuisée, me pompant totalement mon énergie. Je n'arrivais même plus à réfléchir.

Un jour j'ai lu que, parfois, il suffit d'un rien pour tout chambouler. Malheureusement pour moi, ces "rien" se succèdent sans que je ne puisse rien y faire. J'avais l'impression de me retrouver au centre d'un tourbillon de choses auxquelles je ne pouvais ni échapper, ni contrôler et il m'était de plus en plus difficile de garder la tête hors de l'eau.

Mon échange avec Calister m'avait intriguée. Sous ses airs de gentilhomme et son sourire de cinglé, il était dangereux. Je devais en savoir plus à son sujet, car il était clair qu'il n'allait pas me lâcher la grappe.

Depuis maintenant plusieurs heures, tante Krisha n'était pas revenue de son entretien avec lui. Les filles qui se trouvaient toutes dans la cuisine étaient totalement paniquées, ne sachant pas quoi faire. Elles étaient d'ailleurs étonnées de me voir si tôt. Olivia était passée plusieurs fois me demander si ça allait et si je voulais quelque chose. Malgré le fait que je n'ai rien demandé de sa part, elle avait déposé une petite couette qu'elle avait dû prendre des heures à trouver.

Je me saisis de celle-ci et m'enroule à l'intérieur, comme pour me couper du monde extérieur. Je tente de m'endormir, mais je n'y arrive pas. Mon esprit était trop occupé à penser à une personne, une seule.

Giovanni...

Il obnubilait toujours mon esprit et ne disparaissait jamais de mes pensées. S'accrochant à moi comme une sangsue. Il était mon tout premier "rien". Le point d'origine de cet ouragan présent en moi. Son créateur.

Si seulement on ne s'était pas arrêté à cet endroit avec les autres membres de la Rébellion, si seulement il ne m'avait pas traqué dans cette forêt, si seulement nos regards ne s'étaient pas rencontrés...

Il y avait tellement de si seulement mais pas assez de heureusement. Et c'était là que résidait le plus gros du problème.

Parfois, je regardais le ciel, imaginant une autre vie. Une famille, des amis, un village. Espérant tout simplement être une autre personne. Tout recommencer de A à Z.

Perdue dans mes pensées, j'entends tardivement les légers coups portés à la porte.

Olivia, je t'ai dit que je voulais être seule quelque temps, lâche-je en m'enroulant davantage dans la couette.

Silence. Je fronce les sourcils en me demandant si elle est partie, mais des bruits de pas contournant mon corps me proviennent. D'un coup brusque, le tissu qui se trouvait au-dessus de moi se retrouve à l'autre bout de la pièce. Me frottant les bras à cause de la froideur de la pièce, je m'apprête à assassiner la personne qui a fait ça. Shirel.

Tu es sérieuse ? dis-je en tendant la main comme un bébé pour récupérer la couette. Rend moi ça.

- Non, ce n'est pas l'heure de faire dodo, réplique-t-elle en essayant de me soulever. Allez, bouge toi. Cet endroit est vraiment abject, je ne compte pas y rester plus longtemps.

Totalement lassée et sans émotions, je fais l'effort de m'asseoir. Voyant que je ne ferais pas davantage, elle fait de même. Elle avait regroupé ses cheveux en un chignon strict, même si quelques mèches folles en sortaient.

Je les préfère détachées, murmurai-je en empoignant un d'entre eux. Tu fais trop autoritaire comme ça.

Elle grimace et me tend un sandwich, que je ne refuse pas d'ailleurs. Mon ventre gargouillait depuis plusieurs heures, je ne regarde même pas son contenu et en mord une grande bouchée. J'avais trop faim.

Même si tu ne m'aimes pas [Terminé]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora