Chapitre 31

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L'homme me regarde, perplexe puis alors que mes jambes flanchent, je le sens s'avancer vers moi. Je me sens vide, égaré, perdu. Autant en finir une bonne fois pour toute.

Alors que je m'attends à me faire traîner par les cheveux ou voir même menacé d'une arme, je vois un colosse portant aussi une cape, égorger le jeune soldat qui s'écroule au sol, baignant dans une flaque de sang.

Je fixe le cadavre puis la personne qui venait de tuer ma seule chance d'en finir avec cette histoire. L'individu range son arme et retire sa capuche, me laissant observer la face lumineuse de son visage, éclairée par un lampadaire grésillant.

- César...

Il me regarde énervé et s'apprête à parler mais je suis plus rapide que lui et en deux voire trois pas, j'arrive près de lui et le martèle de coup en l'insultant, les joues ruisselant de larmes.

- Pourquoi tu as fait ça, crie-je en le frappant. Il était ma seule chance de m'en sortir.

Ne bougeant pas d'un millimètre malgré mes coups, il tente de comprendre le sens de mes paroles. Je m'éloigne et me laisse tomber au sol, pour tenter d'arrêter les larmes de couler. Impuissante face à la douleur de mon cœur.

- Idiote, dit-il à voix basse, mais assez fort pour que je puisse l'entendre.

Il parvient à esquiver mes mains qui essayent de le garder à distance, et m'attrape par la taille pour me porter tel un sac de pomme de terre. Je ne cherche même pas à me débattre. Je n'en avais plus la force.

Dwayne me l'avait dit, le seul but d'une personne dans la vie doit toujours être de ne pas tomber amoureuse, car à la fin, quoi qu'il arrive, ça finit toujours par nous briser. Toujours.

Après quelques minutes de marche, il finit de me déposer près d'un gros rocher et s'éloigne de moi, mais je l'en empêche.

- Je n'arrive pas à respirer, dis-je dans un murmure en me tenant la poitrine. César, je n'arrive pas à respirer.

Des larmes coulent sur mon visage alors qu'il reste impassible. Je tente de me calmer, de me concentrer sur ma respiration, mais en vain. Les sanglots prennent le dessus et me submerge. J'avais l'impression de mourir.

J'essaye de repousser les dernières paroles de Giovanni, de les éradiquer de mon cerveau. De faire comme si elle n'avait jamais existé...

Pourtant, il les a bien dit....

Je remarque qu'un liquide coule de mon pied. Du sang. J'avais sûrement dû marcher sur un des morceaux de verre brisé qui s'était répandu sur le balcon à cause d'Odette. Pourtant ça n'a pas d'importance. Qu'est-ce que la douleur d'une petite blessure face à la douleur qui me détruit davantage seconde après seconde ?

César me fixe, avant de souffler et de se mettre à ma hauteur, pour poser ses mains sur mes genoux.

- I'm on a sugar crash, I ain't got no fuckin'cash, chante-t-il de sa grosse voix. Maybe I should take a bath, cut my fuckin' brain in half..

Je ne peux m'empêcher de sourire, diminuant l'avalanche de larmes qui dévalent mes joues. C'était la chanson que ma mère me chantait quand j'étais triste, car j'aimais tellement danser sur cette musique.

- Don't wanna be someone else, just don't wanna hate myself, continue-t-il avant que je le rejoigne en chuchotant la voix cassée. I just don't wanna hate myself, instead I wanna feel good.

Même si tu ne m'aimes pas [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant