Chapitre 87

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Je déglutie difficilement. Je sens mes jambes se dérober sous moi. Mon regard reste bloqué dans le sien. Impossible d'en sortir. Mon passé resurgit, je le vois défiler à toute vitesse, les souvenirs me submergent.

Il fait un pas en avant. Je recule instantanément. Il continue d'avancer en tendant ses bras vers moi comme pour me rassurer, me dire qu'il ne me veut aucun mal. Je continue de reculer. Je percute le mur. L'alarme se déclenche me sortant de ma transe.

Reprends-toi Alex !

Matthieu se couvre les oreilles et part en courant vers le fond de la salle où il ouvre un boitier et presse un gros bouton rouge. L'alarme s'arrête.

Je marche difficilement jusqu'à la banquette en velours au milieu de la pièce vide. Je suis entourée de statues et de grands tableaux datant de plusieurs siècles.

Ma respiration s'accélère quand je vois Matthieu revenir vers moi d'un pas lent et anxieux. Il se tient devant moi, debout. Il hésite quelques instants avant de finalement s'asseoir à côté de moi. Je baisse le regard sur mes cuisses. Je retourne dans mes années lycées. Je nous revois, assis l'un à côté de l'autre sur les bancs du lycée, à partager un soda, un sandwichNous rigolions aux éclats et nous tenions des conversions durant des heures . Je frissonne . Maintenant il n'est pas collé contre moi, il se tient à une distance raisonnable. Ses mains sont posées sur ses genoux.

Je ne sais pas quoi lui dire. Tout est différent de lorsque j'étais tombée sur lui il y a quelques temps à Londres. Tout c'était passé tellement vite que je n'avais pas eu le temps de me rendre parfaitement compte de sa présence.

Mais maintenant, il est là, assis à côté de moi dans un des plus grands silence que j'ai eu à vivre durant mon existence et je n'ai pas l'impression qu'il va s'en aller.

J'entends son souffle se mêler au mien toujours irrégulier .

- Tu n'as pas changé, il chuchote.

Je ferme les yeux. Je retiens mes larmes. Il ne faut pas que j'éclate en sanglots devant lui. Il n'en vaut pas la peine.

- Je ne savais pas que tu étais à Londres, il continue.

Ma bouche s'ouvre difficilement pour lui répondre.

- Ouais. C'est tout nouveau.

- Ah bon ? Pourtant ça fait déjà quelques temps qu'on s'était vu à Londres. J'étais vraiment très surpris de te croiser ici.

- Ouais, moi aussi figures-toi.

J'ai peut-être dit cela avec trop d'agressivité. Mais bizarrement, je ne m'en veux pas. Il l'a amplement mérité.

Un rire léger s'échappe de sa bouche.

- J'habite ici depuis longtemps, et tu le sais.

Lorsque je relève la tête pour lui lancer un regard noir, je remarque dans ses yeux qu'il n'y a aucuns reproches. Seulement un soupçon de tristesse et de culpabilité. Tant mieux.

-Ouais, je sais . Mais je ne pensais pas que tu y serais encore. Ça fait quoi ? quatre, cinq ans ?

Il acquiesce de la tête. Retour du silence. Je ne sais pas pourquoi je ne m'en vais pas. Pourquoi est-ce que je reste assise ?

- Tu as l'air d'aller mieux.

Ah ! Je manque d'exploser de rire. Quelque part, je suis contente qu'il ose aborder se sujet délicat avec moi. Je vais pouvoir lui balancer ses quatre vérités qui me rongent depuis 5 ans.

- Ouais, et c'est pas grâce à toi.

Il soupire.

- Ça fait combien de temps que tu es sortie de ta dépression ?

Alors celle-là c'est la meilleure. Mais bizarrement, je ne sais pas répondre. Je ne m'étais jamais posée cette question. Est-ce quand j'ai rencontré Zoé ? Quand j'ai eu mon premier projet sur Cherry ? Est-ce quand j'ai rencontré Tom ? Quelques part, je ne suis pas sûre d'être vraiment sortie de cette période. J'ai l'impression qu'à tout moment, je peux replonger.

- Il y a environ trois ans et demi.

Oui. C'est ça. Je me suis raccrochée à la vie quand les frères Russo m'ont fait confiance, quand on m'a demandé de faire se à quoi j'étais destinée. C'est grâce aux costumes que j'ai réussi à m'en sortir.

Il acquiesce silencieusement.

- Je suis content pour toi.

Là, c'est trop. Un rire fade sort de ma bouche. Je me tourne vers lui.

- Non. Non tu ne peux pas être content pour moi. C'est toi qui m'as encore plus enfoncé. C'est à cause de toi que mon état à empirer. Tu étais la personne à qui je me raccrochais Matthieu. Tu étais ma bouée. J'avais envie que se soit grâce à toi, que se soit pour toi que je m'en sorte. Mais tu m'as lâchement abandonné. Parce que oui, c'est se que tu as fait. Tu m'as abandonné Matthieu. Espèce de gros connard de putain d'égoïste !

Je n'ai pas réussi à me contenir. Mon souffle est haletant et mes larmes dévalent sur mes joues. Je me tiens debout, face à lui. Je me mords l'intérieur des joues pour étouffer mes sanglots. Il ne mérite pas que je pleure pour lui. Mais la jeune fille qu'il a laissé derrière lui il y a 5 ans le mérite, elle. Elle mérite que je la défende, que j'exprime se qu'elle a ressenti quand elle s'est retrouvée seule, à pouvoir seulement compter sur elle-même.

"Mesdames et messieurs, le musée va fermé ses portes. Nous vous prions de vous dirigez vers la sortie."

Sauvez par le Gong. J'aurais pu étaler ma main sur sa joue pour y laisser une grosse marque rouge. J'essuie avec rage mes joues et je me dirige vers la sortie de la salle. Je le laisse là, seul, assis sur le banc de velours noir. A mon tour de l'abandonné.

Dehors, je respire l'air frais. Je me sens soulagée. J'ai enfin pu faire se que je rêvais depuis des années. Je ne sais pas si je reverrais Matthieu un jour mais maintenant, je peux enfin tourner la page et aller de l'avant. C'est un chapitre de ma vie qui se ferme.

Dans le bus, je me laisse porter par la musique. Je sors mon téléphone pour envoyer un message à Tom.

Moi

Je suis à la maison dans 20 minutes.

19:13

Tom ❤️

J'ai mis la table. Je t'attends 🙂

19:14

Son message me fait sourire.

Je me remémore les derniers événement de cette journée. C'est alors qu'une soudaine culpabilité m'envahie. Je me rends compte que je me suis emportée contre Tom sans même lui laisser le temps de s'expliquer, de me donner un bonne raison de pourquoi il accepté le rôle. Peut-être que c'est le rôle de sa vie, peut-être qu'il avait un plan pour ne pas me laisser seule. Je me gifle mentalement. Je laisse ma tête tomber contre le vitre. Finalement je ne suis peut-être pas si différente de Matthieu :

Je suis une putain d'égoïste.

PS : Je suis de retour ! Je vous remercie énormément car grâce à vous, mon histoire a pu dépasser la barre des 100K ! C'est juste incroyable ! Merci beaucoup d'être la ! Je vous Love :)

WHY ME...Where stories live. Discover now