Je lui jette le même regard meurtrier qu'il me lance. Cependant, ce que tout le monde ignore parmi ceux qui nous observe comme si on était le plus gros divertissement du siècle, c'est qu'à la différence de Giovanni, j'étais vraiment un assassin.

Et aujourd’hui, je reprends du service.

Je bouscule la masse imposante se trouvant devant moi, et m'avance vers mes victimes, qui ne se fait pas prier pour montrer leurs dents. Je lève la tête pour leur montrer que ça ne me fait pas peur et ne baisse toujours pas le regard quand je pose un genou au sol et me penche en avant, pour me retrouver dans la même position qu'un athéiste qui va entamer sa course.

Quand tu vois que tu ne fais pas le poids physiquement même armé, ne cherche pas à faire compliquée. Fait ce que tout fermier déteste, sépare les brebis pour t'attaquer à chacune d'entre elles, mais pas au même moment.

Je souris en entendant cette phrase de Dwayne résonner dans ma tête. Ce type m'a vraiment tout appris. Alors qu'il s'apprête à m'attaquer, je me relève soudain, et agite les bouts de bois sous leurs yeux.

- Aller les toutous, dis-je avant de les lancer à deux différents endroits à la fin. Faut chercher.

Je profite de l'instant de choc et de confusion pour courir et me saisir de mon arme que je pointe vers le gros camion de pastèque toujours chargé. Je plisse les yeux pour avoir une meilleure précision et tire deux fois sur le cadenas qui les retenait. 

Explosant sous le coup du tir, une avalanche de pastèque tombe sur la route, assommant un des loups qui se trouvait juste à côté et coinçant un autre. Le troisième court dans ma direction et me saute dessus. J'effectue une petite roulade en avant pour pas qu'il m'atteigne. 

Je me redresse avant lui et lui assène un coup de poing impressionnant avant de l'achever avec la crosse de mon arme. Alors que je m'engage à éliminer le deuxième toujours coincé, je me prends le bas de ma robe et titube pour éviter de tomber.

Jurant, j'arrache celle-ci jusqu'à avoir les jambes à nu jusqu'au-dessus du genou. Voyant que je me démène, le loup qui était coincé, se rue sur moi. Je fais un pas de côté pour esquiver mais je suis trop lente et ses griffes viennent me déchiqueter le ventre. 

Je m’attends à avoir très mal mais la douleur est supportable, la blessure était quasiment superficielle. Voyant que mon agresseur ne pense pas à enchaîner son coup, je me relève et m’agrippe à son pelage en passant le reste de ma robe sous son cou et l'étrangle jusqu'à ce qu'il s’évanouit.

Exténuée, je me redresse sans remarquer que le troisième loup qui était sonné suite à la chute de pastèque se jette sur mon dos. On chute tout les deux sur une étale de viande. Profitant de la confusion, je tente de donner un coup de poing à mon agresseur, cependant étant plus agile que les autres il reculer de plusieurs mètres. Je mets difficilement un pied devant l'autre, à cause du vertige qui me prend suite à ma blessure qui continue de saigner.

Dans un juron, je bondis en esquivant de justesse les dents pointus du loup, mais pas ses griffes qui se plantent dans ma jambe. Je m'écroule en hurlant de douleur. 

Souvent on pense que les blessures ne font que diminuer la capacité physique de son adversaire, mais elle peut aussi lui permettre de rester plus vif et de l'enrager davantage.

Je roule sur ma droite pour éviter un nouveau cou, en me demandant comment j'allais m'en sortir.

Soudain, une lame vole tout droit dans ma direction et siffle en s'écrasant tout près de mon oreille. Je lève la tête et constate que c'est Giovanni qui me l'a envoyé.

Je le regarde et comme à chaque fois que nos yeux entrent en contact, j'oublie tout ce qui se passe  mais aussi ma douleur. Il n'y avait plus que lui en train de taper sur son bras. Je fronce les sourcils, en essayant de comprendre ce qu'il faisait. Je roule une deuxième fois et me relève pour gagner plus de temps. Il lève les yeux au ciel avant de commencer à se planter un truc invisible sur le bras.

J'écarquille les yeux en comprenant ce qu'il voulait dire, et hoche la tête sachant à présent ce que je devais faire. Mon agresseur charge une nouvelle fois dans ma direction, mais avant qu'il est le temps d'attaquer je lui projette quelque bouts de terre, provenant des terreaux derrière moi, au niveau des yeux. 

Prenant l'avantage, je lui saute quelques dents avec deux revers dosés à la perfection et lui taillade les jambes de devant puis celle de derrière. Tremblant sous mes jambes, je me dresse au dessus de son corps étendu d'où coulait plusieurs filets de sang. Levant le couteau haut dans le ciel avec les deux mains, je m'apprête à faire ce que j'ai l'habitude de faire à la fin de chaque combat : achever ma victime. 

Pourtant, quand la lame touche le sol, elle ne tranche aucune tête et termine directement face aux yeux horrifiés du loup, qui pensait que c'étaient ses derniers instants.

- Ça, crie-je à la foule qui nous entoure en désignant le lycanthrope à mes pieds. C'est ce qu'il veut qu'on fasse, c'est ce que votre alpha suprême cherche à faire. Vous montez les uns contre les autres. Et vous, bande de stupide que vous êtes, vous tombez dans le bateau et attaquez la seule personne qui vous a toujours voulu du bien.

Cette fois-ci, je désigne Giovanni qui se tenait à l'écart de la foule. Il ne s'attendait pas à ça et moi aussi d'ailleurs. Les mots me venaient comme ça, sans réfléchir. Ce n'est plus ma raison qui dictait mes mouvements mais mon cœur. J'étais essoufflée et avais du mal à respirer, pourtant ça ne m'arrête pas dans mon élan.

- C'est lui qui vous aide chaque année lors des inondations, en vous aidant à la construction des barrières de sac de sable. Il les porte, les entasse, veille à ce qu'aucune partie du barrage soit défectueuse. C'est lui, qui vous donne de quoi vous protéger et vous nourrir lors des grands froids en hiver. C'est lui qui a créé des écoles gratuites pour vos enfants. C'est lui qui se bat, jour après jour, pour améliorer vos conditions de vie et vous vous l'agressez à la première occasion, à cause de quelque chose qu'il n'a même pas fait, hurle-je pour que tout le monde m'entende. Alors oui, vous n'êtes qu'une bande de traîtres. La personne qui devrait avoir honte n'est pas lui, mais vous !

Ayant craché mon venin, j'ai le cœur qui bat à cent à l'heure et ne sait pas quoi dire d'autre. Même si j'avais continué, je ne pense pas qu'on m'aurait vraiment écouté. Toute autour de moi, les habitants ont posé un genou au sol en direction de Giovanni et baissé leur tête en demandant chacun des excuses. 

Il n'y avait plus que lui et moi qui étions debout. Notre échange de regard ne dure que quelques instants, silencieux mais rempli de tellement d'émotions. Surtout une à laquelle je m'attendais pas de sa part.

De la colère.

Même si tu ne m'aimes pas [Terminé]Where stories live. Discover now