- Notre relation est compliquée, on n'arrête pas de se disputer. Et en plus en même temps je ne veux pas brusquer les choses, mais j'ai l'impression de tout faire de travers. On se dispute comme des gosses à longueur de journée.
- Là je suis censé être étonné que vous vous disputez comme des gosses ?
Léna rit de bon cœur et tapa son ami sur l'épaule, alors qu'il continuait :
- Tu as l'impression de faire quoi de travers ?
- Il se plaint que je n'ai pas un comportement de fille en couple. Je ne sais pas si tu vois... Dit-elle en soupirant.
- Oui oui je vois, ne t'inquiète pas. Laisse-moi deviner. Elle te fait peur cette relation non ?
L'héritière du trône portugais acquiesça vivement, à moitié surprise que l'homme ai tout de suite compris.
- Tu pourrais me... conseiller ?
Elle sourit, attendant la réponse d'Inacio. Elle trouvait ça tellement ironique : voilà qu'elle demandait des conseils en amours en Parrain de la Mafia Européenne. Cherchez l'erreur...
- Laisse toi aller Léna. Tu es une femme enthousiaste et pleine de vie, alors laisse ton cœur dicter tout ce qu'il doit faire, parce que c'est comme ça que tu fonctionne. Fonce tête baissée, ne le fait pas trop languir. C'est un homme, d'accord. Alors ne perds pas cette occasion en or que tu as. Ne le laisse pas éteindre ses sentiments.
- Tu penses que c'est vraiment la meilleure solution ?
Il lui posa la main sur l'épaule, comme pour la rassurer, et planta ses beaux yeux verts dans les siens :
- C'est le mieux. Sois vous commencez à construire une vraie relation, sois vous arrêtez tout. C'est très dangereux d'être entre les deux comme ça. Dangereux et malsain.
Elle hocha la tête avant de lancer ce quelques mots, comme pour justifier son comportement et tout le désarroi qui semblait l'envahir. Elle ne pouvait se confier à aucun de ses amis, à personne. Mais il fallait bien qu'à un moment ou un autre elle en parler.
- Dylan a beaucoup de secrets.
- Je sais.
Léna fronça les sourcils, surprise par cette réponse si spontanée de la part de l'homme.
- Comment ça tu sais ?
- Un garçon n'est pas talentueux du jour au lendemain. Et crois-moi ce Dylan est trop jeune pour avoir appris tout ce qu'il sait en si peu de mois ou année depuis sa sortie de lycée ou même du collège.
- Attends... tu sais quoi ?
Inacio sourit doucement. Enfin, ce n'était pas vraiment un sourire car il se voyait à peine. Il observa l'adolescente, assis à côté de lui, sur le mur, les jambes pendant dans le vide.
Il avait du sang Osabio qui coulait dans les veines. S'il voulait savoir quelque chose, il le savait sans problème. Même si ces informations sont confidentielles à un niveau ou même les dirigeants d'un pays n'en sont pas entièrement avertis.
- Tout.
Il connaissait le français Dylan Duciel, le russe Anton Sidorov, d'autres encore. Mais il connaissait aussi et surtout le grec Jayson Apo Ti Thalassa. Rien n'échappe à Joâo Osabio. Rien.
À côté de lui, la brunette vacilla et il la rattrapa fermement avant qu'elle ne soit trop déséquilibrée par le propre poids de son corps. L'homme continua calmement à parler :
- Je suis le Parrain, le roi de la Mafia Européenne, Léna. Crois-tu vraiment que même ces secrets-là arrivent à m'échapper ?
- Tu sais pour...
Elle ne savait pas si elle pouvait le dire, comme ça. Dylan semblait être si attaché à ce secret et s'en voulait énormément de l'avoir dévoilé à deux femmes auparavant. Elle avait peur de la trahir en avouant tout ça à voix haute, même si son interlocuteur était au courant. Car Léna savait qu'il ne mentait pas, bien sûr. Inacio ne lui mentirais pas. Jamais. Elle continua sa phrase d'une voix si basse qu'on entendait à peine les mots qu'elle disait :
- ...ses autres...
Les mots se bloquaient dans sa gorge, elle se sentait très mal envers son garde du corps. Inacio finit donc sa phrase à sa place, d'une voix plutôt douce. Il comprenait. L'honneur, le respect des secrets de l'autre était très important dans ce monde, et il ne pouvait pas demander à Léna de trahir, même officieusement, cette règle.
- Pour ses couvertures ?
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Avait demandé Léna en soufflant, avec une pointe de tristesse dans la voix.
- Je n'étais pas en droit de le faire, Léna. Ton garde du corps et peut-être plus mon ennemi que mon ami, mais cela ne me permet nullement de déballer sa vie privée et mettre son travail à péril. Tu comprends ?
La brunette acquiesça. Inacio avait raison, cela ne leur aurait fait que plus de mal d'apprendre ça de cette manière. Elle soupira, se rendant compte que dans le fond, elle ne valait pas mieux en termes de cachotterie. Elle était en train de papoter tranquillement avec le Parrain. Et Dylan ne le savait pas. Il ne le saura probablement jamais. C'était ainsi. La vie est remplie de mensonges, secret et fardeaux, et il faut tout accepter dans le même paquet pour espérer être heureux un jour.
À bien y penser elle ne pouvait pas, dans ce cas, reprocher à Dylan de lui avoir caché sa véritable identité, puisqu'elle-même cachait bien celle de ses amis.
Mais le garçon aurait-il fini par le lui dire, un jour, si leur relation avait commencé à se construire ? Cette question la rongeait. Elle voulait savoir, elle le lui demanderait. C'était très important pour elle, de savoir si l'homme pour qui elle développait des sentiments aurait été capable de sortir avec elle tout en faisant semblant d'être quelqu'un d'autre. S'il aurait été capable de la faire tomber amoureuse d'un personnage fictif.
- Tu connais son vrai prénom ?
- Oui.
- Son organisation ?
- Oui, mais elle est très bien sécurisée et reste assez floue pour nous.
- Sa vie avant d'y entrer ?
- Oui, mais je ne m'en souviens plus, elle doit est écrite dans son dossier chez moi. Dit-il en plissant des yeux.
- Tu as carrément un dossier sur lui ?!!! Avait-elle crié, à la limite de l'émerveillement. L'homme avait plaqué sa main sur la bouche de la jeune fille. Celle-ci faillit le lécher pas se rendit compte au dernier moment qu'il portait des gants. Trop nul...
- Chut ! Tu vas alerter tout le palais... Et bien évidemment que j'ai un dossier sur lui voyons. Je ne sais pas s'il te l'a dit, mais il a foutu en prison une femme de ma Mafia, de qui j'étais assez proche en plus.
- Cette femme a essayé de tuer des gens.
Ouais, elle fait partie de ma Mafia quoi... Avait-il pensé en riant.
- C'est vrai qu'elle a le meurtre facile. Dit-il en ricanant. Mais elle est extrêmement doué, et c'est une gentille fille dans le fond.
Léna était un peu déstabilisé par ces propos, mais en même temps s'y attendait. Si Joâo était là il l'aurait même félicité pour ce « meurtre facile ». Elle se contenta donc d'acquiescer, puis demander la première chose qui lui vint par la tête :
- Tu ne veux pas la faire évader ?
- Si. Il observa le sol avant de continuer d'une voix presque lasse :
- Mais je ne peux pas. Elle est sur le territoire de la Bratva, et nous avons des accords très stricte avec eux concernant nos frontières. Et sans compter qu'elle a eu des emmerdes avec... à peu près toutes les organisations criminelles de ce monde. Ce serait déclencher une véritable guerre des clans que de la sortir de là. Elle le sait très bien, d'ailleurs.
La brunette hocha la tête, et alors qu'elle ouvrait la bouche pour poser une énième question, une voix bien familière parvint à ses oreilles.
- LÉNA !!!
Bien familière, et bien énervée.
Dans un réflexe rapide, Inacio replaça le bandana, camouflant ainsi son visage et son identité. Il n'était pas bête, et se souvenait très bien que la dernier fois ce garde du corps n'avait pas hésité à lui tirer dessus. C'est ça qu'il aimait bien, chez lui : Léna était bien en sécurité, et il n'en n'avait aucun doute.
La princesse eut tout juste le temps de sursauter et se retourner vers Dylan, déjà arme en main pointée vers sa cible, que le Mafieux sauta du mur et traversa la route à une vitesse incroyable pour s'enfouir dans le bois. Il avait disparu en quelques secondes, ayant lui aussi sortit l'un des armes qu'il cachait sur lui, au cas où.
- Descends d'ici immédiatement !
Dylan semblait hors de lui, rouge de colère.
- C'est bon calmos j'arrive. Avait-elle répondu d'une voix à la fois insolente et amusée tout en levant les mains, comme dans les films lorsqu'on a une arme pointée sur nous. Elle sauta assez agilement du mur et regarda sa montre, avant de relever la tête et lancer d'un air amusé :
- Moins de cinquante-deux minutes ! Mon record de gouvernantes et de gardes à réussir à sortir de là ! Bravooooooo ! Tu veux quel cadeau pour félicitation ?
Le jeune homme leva les yeux au ciel, exaspéré, et empoigna Léna par le bras, tout en lançant d'une voix froide :
- On rentre.
- Eh c'est bon il n'y a pas danger de mort.
- Qui est cet homme ?
- T'as pas besoin de savoir.
- Donc je ne sais pas s'il y a danger de mort ou non.
Il parlait d'une voix sèche et visiblement très énervée, tirant sans ménage Léna par le biceps. La jeune fille était étonnée : il ne creusait même pas le sujet, ne la harcelait pas de questions au sujet d'Inacio. C'était étrange. Bon, peut-être avait-il reconnu cet « ami albinos qui ne peux pas montrer son visage ». Sûrement même, Dylan était loin d'être bête et avait probablement très vite trouvé cette conclusion. Léna sourit intérieurement, en pensant que le Mafieux savait tout. Coup dur pour Jayson... Et dire qu'il n'était probablement même pas au courant que la Mafia Européenne détenait un véritable dossier sur lui.
Ils rentraient de pieds ferme dans le palais, et le bodyguard, toujours autant énervé, n'avait pas encore lâché sa protégée. Celle-ci commença d'ailleurs à parler alors qu'ils entraient dans ses appartements :
- Tu me l'aurais dit ?
- De quoi ? Lança-t-il d'une voix hargneuse.
- Pour Jayson.
Le garçon se retourna et jaugea la jeune fille de haut en bas avant de soupirer et se pincer l'arête du nez, parlant presque sans hésitation :
- Non.
Léna écarquilla les yeux, bouché bée. Un couteau semblait s'être logé dans son cœur.
- Tu aurais été capable de me laisse tomber amoureuse de toi sans tout me raconter ?! Cria d'elle d'une voix étranglée.
- Tu es amoureuse de moi ?
- Ce n'est pas la question, abrutit ! Dit-elle tout en essayant de le frapper, mais il bloqua son poing sans aucune difficulté apparente.
- Je ne t'aura jamais laissé avoir de faux espoir avec Dylan. Je t'ai déjà dis que je ne joue pas avec les sentiments. D'accord ?
Le jeune homme gardait jusqu'ici son sang-froid, avec ce mélange de calme et de colère si déstabilisant. La brunette hocha lentement la tête, alors qu'il continuait à parler :
- Tu comptes me dire, toi, qui est cet homme ? Parce que ne me déballe pas ton blabla albinos truc machin, s'il était clean il passerait par la porte d'entrée comme tout le monde.
Léna déglutit, mais ne répondit pas à la question, les mots restants bloqués dans sa gorge. Dylan se baissa légèrement vers elle.
- Dans ce cas ni toi ni moi ne pouvons reprocher quoi que ce soit à l'autre.
La portugaise se contenta pour seule réponse d'observer ces si beaux yeux noisette. Ils étaient profonds, magnifiques. Ils l'hypnotisaient. Après quelques minutes de silence, Dylan se baissa un peu plus pour susurrer à l'oreille de sa partenaire :
- Je repose ma question maintenant. Tu es amoureuse de moi ?
Elle sourit doucement alors qu'elle sentait les dents du garçon lui titiller la peau. De façon spontanée, et posa sa main dans les cheveux châtains de Dylan pour y emmêler ses doigts, tirant au passage sur quelques mèches. Le jeune homme grogna légèrement et releva la tête, les yeux scintillants, attendant sa réponse.
- Non.
- Léna... Gronda-t-il d'une voix rauque, faisant sourire son interlocutrice.
Inacio avait bien dit de se lâcher non ? Et si elle s'en souvenait bien, l'homme allait se marier l'année prochaine. C'est donc qu'il ne devrait pas être de trop mauvais conseil. Elle entoura la nuque du garde du corps avec ses bras, et dit d'une façon malicieuse :
- Après réflexion, il se pourrait bien que oui ?
Jayson sourit avant de fondre sur les lèvres de la princesse et mêler son souffle au sien. Il serrait ce petit corps tout chaud contre le sien. Léna s'était mise sur la pointe des pieds. Qu'est-ce qu'il aimait l'embrasser comme ça. Elle souriait toujours, laissant de façon presque frêle se langue caresser la sienne, leurs lèvres se réunir comme-ci elles se découvraient à chaque fois. Et dire que jusqu'ici il n'y avait, pour lui, que les femmes qui avaient des papillons dans le ventre... Alors que maintenant, au début même d'une relation encore fragile, il ressentait parfaitement son corps s'embraser ainsi, le chatouillant la moindre parcelle de son épiderme.
Peut-être qu'elle n'était pas encore complètement amoureuse.
Mais pour lui, c'était déjà le cas, sans aucun doute.