Princesse Léna

By Steredenn-dared

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Personne n'a jamais eu autant d'imagination pour déplaire à ses parents que Léna. Plus de deux cent fugues, q... More

Avant-Première
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
PERSONNAGES
Chapitre 78
Chapitre 79
Chapitre 80
Chapitre 81
Chapitre 82
Chapitre 83
Chapitre 84
Chapitre 85
Chapitre 86
Chapitre 87
Chapitre 88
Chapitre 89
Chapitre 90
Chapitre 91
Chapitre 92
Chapitre 93
Chapitre 94
Chapitre 95
Chapitre 96
Chapitre 97
Chapitre 98
Chapitre 99
Chapitre 100
Chapitre 101
Chapitre 102
Chapitre 103
Chapitre 104
Chapitre 105
Chapitre 106
Chapitre 107- ÉPILOGUE
FAQ
Trilogie - TOME 2&3
Bonus 1 [special 110k]
Bonus 2 [special 120k]
Bonus 3 [special 150k]
Remerciement et BONUS
Instagram

Chapitre 58

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By Steredenn-dared

Une semaine passa. Léna ne semblait plus vouloir tuer Dylan, ce qui était déjà un immense progrès.

Un grand pas pour Léna, un petit pas pour l'humanité. Pensait la jeune femme avec amusement lorsqu'elle se souvenait de ses anciennes envies de meurtres envers son garde du corps. Bon, ne rêvons pas, elles n'avaient pas complètement disparu, mais disons que l'adolescente avait décidé de les enfouir quelques temps, l'occasion de lui machiner un décès long et douloureux. Elle rit intérieurement, se disant qu'elle pouvait vraiment être méchante.

Elle avait passé la matinée dans sa salle de sport, en compagnie de Jérôme. Les réconciliations avec l'homme étaient encore loin de faire l'actualité, mais Léna ne pouvait s'empêcher de l'apprécier, dans le fond. Comme voulant se racheter, son moniteur lui parlait avec une certaine gentillesse et un grand respect, tentant de se rapprocher de cette élève dont il était tant complice, tout en laissant à la jeune fille le temps et l'espace vital qu'il lui fallait.

La princesse n'avait pas pu s'empêcher de lancer quelques piques comme par exemple « alors tu as pu t'acheter quoi comme joujou avec l'argent que je t'ai rapporté durant touuuuuuutes ces années où , parfaite innocente que j'étais, je n'avais rien remarqué !? », phrase qu'elle avait lâché en chantonnant, tout en exécutant la figure qu'elle venait d'apprendre, laissant son corps virevolter sur la barre fixe. Le corps en sueur, la gymnaste commençait à se demander ce qui avait bien pu la prendre de décider à faire du sport, dans une salle à effet de serre, durant les heures les plus chaudes de la journée, en plein mois d'août. Elle souffla, reprenant le maximum d'oxygène qu'elle pouvait avant de poser ses mains sur les barres asymétrique, ou les barres trucs pour les intimes, et dans un élan donné par ses jambes, soulever son corps dans les airs.

Jérôme faisait entièrement abstraction de ces piques que lui lançait la princesse. De toute façon, c'était lui qui était en tort, et lui seul : avoir accepté l'argent pour se rapprocher de la jeune fille, et une fois les liens crées, ça ne lui était même pas passé par la tête de tout dire à son élève. Un joli secret tenu pendant de nombreuses années qui avait donné à Léna assez de colère pour éclater en sanglots et faire exploser son cœur dans un bombardement de rancœur. Et puis il y avait Eloïse, cette adorable blondinette, entrée dans ce conflit de pièces d'or en même temps que son père. C'était la meilleure amie de Léna, autrefois. Un petit bout de femme qui avait toutes les qualités requises pour bien s'entendre avec l'héritière du trône portugais. La princesse savait que Jérôme et sa famille n'avaient pas un revenu élevé, qu'ils faisaient partie de la classe populaire. Mais pourquoi ne pas lui en avoir parlé ? Comment pardonner, après ça ? Après qu'ils aient préférés, durant des dizaines de mois, manigancer quelques échanges de bons services et de gras salaires avec ses parents ! Ces deux personnes qui représentaient la source de son malheur le plus profond.

La jeune fille chassa vivement ces pensées de son esprit, préférant ne pas elle-même retourner le couteau dans sa plaie. Elle avait enchainé l'exercice complet, pour ensuite se laisser tomber de fatigue sur les tapis de gym éparpillés un peu partout sur le sol. L'adolescente reprenait difficilement son souffle, se rendant compte qu'elle aurait peut-être dû se ménager un peu plus.

Assis dans un coin de la salle, près de la porte, Dylan regardait sa protégée. Elle était étonnante, cette gamine. Toutes ces années à s'ennuyer dans l'enceinte royale n'avait pas été inutile : elles avaient au moins permises à la jeune princesse de développer de véritables compétences sportives en gymnastique, et aussi, de ce qu'il avait pu voir ces dernières semaines, dans le domaine de l'équitation. Mais bon, entre être une bonne athlète et avoir une vie libre loin de cette prison dorée, il se disait que sa protégée aurait très vite fait le choix. Exister ailleurs, même dans un autre pays, qu'importe, mais pas là où elle était actuellement.

Léna mesurait très exactement un mètre soixante-sept. Le garçon l'avait appris, avant de partir en mission. Les cheveux châtains, très longs mais aussi très secs, avaient de jolis reflets dorés. Ses yeux noisette n'avaient rien de plus banal, si ce n'est cette étincelle de vie qui brûlait instantanément dans leurs iris, un joyeux pétillement qui reflétait la personnalité explosive de la jeune fille. En fait, la princesse n'était pas ce personnage beau et naïf qu'on trouve dans les comptes de fées : c'était une jeune adulte avec un physique ne se détachant pas de l'ordinaire, et qui d'ailleurs, n'était pas assez docile pour engendrer ce rôle de princesse complètement idiote qui va se marier avec le premier voyou venu par ce que c'est « l'amouuuuuuur de sa vie ». Non non non. Bien que Dylan aurait volontiers accueilli une Léna un peu plus représentative de tous ces amusants clichés. Il se demandait de temps en temps qu'est ce qui l'attirait chez elle.

Car oui, le garçon en était bien conscient. La jeune fille le captivait, et là, dans son cœur, il ressentait bien quelque chose pour elle. Qu'importe que ce soit profond ou non, qu'importe que ce soit encore trop neuf pour être de l'amour. C'était là, c'était présent. Et il voulait que ça reste.

Elle n'aurait pas été sa cliente, le jeune garde du corps lui aurait probablement fait comprendre depuis longtemps et de façon bien assez concrète le fin fond de ses pensées. Mais voilà, sa carrière était probablement, même carrément en jeu avec cette histoire. Gilles ne le lui pardonnerait probablement pas cette amourette, surtout si elle venait à se concrétiser. Oui, l'homme aimait bien Dylan. Il appréciait ce garçon qu'il considérait comme un de ses fils. Il y a des choses qui se pardonnent, mais d'autres qui ne se réparent pas. Tout ça serait définitivement inscrit dans son dossier professionnel, et ses missions se feraient alors rares, très rares voire même inexistantes. Dylan souffla face à ces pensées et le dilemme qui se dressait face à lui. Il n'était rien sans son organisation. Ils étaient sa famille, ses amis, son foyer, ceux qui lui permettaient de vivre sous un toit et entourés de gens qui l'aiment.

Alors que le jeune homme était plongé dans ses pensées, Léna avait terminé sa séance de gymnastique et avait bien pris le temps pour reprendre son souffle. La chaleur était atroce. Jérôme avait déjà commencé à ranger le matériel, et l'adolescent finit par se lever pour se diriger vers les vestiaires. Elle jeta un coup d'œil à son garde de protection rapprochée, qui semblait être autre part, perdu dans sa tête.

- Dylan, j'ai fini. Je vais me changer et j'arrive. Lui avait-elle annoncé avant de fermer la porte de la cabine derrière elle, sortant le garçon de sa torpeur. La hache de guerre était bel et bien enterrée, et elle avait diminué ses attaques envers le jeune homme. Maintenant, comme partis sur de bonnes résolutions, Léna le prévenait de ce qu'elle faisait, et lui parlait sur un ton moins négligeant que celui qu'elle utilisait avant. La princesse ne savait pas trop pourquoi elle agissait ainsi. Et pour tout dire, ce qui commençait sérieusement à l'inquiéter c'est qu'elle se rendait de plus en plus compte qu'elle appréciait le garçon ; depuis quelques temps déjà. C'était improbable, et plus étonnant encore, Léna avait laissé passer cette vague d'affection dans son corps, comme-ci elle était la bienvenue.

La jeune fille souffla à cette pensée, se disant pourquoi sa petite voix lui chuchotait de laisser couler. Elle ne cherchait pas vraiment à comprendre, et se soulageait en se disant qu'un peu d'amitié ne lui ferait pas grand mal dans ce palais. Maintenant qu'Eloïse n'était plus là pour lui porter compagnie, Léna se surprenait à s'ennuyer régulièrement, malgré les bêtises qu'elle prenait soin d'appliquer à la perfection. Hier encore, elle avait mis en douce de la noix de coco dans le dessert de son père. Lui qui avait horreur de cette saveur, il avait été servi et avait même faillit s'étouffer dès la première bouchée. Alala mais qu'elle grande perte me diriez-vous...

Elle sourit à cette pensée, et ayant terminé de se changer, la princesse sortit des vestiaires pour quitter la salle, adressant un signe de main à son moniteur pour le saluer. Dylan la suivait, lorsqu'elle reçut un appel visio de Gabino. Un grand sourire s'afficha sur ses lèvres et elle décrocha, tout en se dirigeant vers un arbre pour s'asseoir sous son ombre.

- Lénaaaaa comment ça va ?! Ralala, mais qu'est-ce que tu m'as manqué !!

La jeune fille sourit à l'entente de la voix de son ami. Elle s'adossa au tronc du chaine.

- Tu m'as tellement manqué toi aussi Gabi.

- Mon Dieu mais qu'est-ce que tu as fait à ton visage ! Tu es toute cramoisie un dirait une tomate ! Dit-il en riant alors que la jeune fille constatait que la rougeur de sa peau dû à l'effort en salle de gym était encore bien présente. À ce même moment, Ivan entra dans la discussion :

- Mais c'est vrai que tu ressembles à une petite tomate toi ! Il fait si chaud que ça au Portugal ? Avait-il dit d'un ton moqueur.

Leur conversation dura une bonne heure. Aux anges, la jeune fille parlait avec ses deux meilleurs amis, de tout et de rien. Leurs visages lui avaient tellement manqué, même si ça ne faisait que deux semaines qu'ils ne s'étaient pas vus, et que leur dernier appel remontait à six jours auparavant.

La princesse apprit qu'Ivan avait eu l'occasion de concrétiser sa relation avec la petite Mikayla. Le prince s'était depuis longtemps épris de le jeune fille, issu pourtant de la catégorie populaire de son peuple. La jeune ukrainienne était âgée de dix-neuf ans et ses longs cheveux blonds contrastaient à merveille avec ses yeux d'un noir si profond que s'en était troublant. Les deux femmes avaient déjà parlé, mais ne s'étaient jamais réellement rencontrées en face à face. C'est que l'Ukraine et le Portugal n'étaient pas non plus à la porte d'à côté.

- En fait Léna, Ivan et moi on a une extraordinaire nouvelle à t'annoncer ! Lança Gabino, tout en faisant un clin d'œil à son amie. Allongée sur le ventre dans l'herbe fraiche, Léna rapprocha, sa tête de l'écran, intéressée.

- Je suis tout ouïe.

Les deux princes sourirent, et le jeune italien reprit la parole :

- Eh bien en j'ai l'honneur de t'inviter à mes seize ans la semaine prochaine ! Attends écoute ! Rajouta-t-il en voyant que son amie avait déjà ouvert la bouche pour parler. Mes parents viennent d'appeler les tiens, et après maintes négociations ils ont fini par avoir leur autorisation !!

La princesse écarquilla les yeux, très étonnée que ses géniteurs aient cédés à cette demande.

- Wow c'est un miracle on devait faire canoniser tes parents Gabi ! Dit-elle un magnifique sourire tracé sur ses lèvres, ses yeux pétillaient encore plus qu'en temps ordinaire. Elle avait envie d'hurler de joie et se mit à rire, heureuse, sentant derrière elle le regard intrigué de Dylan l'observer. Après une discussion détaillée avec son ami, la jeune fille sut que la réception se déroulerait le mardi soir de la semaine prochaine. Ce sera un bal, en cercle restreint, réservé aux proches de la famille royale d'Italie. Et que bien évidemment, Ivan et Léna étaient invités à passer toute la journée du lendemain dans ce splendide palais de Rome, demeure familiale de la famille royale Italienne, lieu où sera la réception.

- Léna, pour le bal, fait nous plaisir en mettant la robe corail qu'on t'a offert avec Ivan. Lui dit le jeune prince en souriant, repensant à la splendeur de la jeune fille dans le tissu orangé.

- Compte sur moi. Lui avait-elle répondu en souriant.

Une dizaine de minutes plus tard, l'appel entre les trois complices prit fin et Léna se releva, triomphante, pour se tourner vers son garde du corps :

- Dylan, nous partons mardi prochain en direction de Rome !

Le garçon acquiesça, comprenant trop bien ce que cela signifiait. Il savait que l'anniversaire de Gabino approchait et se doutait bien que le jeune prince allait faire ne serait-ce qu'une petite fête en compagnie de son amie. Il soupira intérieurement, tout en suivant la jeune fille qui était partie vers le château, en sautillant gaiement. Elle était probablement en route pour aller narguer ses géniteurs de la victoire qu'elle venait de recevoir.

Il allait y avoir Ivan, Gabino et Léna rassemblés dans la même pièce.

Le trio infernal.

Mon Dieu, ça allait être une véritable catastrophe.

La fin de journée avait été plutôt agréable. Léna n'avait pas fait de bêtises. Dylan n'avait pas embrassé Léna, et pourtant ce n'était pas l'envie qui lui manquait.

La jeune fille avait passé quelques nuits en compagnie de son garde du corps, mais avec le temps ses angoisses passaient, et maintenant elle pouvait dormir seule tranquillement. Il lui fallait juste que la porte entre sa chambre et celle du garçon reste ouverte pour que son esprit se calme un peu, comme s'il se disait que tout allait bien.

Le lendemain se passa bien, et le surlendemain aussi. Du matin jusqu'au soir, le soleil ornait le ciel d'été et brûlait la terre de sa chaleur incomparable. C'est trois jours plus tard que l'esprit malin de Léna se réveilla. Enfin, pour être précis il ne s'était jamais vraiment endormi, mais juste mis en veille. Des sortes de vacances d'été, vous voyez.

Assise sur le rebord de la fontaine principale, Léna jouait avec le clapotis de l'eau. Dylan était juste en face d'elle. Comme motivé à retrouver ces beaux costumes qui correspondaient à son métier, le garçon avait abandonné les bermudas et tee-shirts pour enfiler un pantalon noir et une chemise de la même couleur, dont il avait remonté les manches au plus possible. Il devait faire entre vingt-cinq et trente degrés Celsius, et ce poignant soleil n'améliorait pas les chose. Cela faisait plus d'une semaine que le jeune homme n'avait pas revêtu de costume, mais il devait d'ici deux heures rencontrer le commandant de la garde royale, et avait donc décider de s'habiller avec un minimum de décence.

Au bout de quelques minutes, Léna lui fit signe, comme pour qu'il vienne s'asseoir à côté d'elle. Il ne se fit pas prier et respira avec bonheur l'air frais qu'offrait l'eau de la fontaine.

- Tu n'as pas trop chaud ?

- Si, carrément. Dit-il en soufflant, regardant presque avec envie le mini short de l'adolescente. Celle-ci lui rendit son sourire et plongea sa main dans le bassin. Il y avait trois belles fontaines dans les jardins, séparées chacune des autres d'une bonne vingtaine de mètres, formant un grand triangle. Et au centre de ce triangle se dressait majestueusement un immense, splendide, incroyables fontaine, qui semblait trôner et briller de mille feux. Ce coin des jardin royaux était vraiment magique. Tous les jardins étaient magiques, mais là c'était exceptionnel. C'était un endroit extrêmement coloré, que les jardiniers entretenaient à la perfection pour qu'à chaque saison, les fleurs et arbres environnant donnent l'impression d'être à l'intérieur d'une arc-en-ciel. À cette période de l'année, c'étaient quelques bouleaux, dont les troncs étaient d'un blanc immaculé ; ainsi que des flamboyant : ces arbres aux fleurs rouge sang, qui surplombaient le paysage. Et à leurs pieds, s'étendant sur de grands espaces et s'accordant à merveille, on trouvait des agapanthes violettes, de magnifiques anémones rouges et blanches, des bleuets. Mais aussi des bougainvilliers d'un rose écarlate, qui s'accrochaient au tronc de quelques arbres, comme un lierre paradisiaque. On trouvait aussi des chrysanthèmes et des clématites, des hibiscus et plein d'autres encore dont les tons rosés s'accordaient à merveille avec le bleu des ipomées ou le violet des pervenches. Il y avait aussi du jaune, avec les immenses tournesols, rares mais majestueux, entourés d'œillets et de gazanias qui semblaient être leurs descendances. Toutes ces couleurs rendaient l'endroit magique. Dans les fontaines à l'eau clairs, on trouvait quelques pétales encore frais qui flottaient sur l'eau, tels les navires égarés de quelques fées. Plus loin, alors que les fleurs brillaient d'autant plus, quelques ruisseaux se mêlaient aux vives couleurs, pour finir leur chute à cinq-cent mètre des fontaines, dans un petit lac paradisiaque. Oui, cet endroit était vraiment splendide.

Dylan savait que, quelque part dans ces jardins, se dressait aussi un potager. Il ne l'avait jamais aperçu, mais en voyant ce paysage qui l'entourait, le garçon se demandait comment devait être celui-ci. Là, aux fontaines, on n'avait que des fleurs. Un potager avec toutes les plantes possibles et inimaginables, les légumes qui sortaient de terre, les fruits aux branches des arbres, les fleurs qui germaient. Cela devait être tout aussi sublime. Il faudrait qu'il demande à Léna de l'y emmener, un de ces quatre. Si elle gardait ce caractère si jovial et agréable qui s'était emparé d'elle ces derniers temps, elle n'y trouverait probablement aucun inconvénient.

- Si tu voyais ton air ébahis depuis qu'on est ici. Avait alors dit la jeune fille, le sortant de sa contemplation.

- Tu ne trouves pas cet endroit très beau ?

- Si, magnifique. Dit-elle en souriant et attrapant de sa main un pétale de magnolia bleu-violet qui flottait sur l'eau. Puis, ses yeux se mirent à pétiller d'une façon étrange, ce qui fit froncer les sourcils à Dylan. Il allait ouvrir la bouche pour demander à la jeune fille pourquoi elle le regardait avec autant d'amusement, lorsqu'il sentit deux mains féminines se poser sur son torse.

Mais qu'est-ce qu'elle... ses pensées n'eurent pas le temps de finir la phrase que Léna l'avait brusquement poussé en arrière.

PLOUF !

Ho la petite peste ! Je vais l'écarteler vivante !

Elle venait toute simplement de le pousser dans l'eau, lui qui avait pris tant de temps à tenter de ranger ses cheveux, et avait enduré toute la journée ce costume atrocement chaud. Bien que l'eau fraiche fût une sorte de soulagement, il n'eut pas le temps de profiter de cette sensation que son corps sortait déjà du bassin. Il était trempé de la tête aux pieds. Super... Il allait devoir arranger tout ça avant de rencontrer le nouveau chef de la garde. L'ancien avait en effet pris sa retraite il y a quelques jours.

Mais Dylan n'eut pas le temps de plus penser. Léna n'était plus là. Il voyait juste la jeune fille courir loin devant lui en riant. Il souffla d'exaspération et se lança à sa poursuite, dérangé par ses habits qui lui collaient à la peau et restreignaient ses mouvements. Bon, ce qui l'avait soulagé c'était que sa protégée ne s'était pas ruée en direction du mur d'enceinte. C'était déjà ça, comme on dit. Au contraire, elle semblait plutôt aller vers les écuries. Le garçon, qui courrait bien plus vite qu'elle, l'avait presque rattrapé en se trouvant à un mètre d'elle. L'adolescente avait tenté d'accélérer la cadence, mais ses muscles refusaient d'aller plus vite. Mais hors de question qu'il l'attrape tout de suite ! Elle y était presque !

Le jeune garde du corps se demandant à quoi jouait ce petit numéro. Mais connaissant sa protégée, et vu comme elle était à l'aise sur les équidés, il se disait qu'elle serait bien capable de sauter sur le dos du premier cheval ou poney venu, plantant ses talons dans les flancs de l'animal qui l'éloignerait de son bodyguard dans un galop élancé. Il soupira intérieurement. Oui, elle serait vraiment capable de le faire. C'était exaspérant.

Voilà qu'ils entraient dans les écuries, désertes. La petite Coline avait terminé son stage avec le garçon d'écurie quelques jours plus tôt, sans oublier de saluer Léna et Dylan pour lesquels elle semblait vouer une réelle admiration.

Tout à coup, le garçon s'arrêta brusquement. Il avait failli percuter Léna qui avait cessé de courir pour se planter face à lui, un inquiétant sourire joueur gravé sur les lèvres.

Mais qu'est-ce qu'elle manigance encore ?

- Oh mais Dylan tu es tout trempé ? Qu'est ce qui s'est passé ? Avait-elle demandé d'une voix innocente, faisant semblant de le dévisager de la tête aux pieds.

- Alors toi...

Et sans qu'il n'ait le temps de comprendre ce qui se passait, Dylan se prit une poignée de paille en pleine figure. Puis deux, puis trois, quatre. La princesse riait de cœur joie tout en l'assaillant. La paille se collait à ses habits mouillés. En deux temps trois mouvement, il s'empara de la jeune fille par la taille pour la coller contre lui.

- Aaaahhhhh mais lâche moi t'es trempéééé ! Criait-elle en gesticulant dans tous les sens, battant des jambes dans le vide comme pour se défaire de la poigne du garçon.

- Ah bon je suis trempé ? C'est bizarre je n'avais pas remarqué. Lui avait-il répondu feignant l'ignorance, sans pour autant la lâcher. Elle hurlait des ultrasons de façon à lui exploser les tympans, mais ça n'eut que pour seule effet de la faire sourire. On était dans la partie des écuries où la paille et le foin étaient stockés, il y avait des meules empilées, et sur le sol gisait tout un lit épais de cette paille sèche. Concervant la jeune fille serrée contre lui, le garçon s'allongea par terre, sous les cris de protestation de sa protégée.

- Stop stop stop qu'est-ce que tu fais Dylan arrête ce n'est pas drôôôôôle !

Il rit doucement tout en recouvrant de paille le visage féminin. Puis, satisfait, il se releva un riant. Mais à peine fut il redressé que Léna lui sauta dessus en hurlant :

- VENGEAAAAANCEEEE ! Treeeeemble morrrrrtel ! Ton heurrrrrre est venuuuue ! Avait-elle crié d'un ton qui devait se vouloir menaçant, mais qui était plus à mourir de rire qu'autre chose.

Le jeune homme faillit tomber à la renverse lorsque le corps de la princesse percuta le sien, mais il se contenta d'attraper celle-ci par les hanches pour l'éloigner de lui alors qu'elle lui frottait ses cheveux mouillés avec une poignée de paille. Ou plutôt une poignée de poussière de paille moulue qui s'éparpillait en des dizaines de petites mettes un peu partout sur sa tête. Léna riait de bon cœur, et son rire envouta Dylan qui s'y laissa prendre. Leur petite bataille fut interrompue au bout de quelques minutes par le garçon d'écurie qui venait de revenir des prés ou il avait rempli l'eau des chevaux. Il observait le garde du corps et la princesse, ne sachant pas trop où se mettre. L'effet sur Dylan et Léna fut instantanés, et ils se séparèrent immédiatement, laissant à l'homme une vision comique : un garçon trempé de la tête aux pieds et recouvert de paille qui se collait à lui ; accompagné de l'héritière du trône portugais dont les cheveux ébouriffés se mêlaient à quelques brins de foins. La princesse rit franchement face à la situation embarrassante, et finit par lancer d'un ton rieur :

- Bon eh bien je vais y aller.

Elle ne connaissait pas beaucoup ce palefrenier, qui avait remplacé le dernier, partit il y a un peu moins d'un mois. Les garçons d'écuries servaient également de moniteurs à la famille royale. Il arrivait que le roi et la reine viennent monter de temps en temps. Surtout le roi, qui avaient jadis été un très bon cavalier, raffolant des compétitions de dressage auxquelles il avait même participé. Léna, elle, n'était pas trop branché dressage : c'était à son goût bien trop lent et ennuyant. Elle préférait l'adrénaline du saut d'obstacle ou la folie de disciplines un peu plus dangereuses. La jeune fille reprit la parole :

- Rappelez-moi votre prénom ?

- Appelez-moi Christian, Altesse. La jeune fille acquiesça, tout en tournant le dos, mais l'homme, qui devait avoir une bonne trentaine d'années, l'interpella :

- Majesté ? La jeune fille se retourna, interrogant l'individu du regard. Il était blond aux yeux verts.

- La petite Coline n'a jamais osé vous le demander, mais elle rêvait vraiment d'avoir une autographe de vous, et de monsieur Duciel. Dit-il en se tourna vers l'intéressé qui avait rejoint la jeune fille. Est-ce que ça vous dérangerait de m'en faire une que je pourrais lui transmettre ? Elle habite à deux pâtés de maisons de chez moi...

Un sourire illumina le visage de la princesse. La petite stagiaire lui avait parue comme une adorable adolescente, introvertie, soit, mais adorable. Elle s'avança vers l'homme en disant :

- Vous auriez un papier et un crayon ?

Celui-ci sourit, pensant au visage heureux de la rouquine lorsqu'elle apprendra ce qu'il a pour elle. Il sortit de sa poche un petit carnet auquel était accroché un stylo noir. Il en avait toujours un sur lui, au cas où. Léna s'empara des objets et commença à écrire tant bien que mal, ayant posé le support sur son genou. Elle tendit ensuite le cahier à Dylan qui y écrivit quelques mots. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, Coline semblait être autant admirative du garde du corps que de l'héritière du trône. Ce n'était pas étonnant qu'elle demande un autographe de Dylan en plus de celui de Léna. Ainsi, sur un bout de papier était écrit avec gentillesse :

Bonjour Coline, reviens en stage quand tu veux, tu nous manques déjà ! Les chevaux s'ennuient de toi, ils avaient pris l'habitude de leur petit luxe quand tu leur donnais des carottes chaque jour ! On t'embrasse. Léna et Dylan.

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