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NamJoon était occupé à suspendre le linge dehors dans la cours, lorsqu'il entendit un premier bruit suspect.
Le jeune homme laissa son geste en suspend, observant les alentours d'un œil méfiant. Puis, alors que rien d'étrange n'arrivait, il se remit à sa tâche, tout de même un peu perturbé.
Un deuxième bruit suspect, NamJoon se retourna, mais avant même qu'il n'ait pu faire le moindre mouvement, on lui jeta quelque chose à la figure.
Le majordome ferma les yeux par réflexe, reculant également par automatisme. Lorsqu'il rouvrit les paupières quelques secondes plus tard, il était aspergé de peinture rose.
NamJoon baissa les yeux sur son corps, constatant qu'il y en avait partout; parterre, sur son costume, son torse, ses bras et sûrement son visage. Même les draps derrière-lui étaient fichus, couverts de cette substance colorée.
« Un caniche rose ! »
Le domestique, alarmé, leva des yeux incrédules vers le propriétaire de la voix. Il s'agissait de TaeHyung, appuyé sur le rebord d'une fenêtre au premier étage. Dans ses mains, il tenait un pot de peinture. Vide, bien entendu.
L'employé fraîchement arrivé riait à gorge déployée, visiblement amusé par le spectacle qui s'offrait à lui, depuis son petit poste, bien à l'abri.
Les sourcils de NamJoon se froncèrent tant qu'ils se touchèrent presque et, tandis qu'il allait entrer dans une colère noire, TaeHyung disparu, prenant la fuite comme un lâche.
« Quel espèce de petit...! »
Le majordome fulminait, enragé. Comment ce petit effronté avait-il osé ? Le grand rose allait vraiment lui faire passer un sale quart d'heure, que dis-je, une sale heure oui !
NamJoon était hors de lui. Les poings serrés, il était sur le point de rentrer dans la demeure, aller chercher cet imbécile de TaeHyung et le suspendre par la peau du cul dehors, à la vue de tous, après l'avoir fait fouetter pour manque cruel de respect.
Par tous les dieux, il n'y croyait pas ! Lui faire un coup pareil, il fallait vraiment être le dernier des abrutis et des emmerdeurs !
NamJoon passa sa main sur son visage, agitant ensuite ses doigts pour tenter d'enlever la peinture qui le recouvrait de toute part. Puis, soufflant un bon coup, il se pinça l'arête du nez, comme il le faisait à chaque fois qu'il désirait reprendre son calme.
Après plusieurs longues inspirations, le pauvre domestique se dit que non, ce sale gosse ne valait pas la peine qu'il s'énerve. Il allait tôt ou tard comprendre ses erreurs. Ça finirait bien par lui tomber dessus. Et puis, NamJoon avait autre chose à faire.
Dans l'immédiat, il devait nettoyer à nouveau les draps souillés de rose, et occasionnellement son costume.
[...]
Dans les cuisines, le calme et la sérénité régnait. Seul les petits bruits de vaisselle se faisaient entendre, puisque Jimin était occupé à nettoyer les assiettes sales de façon machinale.
YoonGi n'était pas avec lui, occupé ailleurs, sûrement à nettoyer l'une des nombreuses chambres. Seul JungKook lui tenait compagnie à l'instant. Le plus jeune tenait la conversation, passant un coup de balais dans la pièce.
Il lui parlait de toutes sortes de chose, Jimin ne savait pas trop. En réalité, il n'écoutait pas vraiment, trop préoccupé.
« Hyung, je sais que tu n'écoutes pas, fit soudainement remarquer JungKook, alors qu'il passait près du cuisinier. »
L'appelé, sortit de sa transe, fit la moue.
« Bien sûr que si, se défendit-il.
– Alors pourquoi tu n'as pas réagi lorsque j'ai dit que YoonGi hyung en avait une petite ? »
Jimin manqua de s'étouffer, faisant les gros yeux.
« T'as dit ça ?! »
L'autre haussa les épaules, l'air peu concerné.
« Non, mais tu ne m'écoutes quand même pas.
– Pff, souffla Jimin en levant les yeux au ciel. Qu'est-ce que tu disais alors ? »
JungKook fit mine de réfléchir. Il fit un petit tas avec les déchets et la poussière rassemblés.
« Je disais qu'on devrait peut-être faire quelque chose, tu sais, pour NamJoon... »
Le cuisinier lança un regard désolé à son cadet, la mine soudainement plus attristé.
« Tu sais bien que non, marmonna-t-il.
– Mais, NamJoon est notre ami, on peut pas–
– Je sais JungKook, je sais, murmura Jimin, la voix moins forte. Sa gorge était subitement nouée, par le remord et la culpabilité. Si on ne veut pas qu'il arrive quelque chose, à lui et à nous, on doit se taire... »
Le plus jeune afficha une mine perplexe. Il ne semblait pas saisir la gravité des événements, du moins, pas autant que Jimin.
Un long silence s'en suivit. Aucun des deux garçons n'osaient parler. Puis, finalement, le cuisinier brisa l'ambiance glaciale d'un simple murmure, d'un court chuchotement, empli d'espoir.
« YoonGi a dit qu'il essayerait de régler ça. »
Encore un silence, puis un second murmure.
« Bientôt, tout ira mieux, ne t'en fais pas. »
JungKook se pinça les lèvres. Il voulait bien croire son hyung, mais tout ceci semblait impossible, comme s'ils étaient tous coincés dans une impasse.
Au fin fond d'une impasse, sans possibilité de faire demi-tour.
[...]
Le lendemain, NamJoon était plus calme, plus posé. Après tout, il était un adulte responsable et mature. Alors pourquoi agir comme quelqu'un avide de vengeance ? Oh non, ce serait indigne de sa fonction, le majordome n'était pas comme ça.
Enfin, si, mais là, il n'avait pas l'intention de laisser faire ses pulsions meurtrières. Depuis l'incident de la veille –qui lui avait d'ailleurs coûté des heures de sommeil en moins, pour nettoyer son costume–, NamJoon avait décrété qu'il n'approcherait plus le nouvel employé, même si à la base, c'était lui qui devait s'en occuper. Ce n'est pas qu'il avait peur de se faire à nouveau embêter, oh non, c'était juste par mesure de sécurité.
Pour TaeHyung, bien sûr. Pas pour lui.
Mais, NamJoon n'avait pas à s'en faire. Aujourd'hui, tout allait bien se passer, il n'y avait aucune raison que–
« Dégagez le passage ! »
NamJoon, debout au milieu du couloir avec, dans les bras, des plateaux plein à craquer de vaisselle, pivota pour voir qui criait comme ça.
TaeHyung courait vers lui, une télécommande dans les mains alors qu'une mini voiture roulait à toute vitesse dans sa direction.
Le véhicule téléguidé fonçait droit dans ses jambes, et NamJoon l'évita de justesse lorsqu'il passa à ses pieds, vrombissant comme une voiture de course.
Le majordome vacilla, tentant de garder un équilibre stable. Dans ses mains, les verres fragiles et les assiettes tremblèrent, sur le point de tomber.
NamJoon stabilisa ses mouvements à la dernière seconde, évitant de peu la catastrophe. Il avait faillit casser ces objets si fra–
TaeHyung le bouscula. Les plateaux se renversèrent et un fracas assourdissants résonna dans le couloir lorsque la vaisselle se rependit en milles morceaux sur le sol lustré.
« Oups ! »
Le garçon ne se retourna même pas, courant sans s'arrêter. Il disparut bien vite au bout du couloir, laissant un NamJoon désœuvré au milieu de toutes les miettes de verres.
Là, le majordome ne savait même pas quoi penser, mis à part une chose:
Il allait tuer ce pauvre con.
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