******* Cabinet Kébé & Ndiaye ********
Salif Ndao avait toujours les yeux plantés dans ceux de Catherine Diaw et elle analysait ce qu'il venait de lui dire, cachant sa surprise derrière ce visage impassible dont elle avait le secret.
- Salif, stp, reste en dehors de ça. Je ne me préoccupe plus de ces deux- là et leur souhaite bien du bonheur
Il secoua la tête en la regardant arborant un léger sourire car la connaissant tellement qu'il s'attendait à ce genre de réaction
- je vais te demander quelque chose. Tu crois faire ça pour Arame? Tu crois vraiment que cela lui plairait de vous voir vous déchirer ainsi Omar et toi? Cathy....toi comme moi sommes loin d'être blancs comme neige. Qui l'est d'ailleurs dans notre entourage? Chacun traine ses propres casseroles mais je dois te dire que je suis profondément déçu par ton comportement.
- mais de quoi tu parles Salif? Tu ne sais rien de ce qui s'est passé!
- l'épisode du restaurant, je suis au moins au courant de ça! Par inadvertance certes mais il faut croire que cela devait tomber dans mes oreilles pour que quelqu'un te parle. Personne ne met en doute la relation particulière que tu avais avec Arame et tous autant que nous sommes, garderons au fond de nous cette culpabilité qui nous rongera tout au long de notre vie mais il faut que tu acceptes une chose très importante. Kadia n'est pas responsable.
- comment peux- tu dire ça? Tu les couvres? Bien sûr... tu devais être au courant de quelque chose. Omar a trompé Arame avec cette femme et tu es là pour les défendre?
- comment tu peux penser ça??? Omar n'a trompé Arame avec AUCUNE femme! Arrête d'être bornée Cathy! Tu sais que sa femme était la prunelle de ses yeux! Tu étais bien placée pour le voir se transformer pour elle. Personne ne sait ce que leur réservait l'avenir si Arame était encore parmi nous mais Omar lui a été fidèle jusqu'à ce que la mort les sépare. Le seul responsable ici est et restera Demba Kane! Et Kadia n'est pas sa fille!!!
Cathy fit un temps d'arrêt et scruta le visage de Salif qui la regardait toujours déterminée à aller jusqu'au bout
- Qu'est ce que tu dis?
- Kadia est la fille de feu Fadel Sow. Elle l'a su de manière brutale, ce qui explique son départ précipité hors du pays. Tu as été une victime, ton père a été une victime, nous l'avons peut être tous été à un moment ou à un autre alors tu sais ce que c'est que d'être injustement accusé! La manière dont tu les traites actuellement n'est pas digne de toi. Change d'attitude et écoute ton ami. Quand je t'en ai voulu au point de ne plus vouloir entendre parler de toi, seulement 2 personnes sur cette terre t'ont farouchement défendue et tu les connais. Réflechis calmement à la suite des évènements Cathy et accepte ce que tu ne peux combattre. Omar est tombé amoureux de Kadia malgré lui. Son coeur aurait pu choisir n'importe quelle femme sur cette terre mais il l'a choisi, elle. Et ça ni toi, ni moi, ni même lui, n'y pouvons rien. Alors tu as le choix: soit perdre ton ami pour toujours et crois moi, c'est ce qui risque d'arriver s'il a vent de la manière dont tu as traité sa femme en public, soit tu prends la décision de le comprendre et d'essayer d'aller de l'avant. Arame n'est plus mais nous, nous sommes toujours là pour nous soutenir comme nous l'avons toujours fait.
Sur ces mots, il se leva boutonna sa veste et jeta un dernier regard à une Cathy qui était scotchée sur son bureau, les pensées en vrac.
- bonne journée
- Salif attends...trop de choses se mélangent dans ma tête et .....
- prends juste le temps d'y réfléchir, Cathy. Je suis sûr que tu prendras la bonne décision.
Il sortit du bureau et repartit dans le sens inverse où il était venu, plus léger d'avoir fait ce qu'il avait à faire.
Dès qu'il a surpris sans le vouloir la fin de cette conversation entre Aisha et Kadia, il s'est promis de faire de son mieux pour arranger les choses entre Omar et Cathy.
Il a été témoin de leur amitié sans faille à ces trois là et Arame aurait voulu les voir unis et ce dans n'importe quelle circonstance, cela il en était persuadé.
Appréciant en plus fortement Kadia qui faisait désormais partie de sa famille, il ne pouvait laisser les chosess s'envenimer plus.
Cette famille avait assez souffert pour en rajouter.
Omar avait déjà eu son lot de malheur pour ne pas lui donner du répit.
Il ne restait maintenant plus qu'à esperer que les choses s'arrangent.
********* Au même moment *********
Dans une autre entreprise, un autre bureau, quelqu'un d'autre venait d'être accompagné par une secrétaire empressée dans le bureau de son patron.
Quand celui-ci avait su qui lui rendait visite et venait de se faire annoncer à l'accueil, il ne put qu'arborer un sourire sans vraiment être surpris.
Il fallait s'y attendre, n'est ce pas?
Eh bien très bien, nous allons voir ce qui l'amène se disait-il en prononçant un
" Entrez" et s'adossant sur son fauteuil avec un sourire narquois envers son visiteur qui pénétrait dans son bureau avec un regard d'acier.
- Monsieur Seck, pour vous vous Mr Touré
- je vous remercie, vous pouvez nous laisser.
Il défiait du regard Omar avec des yeux effrontés mais celui-ci ne se sentait nullement concerné ni le moins du monde intimidé en ayant juste hâte de régler ce qu'il prenait comme .... une simple formalité.
- alors que me vaut l'honne....
- épargne moi tes fausses formules de politesse tu veux. Je suis assez pris ce matin alors tu vas juste me signer ce document et je vais repartir par cette porte comme j'y suis entré.
Idriss ouvrit la bouche devant la mine on ne peut plus sérieuse d'Omar se disant que ce type était complètement fou.
- euh excuse moi, tu prends des drogues?
Omar rigola doucement
- la seule drogue douce que je consomme en ce moment se prénomme Kadia Seck.
Il vit alors avec un énorme plaisir un Driss prêt à exploser sur place
- si tu es venu pour que j'accepte sa démission, tu perds ton temps, d'ailleurs en fait j'ai mieux que ça, tu pourras lui remettre sa lettre que je n'accepte Pas.
Driss sortit le courrier rédigé par Kadia et le jeta à travers le bureau mais Omar l'intercepta en abattant sa main violemment sur le bureau faisant sursauter un Idriss Touré choqué.
- ça tombe bien! Elle ne démissionne plus! Et je te conseille d'ouvrir ce document que je viens de poser sous tes yeux et de le lire attentivement.
Ils se défièrent du regard avant qu'il ne se penche sur le courrier qu'il lisait en diagonale mais écarquillait les yeux au fur et à mesure qu'il parcourait le document.
Puis il éclata de rire
- c'est drôle hein?
Il continua à rire gaiement à ne plus pouvoir s'arrêter, faisant sourire Omar toujours aussi calme.
- rupture conventionnelle avec effet immédiat? indemnités de départ? Lettre de recommandation? La totale quoi!!!
- tu as tout compris! La totale! Et si elle m'avait consulté avant, elle aurait même gardé la voiture! Mais ce sera ton lot de consolation.
- je ne signerai jamais ça!
- en vérité, je m'y attendais un peu. Alors voici la 2ème proposition. C'est à prendre ou à laisser.
Dès qu'il posa les yeux sur le papier, il fit un bond sur ses pieds avec les yeux exhorbités.
- mais vous êtes tarés!?
- hum... ça devient interessant on dirait...
Driss, Driss, je t'ai maintes fois demandé de t'éloigner de ma femme. Elle n'a jamais été pour toi mais décidément, t'as la tête dure.
- tu ne ferais jamais ça!
- Kadia ne ferait jamais ça mais elle me fait confiance et a signé les yeux fermés. Maintenant soit, tu signes la première proposition, soit tu signes la deuxième qui est un accord de confidentialité qui dit qu'elle ne divulgura jamais les faits de harcèlement sexuel dont elle a été victime, par son Supérieur hiérarchique direct et dont elle a gardé toutes les preuves, appels téléphoniques incessants, messages, cartes, cadeaux, en échange d'une indemnité compensatrice qui au passage est du triple de ce qui est mentionné sur la première proposition.
- tu es complètement fou!
- laisse moi finir! Et si aucune des 2 ne te convient, je pourrai alors déposer ce dossier dès cet après midi auprès de mon ami procureur qui se fera un plaisir d'ouvrir une information judiciaire à ton encontre. Le temps de prouver si oui ou non les faits sont avérés, ta réputation sera finie et ton entreprise aura mis la clé sous la porte.
- c'est du bluff!!! Tout ça pour une femme!
- pas UNE femme! MA femme! Alors, il me reste encore 2 mn, j'ai pas toute la journée. Décide toi!
************* Kadia ***************
Quel week end!
Il était tellement mouvementé et plein de surprises que je n'en reviens toujours pas.
Le samedi comme le dimanche est arrivé avec son lot d'inattendus.
La journée que j'ai passé avec ma belle famille m'a reconforté sur tellement de craintes que j'avais que je ne pouvais que remercier le ciel.
Quand mon beau père, en me saluant, m'a appelé par ce nom que je ne pouvais jusqu'alors porter légitimement, mon coeur s'est transporté dans un endroit lointain, très lointoin nommé bonheur.
Cette légitimité, il venait de me la donner, officiellement.
Que dire de mon mari?
Son soutien sans failles auquel je n'ai pas cru durant un long moment, me surprenait maintenant de jour en jour.
Je l'aimais tellement que je ne pourrai jamais exprimer tout ce que je ressens pour lui, ni par des mots, ni par des gestes, ni même par des actes mais j'essaierai de lui faire comprendre tous les jours que nous ne sommes pas battus pour rien.
La main sur mon ventre, je me sentais tellement fière et honorée de porter son enfant que j'en tremblais quelques fois de peur de me reveiller un jour et de constater que tout ceci, n'était qu'un rêve.
Hier, dimanche, comme convenu, Lili et Gigi sont venues passer la journée avec nous.
Je ne sais pas ce qu'ils se sont dit Linda et lui mais elle est sortie de ce tête à tête, pensive et nous a annoncé à la fin de la soirée qu'elle repartirait dès demain à Abidjan.
Nous étions à moitié surprise imaginant sans difficultés la raison de ce retour anticipé.
- Gisèle tu rentres avec moi?
- hum.... je crois que je vais rester un peu, si bien sûr je peux abuser de ton hospitalité
- n'importe quoi! tu peux rester autant que tu veux et tu le sais.
Les deux hommes de la maison nous ont un peu abandonné en fin d'après midi, j'ai nommé Omar Sénior et Omar Junior.
Il fallait avouer qu'ils étaient trop mignons quand ils étaient ensemble.
Omar vouait à cet enfant un amour profond levant tous les doutes que j'avais quand j'ai été mise au courant de son existence.
Mon mari forçait mon admiration bien souvent quand je me remémorais toutes ces choses qu'il avait vécues en un si laps de temps sans compter bien sûr une Kadia à gérer!!!
Je lui ai donné du fil à retordre, maintenant j'ose me l'avouer!!!!
- à quoi tu penses? Il s'absente 1h et ça y est on t'a perdue?
- Gisèle, laisse la tranquille! En plus, c'est bizarre mais je te trouve changée.
- changée? Se défendit- elle? Mais non!
Seulement cette main passée nonchalamment dans ses cheveux comme pour se donner une contenance nous disait tout le contraire.
- Gisèle......
- quoi Kadia? Je t'assure qu'il ne m'arrive rien. J'ai juste découvert....quelques petits plaisirs au Sénégal, si tu vois ce que je veux dire ...
- oh mon dieu!!! T'as rencontré quelqu'un?
- pas vraiment ...
- GISÈLE?
Linda lui lança un regard menaçant que je ne compris pas
- attendez il se passe quelque chose que j'ignore?
- tranquilise toi Linda, je te l'ai déjà dit! Bon j'ai rencontré un gars mais ça ne durera pas, je le sais
- et comment tu peux le savoir? Lui demandais- je
- je te signale que je me lance dans une affaire qui n'attend que moi pour démarrer!
- et moi je te signale qu'on est deux dans cette affaire et effectivement, tu n'as pas intérêt à trainer ici. L'institut n'ouvrira pas ses portes tout seul.
- ça va Linda! Je reviens dans une semaine tout au plus! Laisse moi profiter de mes découvertes dakaroises!
Elle paraissait déterminée à profiter jusqu'au dernier instant de son sejour et cela faisait plaisir à voir.
On papotait durant des heures avant de revoir le bout du nez de ces deux messieurs, chargés comme des mules.
- vous avez dévalisé le centre commercial ou quoi?
- on peut dire ça! Je me fais toujours avoir par ce petit. Tu es sûr que tu as seulement 2 ans toi?
Je rigolais à la mine faussement innocente de Shamseddine et lui rangeais ses affaires comme demandé par son père.
Apparemment sa mère n'allait pas tarder à venir le chercher en ce dimanche après midi.
Je ne savais toujours pas comment cerner cette femme.
Le fait qu'elle ait été follement amoureuse d'Omar ne faisait aucun doute et n'était un secret pour personne.
Malgré les craintes que j'avais au départ, force était de constater qu'elle n'avait fait aucun geste m'incitant à me méfier d'elle.
En tout cas, à ma connaissance et pour le moment.
Quand elle est arrivée, j'essayai de l'accueillir aussi courtoisement que possible, lui proposant à boire un verre qu'elle déclina.
Durant tout le temps où elle était là, je sentais son regard sur moi, sur nous mais essayait de n'y pas y prêter vraiment attention.
Je me refusais à être jalouse d'une ex- copine, vu tout ce par quoi j'étais passée avant d'avoir Omar dans ma vie.
Je m'y refusais tout simplement.
Selly était sans conteste une belle femme et si je me laissais submergée par ce sentiment alors qu'elle et Omar partageaient une chose aussi précieuse qu'un enfant, je ne donnais pas cher de ma santé mentale.
Après son départ cependant, le regard perçant de Linda sur moi puis ses paroles me donnèrent froid dans le dos.
- Kadia. Je te savais naïve mais pas à ce point. Fais très attention à cette femme. Son regard quand tu ne la vois pas est un regard d'envieuse. Elle ne te veut pas du bien crois moi.
- lili, tu te fais des idées.
- je t'aurai prévenu, Kadia. Maintenant viens là!
Sur ce, trop occupée à verser des larmes pour le départ de mon amie que je ne reverrai pas de sitôt, je reléguais ces pensées quelque part dans mon esprit.
Ces deux femmes, peu importait ce que les gens pensaient d'elles, je ne les lâcherai jamais.
Elles faisaient désormais partie de moi et me rappelleront toujours cette période sombre de ma vie dans laquelle elles ont su apporter les premières lumières, les premières lueurs d'espoir en un avenir meilleur.
Le lendemain, après le départ de mon homme alors que je m'évertuai à superviser le grand ménage, passant toutes les pièces au crible, je me heurtai encore une fois à cette porte close.
- Satou!!! SAAATOU!!!!
- Oui Madame
Elle arriva en courant, essouflée
- doucement, Satou, il n' y avait rien d'urgent. Dis moi, je voulais nettoyer cette pièce et l'aérer un peu mais je ne trouve pas la clé.
-euh Madame, cette pièce ne fait jamais partie du nettoyage. La première chose que Monsieur m'a dite quand je suis arrivée dans cette maison était de ne jamais y mettre les pieds. Même quand c'est urgent, je dois attendre qu'il sorte pour lui parler. Il n'y a que Monsieur qui ait la clé à ma connaissance.
Elle dit ça tête baissée, gênée mais pas plus que moi.
Qu'est ce que je cherchais au juste????
Bien sûr que je veux savoir!
Je suis censée être chez moi!!!!
Chez moi!!!
Comment ne puis- je avoir accès à toutes les pièces?
Ruminant cela toute cette journée du lundi, je ne pus parler correctement à qui que ce soit de la journée me posant encore et encore des questions.
Fallait- il que j'aborde le sujet au risque de me disputer avec lui?
Il était évident qu'il ne voulait clairement pas partager avec moi ce qui se cachait derrière cette porte et cela je ne pouvais l'accepter!
Nous sommes maintenant censés tout partager ensemble!
Tout!!!
Mais visiblement je suis la seule à penser ainsi.
En fin de journée, à son arrivée, je pus constater qu'il y en avait au moins un qui était de bonne humeur!
- salut mes deux bébés!
Il faisait toujours ça, un bisou sur la bouche pour moi et un bisou sur mon ventre.
Le coeur n'y était pas mais ce geste arrivait toujours à m'attendrir malgé moi.
- t'as passé une bonne journée?
- oui.
Il me scruta rapidement avant de m'embrasser à nouveau
- bon j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour toi.
- ah bon? La semaine démarre bien et on n'est que lundi! Mais si tu pouvais juste me donner la bonne nouvelle ce serait bien
- hum... hum... les deux vont ensemble! Ok on va commencer par la bonne alors. Tu va recevoir très bientôt un gros chèque!
Je le regardais avec de gros yeux
- un chèque? t'es sûr que ça va?
- je vais même très bien! La mauvaise nouvelle est que tu n'as plus de Job!
Mon coeur rata un battement quand il me tendit une feuille que je regardais complètement sciée!
- comment t'as fait??????
- je sais me montrer persuasif quand je veux .....
- oh mon dieu! J'y crois pas!!! Euh rassure moi t'as rien fait de....
- rien qui ne te mette à mal avec ton beau père, promis. Ça me mérite bien un baiser non?
Oubliant mes états d'âme, je me jetais à son cou et l'embrassais exactement de la manière dont il le voulait.
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