Lindsey-4

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Tout est bien qui finit bien.

Lindsey était heureuse. Elle l'était tellement qu'à tout instant, elle s'attendait à ce que le ciel lui tombe sur la tête pour la punir d'éprouver un tel sentiment. Tout ce qui la tourmentait depuis ces deux dernières semaines... Envolé. Sa mère avait fini par comprendre que sa présence n'était ni souhaitée ni souhaitable et elle était repartie à Los Angeles retrouver sa petite vie superficielle et sans intérêt. À l'heure qu'il était, elle devait se pavaner devant ses amis en leur racontant sa petite incursion dans le monde du crime. Lindsey pouvait l'entendre d'ici. Si je connaissais Patrick Murphy ? Vous savez, je n'aime pas étaler ma vie privée devant tout le monde mais c'était un ami de longue date. Sa mort m'a terriblement bouleversée. Bon débarras.

Son père était devenu un héros local en résolvant le meurtre de Patrick et, quand bien même elle aurait préféré qu'il n'y arrive pas – si une personne sur cette planète méritait de voir sa mort rester impunie, c'était sans aucun doute cette ordure de Patrick Murphy – Lindsey était fière de lui et, plus que tout, fière d'être sa fille. Son seul souhait à présent était qu'un jour, il puisse dire la même chose d'elle. Mais si Lindsey avait le cœur léger, à tel point qu'elle sautillait plus qu'elle ne marchait, c'était avant tout parce qu'elle était immensément soulagée. Sophia n'avait pas tué son frère.


À l'instant où Lindsey avait appris pour le meurtre, le venin du soupçon s'était frayé un chemin dans son cœur et y avait pris ses quartiers. Les questions posées par son père l'avaient mise au supplice ce que Sophia n'avait pas manqué de remarquer. Ses soupçons s'étaient alors transformés en doute lorsque son amie lui avait murmuré ces deux phrases qui l'avaient tant tourmentée. « Il ne s'est rien passé cette nuit. Tu n'as rien vu, tu n'as rien entendu. ». Lindsey avait alors compris que ce qu'elle avait pris pour un rêve la nuit précédente n'en était pas un.

Un bruit persistant l'avait tirée de son sommeil. Lindsey avait papillonné des yeux, éprouvant la plus grande difficulté à les garder ouvert. Les rideaux n'avaient pas été tirés et la lune éclairait la chambre ce qui lui avait permis de la voir aussi nettement qu'en plein jour. Sophia était assise par terre, le dos collé contre la porte, les jambes repliées contre sa poitrine, ses avant-bras posés sur ses genoux, les épaules secouées de sanglots. Lindsey s'était levée, faisant grincer le parquet. Sophia avait brusquement levé la tête et, après l'avoir longuement regardée, elle s'était levée sans un mot et avait quitté la pièce. Abasourdie, Lindsey s'était rassise sur le lit. Ce n'était pas tant de voir Sophia pleurer qui l'avait laissée sans voix mais plutôt le sang sur son visage. Le doute s'était mué en certitude lorsque, le lendemain matin, elle avait entendu sa justification quant à sa blessure au front. Elle avait menti à Abby. Elle ne s'était pas cognée contre la porte. Sophia était blessée, elle pleurait et quelques heures plus tard, Lindsey apprenait la mort de son frère. Ce ne pouvait être une coïncidence.


Quand elle arriva à proximité du labyrinthe, Lindsey ralentit imperceptiblement l'allure. L'inconvénient majeur des souvenirs, bons ou mauvais, était qu'on ne pouvait leur échapper. L'amnésie totale n'était qu'une illusion, elle était bien placée pour le savoir. Encore quelques mètres puis une légère déviation sur la gauche et voilà, elle y était. L'endroit exact où Sophia lui avait arraché sa confession.

Les deux premiers jours qui avaient suivi le meurtre, Lindsey était restée prostrée dans sa chambre. Son père la croyait perturbée par la nouvelle et perturbée, elle l'était indubitablement. Elle avait passé des heures à contempler le plafond, se repassant la scène en boucle, recherchant une explication rationnelle au chagrin de Sophia et à son visage couvert de sang, autre que la plus évidente. En vain. Si elle n'avait rien à cacher pourquoi lui avoir demandé de se taire ? Pourquoi avoir menti à Abby ? Sophia n'avait pas eu de crise de somnambulisme pas plus qu'elle avait passé la nuit dans sa chambre, Lindsey pouvait en attester.

NEMESISWhere stories live. Discover now