Aparté

129 32 34
                                    

Angleterre, deux ans plus tard – 13 mai 2020

Avec la tempête pour seul bruit de fond, nous rejoignons l'atelier du tatoueur qui a l'amabilité de me prêter du rechange. Après mûre réflexion, je m'empare de la presse écrite. Sur la page de couverture, en gros titre, figure :

« 13 mai 2020 – LIBÉRATION ENVISAGÉE DES CRIMINELS À L'ORIGINE DE LA PRISE D'ASSAUT DE 2018.

Le 5 mars 2018, Randy Oloveiros, plus connu sous le nom de Vassilis, guide du musée de Kettle's Yard [Cambridge], encadre lors d'une visite huit membres du Comité culturel de l'Angleterre du Sud ainsi que six étudiants en école d'art, avant de procéder à la prise en otage de ces mêmes individus.

Randy Oloveiros est rejoint une vingtaine de minutes plus tard par ses complices, Alistair Doyle, ancien marine des Forces Armées Britanniques de la base de Devonport, ainsi que sa compagne Saveria Doyle, ex-chirurgienne au sein de l'hôpital de Plymouth [Westbourne Unit].

L'homme multirécidiviste réalise le transfert des détenus jusqu'à l'établissement pénitentiaire d'Astwick, abandonné à 18 miles de là.

Les coups de midi sonnent le début du supplice. En effet, des témoignages et comptes-rendus médicaux attestent que l'accusé a porté atteinte à trois de ses victimes : Aislinn Lovelace d'un tir volontaire à la jambe, Violet Benavides dont les mâchoires ont été fracturées et qui a souffert de multiples lésions internes suite à une lutte acharnée, et Damian Burberry qui a subi diverses tortures dont l'amputation d'un doigt. Il reste, à ce jour, ancré dans un profond mutisme.

Le procès avait suscité une attention particulière chez le parquet durant deux mois. Il avait rendu son verdict, condamnant Monsieur Oloveiros à une peine de cinquante-cinq ans de prison ferme, assortie d'une période de sûreté, pour détournement de fonds, séquestration, détention de substances explosives, violences et homicide volontaires. L'amende s'était élevée à quatre cent cinquante-deux mille livres sterling. La moitié des dommages serait versée à la famille Cadbury pour le tragique meurtre de Vittoria.

Ces faits étant commis en bande organisée, Madame Doyle, accusée de complicité, avait encouru vingt ans de réclusion criminelle avec sursis et circonstances atténuantes, ainsi que cinq cent quatre-vingt-six mille livres sterling d'amende.

La juridiction a déclaré Monsieur Doyle coupable d'atteintes à l'intégrité physique et psychique des otages. Coupable de trafic illégal d'armes et vol de véhicule appartenant à l'armée britannique, à l'occasion de l'exercice de ses fonctions, il s'était vu retirer définitivement tout droit de servir et protéger sa nation. Il avait été assujetti à quarante-deux ans d'emprisonnement avec sursis et deux cent vingt-cinq mille livres sterling d'amende.

Des sanctions colossales que les coupables n'ont pas fini de purger...

Aujourd'hui, plus de deux ans après les faits, tous trois refont appel à la Haute Cour de Justice. Un espoir en tête : voir leur sentence s'alléger.

En vue du contexte sanitaire actuel, la seconde audience se tiendra le 6 juin 2020 à huis clos.

Désormais, une seule question perdure en suspens sur les lèvres : après tous leurs desseins perfides, toutes leurs abominations, la juridiction se montrera-t-elle inflexible ? Ou, au contraire, le plaidoyer des accusés puisera-t-elle en elle une clémence insoupçonnée ?

Il va sans dire que le trio usera, une fois de plus, des diverses cordes à son arc pour obtenir gain de cause... »

FugaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant