Celles qui Survivent [TOME 1]

o7. même quand il fait sombre

CHAPITRE 7
MÊME QUAND IL FAIT SOMBRE

" est-ce que la tristesse est plus forte dans le noir ? "

Le reflet de ma main tremble dans le miroir. Je prends une grande inspiration pour me calmer, décrispe mes doigts, démaquille mes yeux. Sans tout ce noir, j'ai l'air bien plus innocente. Bien plus réelle, aussi. Je ressemble plus à celle que je suis (j'ai été). Je descends le coton, retire le rouge de mes lèvres. Mon cœur est en pause.

En tournant très légèrement la tête sur le côté, je peux voir le dos d'Archibald danser sur la surface brillante. J'en connais chaque os, chaque muscle ; la marque de mes ongles y est même imprimée. Son corps est une extension du mien.

Je suis incapable de douter de lui. Ce serait pire que douter de moi-même.

Malgré les terribles accusations de Nausicaa, je ne peux pas effacer mes sentiments et lui retirer ma confiance en claquant des doigts. Je n'en ai même pas envie. Je m'étais promis de rester sur mes gardes avec tout le monde et c'est un échec cuisant en ce qui le concerne. S'il me demandait de l'accompagner sur la Lune, je ne prendrais pas une seconde pour réfléchir. La vérité, c'est que je me moque de ce qu'il a bien pu faire. Nous avons tous fait des erreurs, moi la première, et je serais bien mal inspirée de lui reprocher un crime que j'ai commis aussi.

Et puis, qui me dit que Nausicaa n'a pas tout inventé ? Elle m'a juste lancé cette phrase avant de disparaître, refusant toute précision. La vérité est facilement modifiable. On oublie un détail et toute l'histoire en est différente. Non, j'ai confiance en Archibald, plus qu'en quiconque sur cette planète.

Je ne laisserai personne détruire cela.

Un léger sourire flottant sur mes lèvres, j'entreprends de démêler mes cheveux. Le comte, qui semble s'être découvert une passion pour la coiffure, accourt pour m'aider. Il retire la brosse de mes mains et commence à défaire mes boucles avec douceur.