Celles qui Survivent [TOME 1]

2o. accident de corset

CHAPITRE 20
ACCIDENT DE CORSET

" peu importe le nombre de morts que l'on croisera dans nos vies, chaque corps inanimé de plus sera un déchirement  "

— Oh, Iara, tu es sublime ! L'homme qui t'a rendue souffrante va se manger les doigts, exulte mon amie en me retrouvant dans le couloir.

Je tourne sur moi-même pour lui faire admirer la beauté de ma robe. Elle bat des mains, ravie. Elle est aussi ravissante que d'ordinaire, la taille comprimée dans un corsage bleu nuit scintillant, ses cheveux lâchés dans son dos en une cascade blonde, tout juste maintenus le long de son crâne par la tresse compliquée qui vient couronner sa tête.

Nous descendons en nous tenant la main ; Nil est déjà en bas, m'a-t-elle informée. Par réflexe, je crispe les lèvres à la mension de son nom. Nil, trois lettres qui me rappellent avec écœurement ma faute et mon hypocrisie, à marcher près de celle que j'ai trahie comme s'il ne s'était rien passé.

— Vas-tu mieux ? J'espère que tu as réussi à dormir un peu.

Elle me lance un regard soupçonneux. Non, j'ai tué un homme à la place, ai-je envie de répliquer. La gorge sèche, je réussis néanmoins à répondre :

— Oui, quelques heures.

Un sourire satisfait vient décorer son visage lumineux. Je me sens tellement mal de lui mentir en continu et de lui dissimuler tant d'informations capitales... Je me révèle être la pire amie du monde et elle ne s'en doute même pas.

— Qui est l'hôtesse du soir ?

Elle hausse les épaules.

— Je crois que c'est la Baronne Tressediel et je suis certaine que c'est un grand bal dans la Salle du Diamant.

Nous échangeons un sourire entendu. Je n'ignore pas qu'elle joue la désinvolture tout en sachant très bien tout ce qu'il y a à savoir sur la fête, mais je trouve cela touchant. Elle prétend ne pas s'en soucier pour ne pas passer pour une courtisane frivole alors que les relations de société comptent beaucoup pour elle.