Celles qui Survivent [TOME 1]

o3. comme une envie de révolution

CHAPITRE 3
COMME UNE ENVIE DE RÉVOLUTION

" certains moments appellent à la révolte "

Il y a du bruit dans mes oreilles. Je me redresse dans un sursaut. Les images de sang et de jupons déchirés affluent dans ma tête sans que j'en comprenne le sens. Il me faut quelques instants pour me souvenir et je sens alors de la bile monter dans ma gorge. Je la ravale aussitôt, écœurée.

Tout à fait réveillée à présent, je bats des paupières pour chasser la nausée. Je suis dans ce qui semble être une infirmerie, avec une rangée de lits de chaque côté de la pièce.

- Pas trop vite.

Au ton mélodieux et clair de la voix, je comprends que c'est une jeune femme qui a parlé. Elle se lève dans un bruissement de jupes et se présente face à moi. Elle est jeune, fraîche comme le jour. À en juger par ses mains lisses et la légère rondeur de ses reins, elle doit être une Argentée.

- Je m'appelle Adryan, je suis l'infirmière du Centre. Tu vas mieux ?

J'avais vu juste. Par principe, j'ai envie de la détester, puisqu'elle a sans doute obtenu ce métier grâce à l'argent de sa famille plutôt que par travail intense et détermination féroce, mais elle semble si douce que je ne peux m'y résoudre.

Je tente de lever les jambes, l'une après l'autre, mais n'y parviens qu'en grimaçant.

- On peut dire que ça va mieux. Je n'ai plus l'impression de mourir.

Elle rigole un peu, sans être totalement convaincue.

- Tu as pris une bonne dérouillée. Tu étais avec la mère Merlot, pas vrai ? Elle est odieuse avec chaque personne qui croise son chemin. On la surnomme la Mémère.

J'étouffe un petit rire.

- Ça lui va bien. Comment se fait-il qu'elle puisse continuer à exercer ?

- Elle entretient une amitié durable avec un ministre de la Cour. Imaginez le scandale que cela ferait si elle était renvoyée.

Nous grimaçons de concert. Voilà ma première leçon : nouer des contacts avec des nobles hauts placés est primordial. Cela devra être un objectif dès ma première semaine à la Cour.