Celles qui Survivent [TOME 1]

l9. les mains sales

Tw : violence, mort, sang

CHAPITRE 19
LES MAINS SALES

" dans le monde où tout est rouge sang "

Ma suite est déserte quand j'y parviens, mais un mot est épinglé sur le modèle en cours.

Nausicaa va passer, sa femme de chambre nous l'a annoncé.
J'espère qu'elle va te trouver déguisée, ce serait très drôle. Tu me diras, hein ?
Clarance

Elle réussit l'exploit de m'arracher un sourire. Je me dépêche de me changer, sans même prendre le temps de me laver. Je le ferai après ; le plus urgent est que mon amie ne doit pas me voir ainsi. J'enfile une longue robe couleur bleu nuit qui couvre mes bras et m'installe dans le canapé.

Je ne parviens pas à retenir mes larmes plus de trois secondes. Mes nerfs lâchent, tout simplement. Je suffoque, je me nois, je bois mes pleurs comme d'autres boivent de l'eau. Les regrets, amers, me brûlent la poitrine. Par une nuit, une simple nuit trop alcoolisée, j'ai changé le regard que portait sur moi mon meilleur ami, l'homme auquel je fais le plus confiance, celui à qui je pensais pouvoir confier mon cœur sans qu'il ne le laisse s'écraser au sol. Après avoir perdu ma sœur et mes parents, je ne pensais pas souffrir à nouveau autant. J'ai l'impression que la mort elle-même arrache mes entrailles et mon espoir de ses doigts glacés. Quand Nausicaa frappe, je ne parviens même pas à faire semblant d'aller bien. Je vais lui ouvrir, fantôme triste aux yeux cernés, et elle pousse un cri d'effroi.

— Ma chérie, que s'est-il passé ?

Avec délicatesse mais fermeté, elle me prend par le bras pour m'entraîner sur le canapé, et je me couche la tête sur ses genoux sans cesser de pleurer. Elle me caresse les cheveux, rassurante, maternelle.

— C'est à cause d'un homme, pas vrai ?

Je ne peux que hocher la tête.

— Dis-moi son nom, que j'envoie quelqu'un lui faire du mal.