Le Pont Sous Les Étoiles // MiChaeng

Chapitre 7 : Couleurs

Les deux jeunes femmes étaient arrivées au domicile de la Coréenne, il y a un moment déjà. Chaeyoung avait demandé de l'attendre dans la chambre. Mina était donc allongée sur le lit, les yeux rivés au plafond. Elle le contemplait le regard vide.

Quelques instants plus tard, la jeune fille revint avec une poche de glace entre les mains. La Japonaise se redressa alors observant silencieusement Chaeyoung s'approcher.

La Coréenne attrapa la main de Mina avec douceur ne voulant pas lui procurer une douleur désagréable. Sa main était bien assez douloureuse.
Du bout des doigts, Chaeyoung vint déposer la glace sur les phalanges de la plus âgée.

Mina la regardait simplement faire. Après ce qu'il s'était passé, elle ne voulait rien dire. Elle n'avait pas envie de s'expliquer sur les propos qu'elle avait eu.
La jeune femme prit entre ses doigts la poche de glace, ce qui a permis à Chaeyoung de laisser plus d'espace entre elles.

- Je suis désolée...

- Hein ?

- Je suis désolée... Déclara à nouveau Chaeyoung, tête baissée.

- Les blessures sur mes mains sont entièrement de ma faute. Tu n'as pas à t'en vouloir. Prononça Mina, regardant l'état de sa main.

- Mais...

- Quoi ?! C'est toi qui as frappé la barrière ?! Non, alors ne t'excuse pas, idiote ! Dit froidement la Japonaise.

Chaeyoung baissa les yeux sur la main de Mina couverte d'une poche de glace. Son poing se ferma brusquement, elle aurait aimé éviter que la Japonaise ne se blesse. Elle voulait l'aider mais elle s'était blessée par sa faute. Elle ne savait pas vraiment comment agir avec Mina et cela la rendait triste. Elle se sentait impuissante...

- J-je... Ne refais plus jamais ça !

La Japonaise releva très rapidement la tête, cherchant le regard de la fille présente devant elle. Elle ne le croisa pas car ses yeux étaient plongés sur la glace. Mina inclina légèrement la tête sur le côté comme pour lui exprimer son incompréhension.

- Ne refais plus jamais ça ! Je ne veux pas que tu te blesses parce que la colère est trop grande pour être supporter ! Dit Chaeyoung en serrant les dents.

Mina afficha alors un léger sourire, un petit sourire sombre accompagné d'un soupir.
Chaeyoung fronça alors les sourcils quand elle entendit la jeune femme soupirer.

- Je suis sérieuse ! Arrête d'abîmer ton corps... ! Hurla Chaeyoung.

La jeune fille venait de dire cela, en fixant avec inquiétude la Japonaise. Mina la dévisagea, ce que la Coréenne ne comprit pas.

- Ridicule ! Avait dit la jeune femme en soupirant.

- Mina... Tu es magnifique... Alors, s'il te plaît... Prends soin de toi... Dit Chaeyoung accroupie, renfermant entre ses doigts les deux mains de la Japonaise.

Elle la suppliait du regard, elle voulait simplement lui demander d'épargner son corps car le fait que son âme soit tâchée de noirceur, c'en était déjà trop. Elle n'avait qu'une envie chasser les démons qui rongeaient ses pensées. Elle voulait simplement la protéger mais ne savait pas comment lui faire comprendre. Alors, la regarder tendrement et déposer ses doigts sur les mains de la jeune femme, semblait être la meilleure solution pour se faire comprendre.

Et Chaeyoung avait raison d'avoir fait cela.
Quand les doigts de la plus jeune vinrent effleurer la peau de Mina, celle-ci fut surprise d'observer un si doux regard venant de la Coréenne. Après tout, elle n'avait pas été très sympa.
Puis, lorsque les doigts de la jeune fille caressaient délicatement sa main tenant la poche de glace, Mina se sentit perturbée. Un sentiment agréable prit possession de son corps. Cela faisait tellement longtemps qu'elle ne savait plus ce que procurait ce genre de sensation. Quelques perles salées venaient d'apparaître le long de ses yeux. Ces larmes ne portaient aucune tristesse, seulement la joie de pouvoir savourer le goût de ce sentiment si agréable. La Japonaise venait de voir, pour la première fois depuis si longtemps, son cœur prendre des couleurs.

Mina venait d'apercevoir la lumière qui lui rendrait son éclat malgré les blessures qu'elle a pu encaisser. Elle comprit que la clé d'un futur moins sombre se trouvait devant elle.