Chapitre onze : The truth

1.8K 133 8
                                    

05h00.

         Ses yeux me tuaient à chaque fois qu'elle alignait ses reproches incessants. Elle m'avait laissé entrer, certes, dans son appartement où j'avais passé ma dernière nuit, mais sa voix était aussi brisée que son coeur. Elle était assise sur sa petite commode en bois foncé, ses jambes complètement nues, décorées de nombreux bleus qui avaient tourné au rouge. Son gilet tombait sur ses avants bras, laissant apparaître ses épaules qui supportaient le poids de nos erreurs mutuelles. Elle était pâle et si jolie, à tel point que la lune tentait de rayonner plus qu'elle, en vain. A mes yeux, elle était la seule lumière.


" Soane, sérieusement, t'en as rien à foutre de ce que j'dis? "


        Ses mots venaient planter un nouveau clou dans mon coeur. Ses mains tremblantes était posées sur ses genoux en proie à des petits spasmes. Sa tête était inclinée sur son épaule droite, et ses pupilles abritaient un univers d'étoiles magnifiques.


" Non, répondais-je en baissant la tête.

- Pourquoi tu es venue? soupira t-elle.

J'avais besoin d'être convaincue de vouloir rester ici, bredouillais-je en haussant les épaules.

- Et tu pensais alors que je te supplierai de ne pas suivre ton meilleur ami à l'autre bout du pays? Wow, lançait-elle sèchement.

- Non, j'ai pas besoin de tes mots. Elle se redressa et je plaçai nerveusement une mèche de mes cheveux derrière mon oreille gauche. Je... Je voulais tes yeux. Je voulais plonger mon regard dans le tien..

- Et me dire au revoir? souffla t-elle, nerveuse.

- Et me sentir bien, continuais-je. Me sentir chez moi. "



        Elle ne m'interrompait plus. Je luttai contre moi-même pour relever ma tête et oser affronter ses prunelles vertes qui n'attendaient que la suite pour me dévorer un peu plus.



" Quand... J'éclaircissais ma voix. Quand je les vois, tes yeux, tes... Tes beaux yeux d'un vert à en rendre jalouse les plus belles créatures du monde... Et bah, bégayais-je, j'en oublie le reste. J'oublie tous mes soucis, j'oublie qui je suis, d'où je viens, mon prénom, j'oublie même à quel point on peut se faire mal toutes les deux. La seule chose que j'oublie pas, c'est qu'ils appartiennent à la seule personne dont j'ai besoin dans ce foutu monde. Toi. C'est comme si tu étais mon monde, en fait. Et dans ce cas-là, ton regard serait l'océan. Et crois-moi, je donnerais tout pour me noyer dedans. "


        Elle ferma ses yeux pour retenir un sanglot et préféra tourner la tête à sa droite. Je ne voyais plus que sa chevelure dorée. J'approchai doucement.


" Non, prononça t-elle comme un étouffement."


        Elle avait levé sa main devant elle, sa paume tournée dans ma direction, me défendant d'avancer encore. Je posai à nouveau un pied devant l'autre.


" Soane, murmura t-elle. Arrête. "


        Je ne l'écoutai pas, préférant accélérer. Elle n'eut pas le temps d'ajouter autre chose que j'étais face à elle. Elle était toujours assise sur sa commode. J'étais debout, face à elle, et avais plaqué ses jambes de part et d'autres de mes hanches, tandis que je tenais fermement sa taille.


" Vas t-en, chuchota t-elle, au bord des larmes. "


        Je la tenais fermement et la collai un peu plus à moi. Je passai mon nez dans ses longs cheveux blonds. Sa respiration était saccadée. Lourde.


" Tu veux que je m'en aille? gloussais-je.

- Oui, rétorqua t-elle d'une voix fragile et inaudible.

- Alors je reste.

- Quoi?

- Si tu voudrais vraiment mon départ, tu m'aurais déjà repoussé. "


        Elle se figea.


" Pourquoi tu te caches derrière des mensonges?

- Je ne mens pas. T'es juste complètement ancrée dans tes illusions d'une débilité sans pareil. "


        Je relâchai un peu mon emprise. J'étais confronté à la vraie Ysia, la détestable blonde qui avait cambriolé mon âme pour devenir l'unique propriétaire de mon coeur.


" T'es définitivement enivrée par tes folies, ton désir de me voir t'aimer, mais je ne suis pas là pour réaliser tes fantasmes, Soane. Je ne t'aime pas.

- Comment tu peux m'accuser d'être folle alors que TU as commencé ce petit jeu?

- De quoi tu parles?

- De la pierre dans le champs de blé, de la cicatrice, du collier, des indices, des mouchoirs, déballais-je en tournant en rond dans la pièce, m'arrachant les cheveux.

- Quoi? m'interrogeait-elle avec sincérité.

- Tu as placé cette pierre dans le champs de blé en disant que tu m'avais volé un organe, accusais-je en perdant le contrôle de moi-même, et j'avais cette cicatrice sur mon ventre, et en fait tu as volé mon coeur de façon imagée, et tu t'amuses à m'envoyer toutes ces choses, le cheveu dans la boite, dans la boite bordeaux, il était blond, comme les tiens. Et puis, et puis le bordeaux c'est ta couleur préféré. Et le reste, tout ce-

- Je comprends pas ce que t'essaies de me dire, me coupa t-elle.

- C'est pourtant logique. Avoue-le, avoue que c'était toi, tout ça, toute cette énigme.

- Soane, se leva t-elle pour m'attraper doucement par les épaules, j'y suis absolument pour rien. Quand j'ai vu ta cicatrice hier, t'as pas voulu m'en parler. C'était la première fois que je la voyais. Elle était si imposante que j'ai pas pu m'empêcher de demander à Adriel si il savait d'où elle venait. Et il est resté très évasif. J'ai essayé d'insister mais il avait un regard fuyant et semblait vouloir m'endormir derrière ses mots.  Si il y a quelqu'un à qui tu devrais parler, c'est à lui, pas à moi. "

Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now