Chapitre un : Mirificus incipit

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« Les plus grands trésors sont invisibles à l'œil, mais trouvés seulement par le cœur.»


Trois jours s'étaient écoulés. La période printanière ne m'avait guère épargnée puisque mes allergies avaient reprises. Mais je n'en étais pas pour autant blasée, puisque cela m'avait permis de rater les cours et de poiroter dans mon lit pendant les dernières 72 heures. J'avais eu le temps. Le temps de réfléchir à ce message, de retourner dans tous les sens ce stupide caillou pour trouver où était la blague. Je n'avais parlé à personne de ces conneries, et ma cicatrice devenait plus simple à supporter. Une fois de plus, je faisais rouler le caillou dans mes mains. Mes empreintes commençaient d'ailleurs à s'y inscrire. J'entendais des pas dans l'escalier. Je (re)cachais mon précieux objet dans le tiroir de ma table de chevet, soufflant bruyamment, avant de me remettre au lit. Et quand ma mère franchie la porte, je pris l'air le plus fatigué possible pour la convaincre de me laisser mourir seule ici. Elle me sourit et s'asseyait au bout de mon lit.


Comment tu te sens ? m'interrogea-t-elle.

Bien.

Mieux?

Je crois. Je sais pas. J'ai l'air mieux?


Je toussais faussement en me grattant les yeux. Pitié que ça marche.


Oui, en tout cas tu as l'air assez bien pour te démener ainsi à me convaincre de te laisser croupir là, gloussa-t-elle.



Je soupirais, lui arrachant un gloussement.


Au fait, tu as reçu ça.



Elle me tendit un petit paquet bordeaux. Bordeaux. Je frottais mes doigts sur mes paumes en grimaçant, sentant presque le caillou entre mes mains. J'étais déstabilisée. Ma cicatrice me brûlait tout à coup. Je le portais à mes oreilles et le secouais brièvement, mais rien ne se fit entendre. Je me sentais suer. J'étais tellement absorbée par ce foutu paquet que je ne remarquais pas que ma mère était sortie. Génial... J'étais seule, confrontée à un nouveau piège qui n'attendait qu'un faux pas pour m'exploser en pleine face. Je caressais le papier qui enveloppait le cadeau. Des frissons courraient dans mon corps, de haut en bas. J'étais mal.



Allez Soane, tu peux l'faire, m'encourageais-je.



Je serrais les poings et déchirais le papier. A l'intérieur se trouvait une jolie boite dorée. Je crus m'évanouir tant mon souffle se coupait. J'ouvrais cette boite, peureuse. Et puis... Et puis rien. Cette boite était vide, paradoxalement à mon esprit qui, lui, bouillonnait d'intrigue. Alors quoi, c'est tout? Déçue, je la balançais violemment contre le mur. Je pris ma tête entre mes mains et massais mes tempes, les yeux fermés. C'est quoi ce bordel? Je comprends pas, j'ai rien demandé. J'ai jamais rien demandé. Je mordais mes lèvres avec puissance et tapais nerveusement du pied. Je tremblais encore, et je me creusais intérieurement pour essayer de comprendre. Mais non, rien. Rien ne me vint à l'esprit; rien.


Je saisis alors un bout de papier, et j'y gribouillais le message inscrit sur le caillou. Le seul sens qui me vint à l'esprit fut le suivant :

Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now