Chapitre trois : Aureus cincinnis

3.8K 143 16
                                    

Y a qu'avec toi que j'ai l'impression de me foutre de tout, d'être vivante et de m'en ficher royalement du reste. Et c'est effrayant parce que... j'me dis que le jour où tu partiras, je pourrais même pas me rappeler la sensation que j'éprouvais à chaque fois qu'un de tes sourires m'était destiné.



        Je me réveillais en sursaut, la bouche pâteuse et la tête douloureuse. Je frottais activement mes yeux pendant une trentaine de seconde avant de me redresser en m'appuyant sur mes coudes. Il était 7h00, c'est à dire l'heure de me lever pour aller en cours. Je m'asseyais au bord de mon lit, encore dans mon sommeil. J'avais rêvé de la journée d'hier : celle où j'avais perdu puis retrouver mes fétiches. Je savais d'ailleurs que le nouveau n'allait pas tarder à me surprendre. Je me levais et titubais jusqu'à la salle de bain. Je me lavais rapidement, m'habillais, resserrais l'attrapeur de rêves autour de mon cou et m'occupais de dresser ma tignasse lilas. J'appliquais ensuite la crème que l'inconnue m'avait offerte sur mes égratignures.



Aïe, fiou...



        Je soufflais sur les trois blessures qui ornaient ma cuisse et ma jambe droite, comme une enfant. Je déposais ensuite quelques pansements. Une fois prête, une boule au ventre revint conquérir mon estomac. 7h25, ça équivaut à l'heure où je découvrais chaque matin mon nouvel indice. Je m'avançais doucement dans ma chambre, une main massant mon ventre. Je soufflais bruyamment pour éviter que mes pulsations ne s'emballent. J'arrivais dans mon antre boisée qui était légèrement éclairée par quelques rayons blancs du soleil. Cependant, il n'y avait rien. Avant, les paquets passaient par ma mère, mais depuis quelques jours ils arrivaient directement sur mon lit. Perturbée, je soulevais la couette bleue qui trônait sur mon lit et la balançait, puis soulevait les oreillers, la housse de couette, les papiers sur mon bureau, mais rien. J'avais même regarder sous mon lit. Mais rien. Rien du tout, pas même une poussière qui pourrait présager le moindre signal.



Soane, tu vas être en retard ! me pressait ma mère.

J'arrive, j'arrive.


        Je sortais doucement de ma chambre en marche arrière, les yeux rivés sur chaque recoin de celle-ci. On sait jamais, peut-être que le colis était juste en retard. Non? Non. Je tournais le dos à cette pièce, descendais les escaliers, attrapais mon sac et offrais un baiser à ma mère.



Tu finis à quelle heure?

16h30, annonçais-je avec une grimace.

Les clés sont sous le paillasson, d'accord?

Yep.

Au fait, j'ai fermé la fenêtre de ta chambre cette nuit, il faisait trop froid, tu es dingue.



        Je riais et elle ébouriffait mes cheveux avant de me laisser quitter la maison. Une fois dehors, le soleil vint directement réchauffer mes jambes blessées. Je respirais un grand coup, esquissais un sourire et plaçais mes écouteurs dans mes oreilles.

Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now