S4 - Chapitre six : Des mots sur des maux

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10 jours avant la fin...



SOANE WILSON

J'avais essayé de la joindre tant de fois que je connaissais désormais l'annonce de son répondeur par coeur, lui que je n'avais que très peu côtoyé. C'était d'ailleurs le seul moyen dont je disposais pour profiter de sa voix cristalline. J'avais appris par Zayn que Tate l'avait accueuilli, le soir même de notre dispute. Il devait être satisfait, lui qui espérait tant la voir revenir. Encore une fois, nous avions échangé nos places. Ma vie sentimentale se résumait simplement à un jeu malsain qui consistait tantôt à être comblée, tantôt à être désarmée.



J'étais dans le même état que le jour de mon départ pour Denver. Le quai numéro 6 était toujours imprégné de mon angoisse ce jour là. Je m'étais sentie si vide. Si inutile. J'ai existé seule, pendant des années, et depuis qu'elle était entrée dans ma vie, voilà que j'étais désormais incapable de me retrouver juste avec moi-même.



Il était vingt heures quand je décidais enfin de sortir. Avec l'espoir de peut-être l'apercevoir. La nuit était tombée. Je passais devant plusieurs bars avant de me décider à rentrer dans celui où j'avais l'intime conviction de la croiser. Le barman me dévisagea quand je pris commande. Je n'étais pas maquillée; j'étais pâle et sûrement même sale. Il avait raison. Il avait raison parce qu'à sa place, moi aussi j'aurais eu peur de me voir dans ce piteux état.



YSIA SCOTT

Tate m'avait trainé dans ce pub miteux où les murs étaient décorés de néons rouges et de capsules de bières. Pendant que certains jouaient au billard, le châtain discutait avec Zain, à côté de moi. Je jetais un coup d'oeil à mon téléphone. 3 appels manqués. Tous de la même personne. Je caressai mon écran avec le revers de mon pouce avant de serrer mon poing gauche en mordant ma lippe inférieure. Je culpabilisai de la laisser sans nouvelles, mais c'était au-dessus de mes forces. J'étais incapable d'entendre sa voix en sachant qu'elle l'avait utilisé quelques mois plus tôt pour flatter l'égo d'Adriel.



" Tate, tu veux bien aller chercher à boire? proposa Zain.

- Hm... Ok, accepta-t-il difficilement, bien trop préoccupé par le fait de ne pas avoir un oeil sur moi. "



Il soupira avant de se lever. Le métisse, qui était assis face à moi, se pencha pour me parler. Le bar grouillait de monde.



" Arrête de te torturer l'esprit, Ysi. C'est elle qui a merdé, pas toi.

- Je fais de mon mieux pour ne pas me rendre responsable de ça, mais c'est tellement... Ca parait...

- Irréel? me coupa-t-il.

- Ouais... J'arrive pas à saisir le pourquoi du comment.

- Tu sais, parfois, c'est juste... Comme ça. Et pas autrement. Y a pas forcément de raison. Elle a sûrement pas réfléchi. C'était spontané. Mais ça n'excuse en rien ce qu'elle a fait.

- Je sais... Ouais, soufflais-je en massant mes tempes. "



Le balzané se rapprocha de moi, déposant sa main sur la mienne, elle même positionnée sur ma cuisse. Il tentait de soutenir mon regard.



" Ecoutes-moi. C'est ok. Tu as le droit de ne pas tolérer ça. Elle t'as fait du mal, je doute qu'elle mérite ton pardon.

- Je suis sortie avec Tate, puis Delilah, Sacha... Alors pourquoi est-ce que j'ai tant de mal à accepter l'idée qu'elle se soit également abandonné dans d'autres bras? demandais-je, blessée.

- Parce-que ces bras là sont les mêmes que ceux qui t'ont fait du mal quelques mois avant, répliqua-t-il en pressant doucement ma main pour me rassurer. Ce qu'Adriel t'as fait, c'est impardonnable. Tout comme ce qu'il a fait à Soane. Elle a choisi, je n'sais pas pourquoi, de passer l'éponge sur ça.

- En faisant ça, c'est comme si elle avait aussi tirer un trait sur nous. Sur moi, grimaçais-je, retenant un sanglot.

- Alors fais de même. Ne te blâme pas pour quelque chose qu'elle a fait elle, en son âme et conscience. "



Voyant que j'allais sûrement imploser, mon ami quitta sa place pour venir me serrer contre lui, nichant ma tête au creux de son cou.



" Pense à toi Ysia, préserve-toi, c'est tout ce que je te demande. "



Il déposa un baiser sur mon front et me cajola un peu plus contre lui, m'enveloppant presque dans sa chemise bordeaux.



" Merci de toujours avoir les bons mots, déclarais-je en me détachant de lui doucement. "



Il souriait avant que Tate ne revienne, transpirant et le regard plein d'interrogations face à mes yeux humides.



" T'en as mis du temps, fit remarquer Zain, amusé.

- Y avait plus de jus de fraise, et comme je sais que c'est ce qu'Ysia préfère, je suis passée à l'épicerie du coin pour en chercher une bouteille, expliqua-t-il en s'asseyant, reprenant sa respiration. "



Le métisse ne put retenir un gloussement avant de me lancer un clin d'oeil. Je ne pus que lâcher un sourire attendri en voyant à quel point le châtain faisait tout pour me faire sentir au mieux. Après tout, quoi de mieux qu'être entourée de deux amis prêts à tout pour me faire décrocher un sourire?



SOANE WILSON

Je la voyais rire, au loin, confortablement assise sur la banquette en cuir bordeaux du fond de la salle, amusée par les pitreries de Zain qui semblait en forme. Mon téléphone avait sonné à de nombreuses reprises, mais à aucun moment il n'avait s'agit d'Ysia. C'était juste Adriel. Il me harcelait littéralement, m'indiquant qu'il fallait que j'assure mes arrières si je ne voulais pas qu'il ne me détruise. Mais peu importe. Il pouvait bien le faire, à quoi bon? Il ne restait déjà plus rien à ruiner en moi, je m'étais déjà bien chargée de le faire en me décevant ma jolie blonde.  Je décidais de quitter le bar, ne supportant plus la vision de ma douce heureuse sans moi, alors que mon estomac me faisait à nouveau souffrir. 



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Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now