S4 - Chapitre cinq : Echec et mat

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YSIA SCOTT

J'ai toujours été surprise par la faculté qu'avait le monde a continuer de tourner alors que le mien s'était arrêté. Comme si l'univers entier se foutait de moi. C'est dans ces moments-là notamment, que je comprenais à quel point je n'étais rien. Juste une âme. Parmi tant d'autres. Si je n'étais plus là, après tout, qu'est-ce que cela changerait?



J'ai constamment la fâcheuse habitude de me poser des questions. Mon cerveau est continuellement en ébullition. J'éprouve une certaine culpabilité à cause de ça. Ca a l'air tellement facile pour les autres, vous savez, de se déconnecter un instant, de profiter simplement du présent, sans se demander si ils sont différents, si ils méritent leur place dans ce monde. Tout le monde le fait si bien.



J'ai marché longtemps. Le froid m'a saisit, il a prit possession de moi, pour se modérer à la même température que mon coeur désormais glacé. J'avais espéré qu'il congèle mes émotions. Juste ça. Qu'il paralyse mes pensées, pour qu'enfin, je puisse avoir un peu de répit. Que je puisse.... Juste souffler. Respirer. Sans être assaillie de questions, de reproches que je m'inflige chaque seconde.



Le ciel était paré de nuances violines, tirant sur le bleu foncé, avec quelques voiles de roses pâles, tandis que l'orangé du Soleil avait fini par céder sa place à l'éclat de la Lune. Les rues étaient plus calmes, l'agitation avait cessé. Comment avait-elle pu?



Mes pieds me faisaient atrocement mal, mais ils ne parvenaient pas à me faire oublier cette douleur intérieure - celle de mon coeur, tordu, baffoué, piétiné, otage de ce supplice qu'est la déception. Pourquoi l'avait-elle fait?



Je pouvais sentir mon corps réclamer la chaleur du sien, qui déjà lui manquait terriblement. Il était dans l'incompréhension. Je ne pourrais plus. Ce n'était plus ma place. Non. Je ne pourrais plus me blottir contre elle en sachant qu'Adriel avait eu la chance d'être cajolé ici. Pourquoi lui plutôt qu'un autre?




TATE LANGDON

Comme souvent, je sortais acheter quelques bouteilles avant la tombée de la nuit, en prenant soin d'être calfeutré dans mon sweat noir qu'elle avait tant aimé porté. Ce soir là, il restait encore quelques clients dans la supérette. Une personne était en train de faire passer ses articles tandis qu'un homme imposant attendait son tour devant moi.



" Il manque 10 centimes, Mademoiselle, expliqua la caissière avec peu d'empathie. "



L'homme devant moi semblait s'impatienter. Son pied tapotait le carrelage blanc de l'épicerie. Je me décalais vers la gauche afin d'apercevoir la "demoiselle" qui semblait mettre du temps à avancer les derniers centimes manquants. Mon sang ne fit qu'un tour. Je m'avançai instinctivement, sans vraiment réfléchir, sortant mon portefeuille de ma poche.



" Je vais régler, annonçais-je avec assurance. "

Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now