Chapitre cinq : Amorem arduus

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Assis-toi là.



        Elle m'indiquait une chaise grise, simple, éclairée par la seule fenêtre dont s'était accommodée l'unique pièce du cabanon.



Fais voir.



        Je n'eus pas le temps de lui présenter mes blessures qu'elle les bandait déjà, et je crois qu'elle bandait surtout mon  coeur puisqu'il semblait s'apaiser en sa compagnie. Mon dos transpirait de frissons à chaque fois qu'elle soufflait sur mes plaies.



C'est ton cabanon? demandais-je, intriguée.

Il n'est à personne, mais je viens souvent ici.



        Je souriais devant sa voix posée et fière de l'endroit où elle m'avait emmené. Je scrutais chaque recoin de la pièce, mais mon regard buta rapidement sur un objet de décoration : un tableau. Simple. Un tableau noir, orné d'une centaine de croix dorées. Il y en avait une, deux, parfois plus selon les jours qui trônait en haut de celui-ci. Je sentais qu'il refermait -tout comme mon hôte, d'ailleurs- milles et uns secrets.



C'est quoi?

De?

Le tableau. Je le montrais du doigt. Là.



        Elle se redressait et le fixait un long moment avant de se mettre debout, positionnée dos à moi.



Rien, expédiait-elle.



        Mon coeur éclatait en morceaux quand son ton froid parvenait à mes tympans. Peut-être avais-je, contrairement à elle, ré-ouverte une de ses profondes plaies qui ne demandait qu'à cicatriser. Je baissais la tête et jouais avec mes doigts. Personne ne parlait, seul le vacarme de la pluie mêlé à la colère des vagues grondait. Et quand le silence complet revint, je me sentais d'autant plus mal à l'aise. Je ne savais quoi dire, et je pensais que me taire serait le meilleur moyen de me faire oublier.



C'est l'heure pour toi de partir. Y a une navette. A cinq minutes, tout droit. De rien. Salut.



        J'allais la remercier mais elle leva la main, comme pour chasser ma présence. Je sortais, troublée. Et si les nuages s'étaient dissipés, c'était loin d'être le cas du bordel qu'elle foutait chaque jour un peu plus dans ma misérable tête.

Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now