9. WARZONE (PARTIE IX)

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J'avais besoin de m'assurer d'un fait avant de lui répondre.

— J'espère que tu sais que... tout ce qui s'est passé entre nous... C'était sincère pour moi, tu le sais ça ?

— Évidemment, répliqua-t-il en fronçant les sourcils. Pourquoi tu me demandes ça ?

— J'ai besoin que tu le gardes à l'esprit, parce que tu risques de ne plus me croire d'ici quelques minutes.

Il ouvrit la bouche pour protester, mais plusieurs coups frappés à la porte l'en empêchèrent.

— Ça va aller ? s'enquit-il en me tendant de nouveau la serviette.

Je hochai la tête, au bord des larmes.

— Écoute-moi, Enji. Peu importe ce qu'il a pu se passer, toi et moi, c'est... envers et contre tout, d'accord ?

J'opinai derechef. Il me laissa seule et repartit dans la chambre pour aller ouvrir. Je m'habillai le plus vite que j'en étais capable, brusquement inquiète de l'identité de notre visiteur. Est-ce que mon père avait envoyé quelqu'un venir me chercher ? Est-ce que le général Connelly était déjà au courant de la manière dont le traité avait été rompu quelques heures auparavant ? Ou était-ce uniquement une personne qui allait de toute manière retarder inévitablement ce que je devais dire à N.J. ?

Je me dépêchai de le rejoindre, au moment où il refermait la porte sur quelqu'un, une radio à la main.

— On a une retransmission de NGD en direct, m'indiqua Norin, perplexe.

Je sentis un poids tomber au fond de mon estomac. Les retransmissions étaient extrêmement rares d'un camp à l'autre. Il n'y avait que durant les cérémonies officielles ou les annonces exceptionnelles que l'on se donnait la peine de prévoir une diffusion par les ondes, malgré un processus inévitablement chaotique. Or, mon père détenait une information qui allait changer définitivement le cours de l'histoire.

— Il n'a pas perdu de temps, marmonnai-je en considérant l'appareil avec dégoût.

Il n'avait pas le droit de faire ça. C'était à moi, bon sang, à moi de le lui annoncer !

— N.J., il faut vraiment que tu saches que...

— Excuse-moi une minute, mais je ne peux vraiment pas me permettre de rater ça, expliqua-t-il en posant un baiser sur mon front, allant près d'une des fenêtres effectuer quelques réglages.

Le destin jouait contre moi. S'il n'était pas disposé à m'écouter, j'allais devoir attendre que mon père joue les messagers et attendre les retombées de la colère de mon compagnon. Qu'est-ce que ça change, au fond ? pensai-je subitement. Après tout, ce n'était pas comme s'il digèrerait mieux la nouvelle si elle venait de moi. J'allais enfin être libérée de mes mensonges, tant pis si le moyen semblait désastreux. Rien n'amortirait le choc, de toute façon. Et j'étais plus que curieuse de voir la manière dont le Général Adamson allait officialiser la guerre que j'avais déclenchée.

Citoyens, citoyennes d'Endless Rain, l'heure est grave, déclara la voix grésillante de mon père.

Les interférences étaient absolument odieuses à l'oreille, provoquées par la tempête qui se profilait. Norin s'assit sur la chaise qu'il avait tirée près de la grande fenêtre, tandis que je me penchais pour mieux comprendre ce que crachait la radio.

Un évènement sans précédent est venu troubler la paix que nous avons si difficilement établie, près d'une vingtaine d'années auparavant. Aucun d'entre vous n'ignore que le mariage censé unir les enfants de nos deux partis en une nation indivisible était prévu dans treize jours. Or, j'ai peine à vous dire qu'il n'aura, hélas, jamais lieu.



Media : War, Sum 41.

ENDLESS RAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant