6. WARRIORS (PARTIE IV)

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Je m'éloignai en plissant le front, alertée par une sorte de mauvais pressentiment qui n'augurait rien de bon. Mon sixième sens me trompait rarement, mais je n'avais plus vraiment tendance à l'écouter ces derniers temps. J'entendis la jeune fille près du micro lui demander qui j'étais, mais la réponse se perdit dans le flot des conversations.

Je me frayai un chemin dans la foule et m'engouffrai dans l'immeuble en question, de moins en moins bondé à mesure que je gravissais les étages. Un épais brouillard imprégnait le palier du troisième, à tel point que je finis par tousser bruyamment, au moment même où j'atteignais la source de cette fumée.

Je venais d'atterrir dans une sorte de « salon » improvisé, où un groupe de mecs à l'aspect pas très fréquentable fumaient des joints impressionnants. Toutes les ouvertures étaient calfeutrées à ce niveau et des feux brûlaient dans des bidons aux quatre coins de la pièce, rendant l'atmosphère absolument irrespirable.

— T'es qui, toi ? m'agressa subitement quelqu'un en me plaquant au mur.

Putain, ça allait devenir une habitude ! Je m'escrimai à desserrer la main qui s'était enroulée autour de ma gorge, sans succès. Je tentai d'articuler la première idée qui me passa par la tête.

— Je suis... une amie d'N.J., suffoquai-je.

— Sans déconner ? rigola celui que je devinai être le fameux Skane au milieu des volutes de fumée. N.J. n'a pas d'amie dans ton genre. Du moins, pas une que je ne connaisse pas.

Son bras fut brusquement tiré en arrière, me laissant enfin reprendre ma respiration. Je toussai à m'en décrocher les poumons.

— Putain, Iskander, tu vas arrêter de jouer au con ?

Entendre la voix de Monroe stoppa brutalement ma toux.

— C'est la copine d'N.J., mec !

— Tu déconnes ?

— J'ai l'air de déconner ? s'agaça l'autre.

Celui-ci m'attrapa par le coude.

— Bon, toi, tu viens avec moi, m'intima-t-il sur un ton qui ne souffrait aucune protestation.

— Attends, je dois savoir... tentai-je pourtant d'expliquer.

— Ça suffit, maintenant ! Suis-moi, je t'aiderai à trouver ce que tu cherches.

Il me ramena aussi sec à l'air libre, ce qui me soulagea dans une moindre mesure. À croire que je ne pouvais pas m'aventurer en terrain inconnu sans me faire agresser à tous les coins de rue.

— Bien joué ! m'énervai-je néanmoins.

— Un conseil, ferme-là, soupira-t-il.

Il se passa une main sur le visage, dépité.

— J'ai su que t'allais faire une connerie à la minute où je t'ai repérée en train de parler au binoclard. Heureusement qu'il m'a dit ce que tu cherchais avant que tout ça n'aille trop loin...

— J'avais besoin de lui, figure-toi ! m'emportai-je pour de bon.

— Ah oui, et on peut savoir pourquoi au juste ?

J'hésitai l'espace de quelques secondes.

— Je cherche quelqu'un, finis-je par avouer. C'est important.

— Je connais autant de monde que lui, voire même plus, contra-t-il avec un geste nonchalant de la main. Tu ferais tout aussi bien de t'adresser à moi.

— Je ne te fais pas assez confiance pour ça, lâchai-je en le fusillant du regard.

Il eut un rire bref.

— Parce que lui, il t'inspirait confiance en t'étranglant à moitié ?

— Peut-être pas, mais il ne semblait pas être au courant du déclenchement imminent d'une bombe, lui...

— Tu ne sais pas de quoi tu parles, m'avertit-il. Et je suis plus ou moins ton seul recours. À la manière dont tu choisis tes sources, je peux raisonnablement croire que tu ne connais pas grand-monde, ici.

Je pris le temps de réfléchir à ses paroles et dus me rendre à l'évidence. Je n'étais plus à un mauvais choix près, à présent.

— Je cherche quelqu'un qui se fait appeler Nyken, déclarai-je en croisant les bras sur ma poitrine. Dis-moi où je peux le trouver.

ENDLESS RAINWhere stories live. Discover now