8. I'LL BE DAMNED (PARTIE XIV)

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— Holley, gronda Blake lorsque celui-ci lui rentra dedans, calculant mal sa trajectoire. Si tu vas raconter ça à qui que ce soit, sois sûr que...

— Sois sûr que j'en ai rien à foutre, bailla-t-il à s'en décrocher la mâchoire. Elle pourrait aussi bien être la vierge Marie, de toute façon, je m'en fous.

Il vacilla sur place avec l'air d'être sur le point de s'endormir, avant de repartir d'où il venait, sans même vraiment savoir ce qu'il faisait.

— Ne t'en fais pas, assura Blake en balayant ce qu'il venait de se passer d'un revers de la main. Je le connais. S'il continue comme ça, tu peux être certaine qu'on le retrouve dans pas longtemps allongé dans un coin à cuver. Demain, il ne se souviendra plus de rien.

Je pris une profonde inspiration en réalisant tout à coup que peu importait. Après ce que j'avais fait, même tout ça ne semblait plus avoir d'importance.

— De toute façon... laissai-je planer.

— J'ai du mal à te saisir, admit Blake en s'appuyant de ses avant-bras sur le bord de ce qui avait autrefois dû servir de fenêtre.

— Je te retourne la pareille, répliquai-je en l'imitant. Qu'est-ce que vous voulez vraiment ?

— Je suppose que tu parles de la Résistance en général ?

— Oui.

— Le retour du roi, tout simplement. Qu'il soit enfin le bienvenu chez lui.

Je fronçai les sourcils.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? Que votre seul but, c'est de mettre votre propre chef à la place de ceux actuellement en place ?

Il secoua la tête avec sérieux.

— Quand je parle de roi, je veux dire le peuple. Enfin, ceux qui sont restés debout et qui se sont opposés à toute cette connerie de pouvoir.

Je faillis lui demander pourquoi ils avaient recours à de tels moyens dans ce cas, mais gardai ma question pour moi. Je préférai changer de tactique.

— Qui est votre meneur, au fait ? m'intriguai-je après une seconde de silence.

Je me doutais que le Chef à proprement parler ne pouvait pas être mon père. Il lui fallait toujours opérer ses coups foireux dans l'ombre de quelqu'un.

— Quelque chose me dit que tu es encore trop nouvelle pour mériter de le savoir, rétorqua-t-il avec un sourire malicieux.

— Ne t'inquiète pas, je suis une tombe, plaisantai-je en reprenant ses mots.

Où trouvais-je encore la force de plaisanter ? À croire que j'essayais désespérément de faire abstraction de ce qu'il s'était passé. Il éclata de rire.

— Je préférerais encore me jeter dans le vide tout de suite que de te le dire.

— Tu es sérieux ? me stupéfiai-je, ne comprenant pas ce qui le retenait de me l'avouer.

— J'ai comme l'impression que c'est moi qui finirais dans une tombe si je te le disais.

— Mais pourquoi ?

Il me dévisagea de la tête aux pieds, comme en quête d'une réponse.

— T'es quand même une Adamson, souligna-t-il avec un mouvement faussement désolé de la tête.

— Aïe ! Ça, c'est un coup bas. Sérieusement, tu ne veux pas le dire ?

— Laisse-moi réfléchir... me fit-il attendre en posant une main sur son menton. Hum... Non. Définitivement pas.

— Va te faire foutre ! ris-je malgré moi.

— Si ça peut te consoler, je ne crois pas qu'N.J. non plus ait encore vraiment saisi qui était le Chef. Et il est pourtant là depuis plus longtemps que toi.

— Tu parles d'une consolation, m'apitoyai-je faussement.

La mention de ce dernier me porta un énième coup au cœur, mais je m'efforçai d'en faire abstraction. Il fallait que je reste forte, au moins jusqu'à ce que nous ayons regagné l'Union Bleue. Car je ne comptais pas rester indéfiniment dans le mensonge. J'allais devoir tout lui avouer, et je n'osais imaginer le champ de ruines que j'allais laisser derrière moi.

— Tu en fais une tête, lança Blake en se redressant. C'est quand même pas si grave que...

Le sifflement qui nous frôla l'empêcha de terminer sa phrase. Il eut tout juste le temps de me jeter au sol, avant qu'une balle ne le percute de plein fouet. Les yeux écarquillés, il s'effondra sur moi.


Media : Faded, Alan Walker. 

Fin du chapitre 8

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