On en a longuement discuté avec Harone qui m'a expliqué les raisons de toute cette procédure. Personnellement, je n'ai pas besoin d'être religieux pour comprendre. Aujourd'hui, les hommes ne sont considérés comme tel que s'ils ont couché avec mille et une filles et une femme est considérée comme telle que si elle s'est abstenue avant le mariage. Triste société patriarcat... Personnellement, à vingt-neuf ans, je n'ai encore jamais eu de relation et ceci me convient totalement. Je ne ressens pas le besoin de coucher à droite et à gauche pour me sentir homme. J'ai toujours voulu attendre la bonne et tout partager avec une seule et même personne pour faire de l'expression « faire l'amour » une réalité.

Heureusement que leur travail respectif leur permette de travailler n'importe où et de pouvoir rester le temps qu'il faut auprès d'Allis. Je ne connais pas très bien la relation entre elle et Harone car on en a jamais parlé mais je sais qu'elle considère Stacy comme sa troisième sœur.

« J'ai laissé Allis pour la fin. J'ai prétexté vouloir changer et pour une fois commencer par la fin de l'alphabet mais ce n'était que pour pouvoir dépasser les vingt minutes que j'ai prévu pour chacune et faire comme si je n'ai pas vu qu'on a débordé. J'ai demandé à tout le personnel de ne pas venir nous déranger lors des entretiens et celui-ci ne sera pas filmé. D'où le fait que personne ne pourra, au bout des vingt minutes, mettre fin à notre entrevu.

Ça fait quelques minutes que nous nous baladons dans le jardin et je ne peux m'empêcher de l'observer du coin de l'œil. Elle sourit. Ces derniers temps elle le fait souvent. Sa première semaine ici a été très compliquée. Elle a été souvent de mauvaise humeur, Claudia et Ursula n'ont pas arrêté de venir à mon bureau pour se plaindre d'elle et je l'ai vu s'isoler très souvent. Je me suis demandé à ce moment-là si elle n'allait pas me demander d'arrêter la sélection même si, d'après le contrat qu'elles ont signé, elles n'ont pas le droit d'interrompre d'elles-mêmes la sélection. Cependant, évidemment que si l'une d'elle ne se sent pas de continuer je ne compte pas la retenir contre son grès. Si la clause a été mise c'est juste pour s'assurer du sérieux des candidates même si je ne sais pas si cela est suffisant...

_ Vous avez beaucoup d'amis ? me demande-t-elle soudainement me prenant par surprise comme toujours d'ailleurs.

_ Je n'en ai pas, je réponds en continuant de l'observer pour voir sa réaction et j'ai bien fait car elle s'arrête et se tourne très lentement vers moi la bouche grande ouverte.

_ Aucun ? s'étonne-t-elle.

Je secoue la tête tout en affichant un sourire amusé.

_ Vous, les gosses de riche vous êtes toujours entourés d'amis pour faire la fête et dépenser à outrance votre argent non ? dit-elle le ton léger avant de se mordre sa lèvre inférieure et de baisser la tête.

Je meurs d'envie de m'approcher d'elle pour lui déposer délicatement ma main sous son menton et pouvoir lui relever la tête pour libérer sa lèvre inférieure. Je meurs d'envie de coller mon front contre le sien et de juste apprécier ce contact. Je suis sûre que si je la touche je me brulerai.

_ Je suis désolée je ne voulais pas...

Elle ne finit pas sa phrase et se tourne pour faire me dos tout en continuant sa marche.

_ Je ne suis pas riche, je déclare alors que de nouveau elle s'arrête pour me regarder avec une petite moue.

_ Et moi je ne suis pas une femme, réplique-t-elle le ton ironique.

_ C'est possible, je réponds sur le même ton tout en agrandissant mon sourire.

Elle secoue la tête tout aussi amusée avant de me donner une tape sur l'épaule.

_ Vous êtes un prince donc automatiquement vous êtes riche... Je veux dire, il n'y a aucun mal à l'être. En tout cas si vous étiez pauvre vous ne vivrez pas dans un château.

_ Vraiment ? Il n'y a aucun mal à être riche ? Parce que j'ai l'impression que vous méprisez cette catégorie de personne.

Elle hausse les épaules tout en marchant à reculons sans que je ne sache pourquoi.

_ Ma meilleure amie est riche et je ne la méprise pas. Ce que je méprise ce sont les faux semblants.

_ Vous avez une meilleure amie ? Vous allez devoir me présentez la personne qui a survécu avec vous pour que je puisse lui remettre la légion d'honneur ! je dis sarcastique.

Elle me tire la langue avant de se tourner pour marcher normalement.

_ C'est plus comme une sœur qu'une meilleure amie. C'est la seule que j'ai et ça me convient parfaitement.

Le silence se fait où on décide de s'assoir sous un arbre pour profiter de son ombre. Elle inspire profondément tout en fermant les yeux et agrandir son sourire. Cette femme est vraiment sublime c'est incroyable.

_ Pourquoi n'avez-vous pas d'ami ? Est-ce un choix ou vous êtes tellement insupportable que personne ne peut vous blairer ?

Je lâche un petit rire tout en secouant la tête. J'aime beaucoup son franc parler mais je comprends aisément pourquoi elle n'a qu'une seule amie. Aujourd'hui, l'honnêteté n'a plus de place dans ce monde. Les gens sont tellement susceptibles qu'on ne peut plus rien dire.

_ C'est un choix.

Elle ouvre les yeux pour me regarder avec une intensité qui me déstabilise.

_ Monsieur le prince, je vous trouve bien trop parfait. Quels secrets cachez-vous ? Quels sont vos défauts ?

Cette fois, je lâche un rire franc avant de regarder au loin.

_ Peut-être que mon défaut c'est la perfection ? je réponds un sourire plus grand que mon visage.

_ Peut-être, dit-elle songeuse.

_ Et vous ? je demande après un petit silence.

Elle me regarde un sourire malicieux sur son magnifique visage.

_ Je vous laisserai les découvrir. »

Je vérifie une dernière fois que Stacy n'est plus à porter de vue pour me tourner vers la porte avant de soupirer un bon coup. Je toque une fois avant de poser ma main sur la poignée sans pour autant l'abaisser. Je soupire longuement une deuxième fois tout en fermant les yeux notre dernière conversation ne cessant de faire écho dans ma tête. Pourquoi a-t-elle accepté de me voir alors que j'ai été le dernier des imbéciles avec elle ?

Je chasse toutes les mauvaises pensées de mon esprit et actionne la poignée pour finalement entrée. Dès que je l'ai vu, je me suis instantanément dit que j'aurai préféré qu'elle n'accepte jamais de me voir...

Le Prince DéchuOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz