Le Prince Déchu

Chapitre 9

Le repas s'est déroulé en silence pour le plus grand damn du mec qui s'occupe de la télé. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé de relancer les discussions mais je pense que nous sommes toutes lessivées du cours de ce matin. D'ailleurs, contrairement à hier soir, la table a été dressée comme dans le cours. Si elles s'attendent à ce que je mange comme elles, alors clairement elles ont beaucoup trop d'espoir. Je regarde les autres qui ont l'air autant d'hésiter que moi. La seule qui a l'air sûr d'elle c'est Hélène ce qui me déclenche un regard blasé à son égard. J'avoue que pendant toute la durée du repas j'ai copié sur le prince pour connaître les couverts à prendre. Même s'il est loin de moi, je pense que j'ai réussi à ne pas trop mal m'en sortir.

Après le repas, Claudia et Ursula nous ont donné une heure et demi de pause dans la salle de détente et évidemment, à nous de faire attention au temps. Elles ne sont pas là pour faire les chaperons voyons ! Pourquoi alors sont-elles ici ? J'opte pour la torture mentale. D'ailleurs, je me demande bien ce qu'elles nous ont concocté pour cet après-midi. J'ai tellement hâte que la journée se finisse. Je suis vraiment épuisée et encore une fois, je me répète, mais nous ne sommes que le deuxième jour...

Après une heure et demi à rien faire à part écouter les filles papoter encore et toujours des mêmes sujets, nous finissons par rejoindre nos bourreaux dans la salle de torture et je ne peux m'empêcher de soupirer lorsque je vois la même table que ce matin. Ça recommence... Apparemment, n'étant pas satisfaites de notre prestation de tout à l'heure, elles vont continuer pendant toute l'après-midi à nous enseigner exactement la même chose.

Les filles s'appliquent plus ou moins à essayer de retenir la leçon alors que moi j'essaie de voir comment m'échapper de là. J'aurai vraiment du regarder Prison Break avec beaucoup plus d'attention. Au bout d'une éternité, Claudia nous demande de passer une à une pour vérifier nos connaissances et évidemment, la liste défile par ordre alphabétique. Je commence donc et les premiers couverts sont assez vite validés; là où j'ai du mal c'est sur les satanés cuillères ! Et effectivement je me trompe à presque toutes.

_ Franchement Allis vous êtes désespérante ! Ça ne me parait pas si compliqué ! Un singe saurait faire un meilleur score que vous ! s'agace Ursula alors que je lâche avec énervement les couverts qui sont dans ma main avant de me lever et de sortir de la salle me préoccupant très peu des demandes des deux sorcières qui me hurlent de revenir.

Je n'oublie pas dans ma colère de claquer la porte derrière moi avant de presque courir en direction des portes vitrées qui mènent au jardin et de m'arrêter nette devant elles. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Mon tempérament... Mon foutu tempérament me pousse à ne même pas respecter ma meilleure amie. Elle me fait confiance et je n'arrive pas à prendre sur moi pour l'aider sur son article. Même sans argent je devrai juste l'aider. Je suis très compulsive et j'ai du mal aves les règles dont je n'arrive pas à comprendre le sens. Je suis une scientifique donc logiquement, je n'applique pas bêtement les choses sans savoir pourquoi elles sont faites comme ça. Pourquoi je dois connaître le nom des couverts et leur utilité quand une simple fourchette, un couteau et une cuillère sont amplement suffisant pour manger ? Ou même juste les doigts sont suffisant. C'est plus fort que moi, j'ai besoin de savoir...

Je souffle tout en regardant le beau jardin qui se trouve devant moi. Des gardes sont postés non loin de là et ne m'accorde aucune attention particulière. Ai-je le droit de sortir sans autorisation ? Sûrement que cela a du être écrit dans mon contrat mais comme j'ai laissé le soin à Stacy de le lire pour moi, je ne saurai répondre à cette question. Je soupire une deuxième fois puis une troisième avant de tourner les talons et de sursauter lorsque je tombe nez à nez avec le prince. Comment se fait-il que les gardes n'ont pas fait leur révérence lorsqu'ils l'ont vu ? Ou peut-être l'ont-ils fait mais que je n'ai pas prêté attention à eux ou à ce qui se passait autour de moi.