Chapitre 20 : Héritage (Deuxième partie)

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Sache que tu as devant toi le Grand Forghorn, Prince des Elfes et Premier Souverain des Asgors ! fi-t-il en se redressant de toute sa taille et en me toisant.

-Très impressionnée, répondis-je sarcastique en tentant de lui cacher mon trouble. Un tas de cendre...

Pour l'instant, répliqua-t-il en haussant les épaules.

Son sourire froid me fit frissonner.

Je tentai de réprimer la peur qui enflait dans mon ventre : j'avais devant moi le plus puissant Asgor de l'histoire. L'homme qui avait mené une guerre longue de deux siècles contre les Elfes et qui avait été le premier à parvenir à maîtriser l'Obscurité.

-Que me voulez-vous, demandais-je en redressant la tête.

Simplement passer un marché avec toi.

Aïe. Ça sentait les emmerdes à plein nez.

Tu agis comme si tu étais menacée, remarqua-t-il en souriant. C'est inutile, je ne compte pas te faire le moindre mal !

Je l'avais dévisagé, étonnée.

-Vous n'allez pas me tuer, demandais-je.

Bien sûr que non, ri-t-il. Quelle drôle d'idée ! Nous sommes de la même famille, le même sang coule dans nos veines...

Cela aurait dû me réjouir, d'apprendre que ma vie n'était pas menacée... Mais au contraire, cela ne fit que m'inquiéter encore plus...

Je reculai donc à nouveau de quelques pas.

Je dois avouer que je suis d'ailleurs agréablement surpris, ajouta-t-il en faisant fi de ma réaction. Tu as l'étoffe d'une Sergala. Et je suis fier de te compter parmi mes héritiers.

-Je n'ai rien à voir avec vous, répondis-je avec hargne.

Ne joue pas à ce petit jeu avec moi, Merylia. Ne tente pas de me berner. Ne te mens pas !

-Je ne mens pas, répliquais-je.

Si, ri-t-il. Si, tu mens. A toi-même et aux autres. Depuis le début.

Je secouai la tête.

-Vous racontez n'importe quoi !

Tu sais bien que non, ricana-t-il. Tu le sais même mieux que moi. Au fond de toi, tu l'as déjà compris.

Il s'approcha de moi et plongea ses yeux de braise dans les miens.

J'ai lu dans ton cœur, petite fille, et dans ton esprit.

Il sourit froidement.

Tu as peur. Peur de me ressembler. Peur d'être toi-même.

Il fit demi-tour et soupira.

Et je dois admettre que tu as hérité de plusieurs qualités de ces fichus Elfes, hélas... Mais cela ne fait aucun doute, tu es l'une des nôtres !

-Vous vous trompez ! Je ne vous ressemblerai jamais !

Le peuple Asgor est le plus puissant, continua-t-il en m'ignorant totalement, c'est ainsi. Et la Lande a besoin d'un chef digne de ce nom. Notre lignée est la seule à pouvoir lui en fournir un ! Je comptais m'atteler à cette tâche, mais tu feras très bien l'affaire !

-Je suis une Fille de la Foudre, rétorquais-je. Je suis l'héritière du trône impérial de la Lande. Je n'ai pas besoin de votre aide !

Mais tu n'as aucune idée de la manière dont il faut gouverner un pays, se désola-t-il.

-Il n'est pas question que je dirige comme vous ! Vous êtes un tyran !

Il éclata de rire.

Peut-être bien... Et que tu le veuilles ou non, tu me ressemble plus que tu ne le penses.

Le sourire de Forghorn me donna la chair de poule.

J'ai vu la haine à l'état brut qui habitait ton cœur, susurra-t-il dans mon crâne, et j'ai gouté à ta rancune et à ta soif de vengeance. Je n'ai jamais sentis nulle part ailleurs de tels sentiments.

Je frissonnai. Il fallait que je trouve un moyen de m'enfuir !

Je sais qu'ils sont enfouis au plus profond de toi et que tu tentes de les dissimuler.

Il posa sa main sur mon épaule. Je sentis la froideur glaciale de ses doigts à travers ma cotte de maille. On aurait dit que sa main était faite de glace.

Laisse cette haine t'envahir, Merylia. Elle est la sève qui nous nourrit.

-Je ne m'abaisserai jamais à devenir comme vous, lui crachais-je à la figure. Je sauverai la Lande ! C'est écrit.

Oui, fi-t-il en haussant les épaules, j'ai entendu parler de cette dérangeante prophétie... Mais il y a diverses façons de l'interpréter... Et je suis persuadé que tu détruiras la Lande, Merylia, achevant ce que j'ai commencé !

-Il n'en est pas question !

Je crains que tu n'aies pas le choix... Tu es jeune. Tu ne comprends pas encore à quel point j'ai raison. Laisse toi faire et nous dominerons le monde ensemble.

-Jamais !

Bon. Tu l'auras voulu, soupira-t-il.

Il se retourna fit quelques pas vers le murs et se retransforma théâtralement, redevenant le nuage noir qui s'était échappé de l'épée.

Il s'éleva en une colonne de fumée et fit mine de m'attaquer.

Plus rapide que jamais, je saisi l'épée abandonnée à terre et me préparai à riposter.

Lorsqu'il fondit sur moi, je lui enfonçai la lame dans l'abdomen.

Et il tomba à terre, blessé.

Mais lorsqu'il releva la tête vers moi, il riait...


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La Fille de la Foudre, Tome 1 : la ProphétieWhere stories live. Discover now