Chapitre 8 : Voyage (Deuxième partie)

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-Le trajet durera entre un et trois jours, nous apprit Paolo. En fonction de la vitesse à laquelle nous marchons.

A l'air qu'eu Helena, je compris que le plus tôt serait le mieux.

-A priori, cette partie du chemin est sûre. Nous bifurquerons et pénétrerons dans la Forêt dans quelques kilomètres. Vous êtes prêts ?

Et nous avions entamé la dernière partie de notre voyage.

Pour arriver jusqu'ici, il nous avait fallu cinq jours de voyage. D'abord à pied, puis dans une charrette, puis de nouveau à pied.

Ce soir-là, avant de m'endormir, j'avais regardé les étoiles s'étaler dans le ciel de la Lande. Quelque part, au de-là des étoiles, dans une autre dimension, il y avait la Terre. Ma Terre. Là-bas, quelques heures avaient peut-être passées depuis mon départ ou peut-être plusieurs dizaines d'années. Je ne saurai qu'en y retournant... Mais je ne savais même pas si j'y retournerais un jour...

La Lande est un endroit fabuleux, rempli de mystères et de magie. Ici vivent des créatures aussi fantastiques les unes que les autres. J'avais rencontré des Elfes, j'avais appris que, depuis toujours, je vivais avec une Fée et que les Sirènes, les Centaures, et bien d'autres, tous ces personnages qui avaient rythmés mon enfance au travers de mythes et d'histoires qu'Helena me racontait, existaient pour de vrai.

Lorsque je m'endormis, ce soir-là, des dizaines de questions se bousculaient encore dans ma tête. Et toutes mes certitudes avaient laissé place à des remises en question. Je n'étais plus sûre de rien, mais j'étais sereine. Parce qu'au fond de moi je savais que j'étais de retour chez moi !

*

-Nous arriverons bientôt, affirma Paolo.

Depuis le début de l'après-midi, nous marchions sur un chemin escarpé qui devenait de plus en plus pentus. Les cailloux roulaient sous nos pieds et avaient plusieurs fois manqué de nous faire tomber. Or, à cette hauteur, il valait mieux que cela n'arrive pas.

Nous avions quitté Mioul à midi, le jour d'avant, et pourtant, j'avais l'impression que nous marchions ainsi, à travers la brousse, depuis une semaine !

Je ne sentais plus mes pieds ni mes mollets. Chaque pas était une torture.

Mais ne voulant pas être un poids pour les autres et donc, je soufrai en silence...

Non, je rigole.

Cela faisait deux heures que nous n'avions pas fait de pause et depuis, je n'avais pas arrêté de me plaindre !

«-Quand est-ce qu'on arrive ?

-C'est encore loin ?

-J'ai mal aux pieds !

-J'ai chaud !

-Je transpire ! C'est répugnant !

-On y est presque ?

-Je sens plus mes jambes !

-J'arrive plus à avancer !

-Je suis crevé ! »

Je n'avais pas arrêté.

Mais comment les autres étaient-ils parvenus à me supporter ? Si j'avais été à leur place, je n'aurais pas tenu !

J'adore me plaindre mais je ne supporte pas écouté les autres se plaindre. Je n'en suis pas fière mais maintenant, c'est trop tard, je suis inchangeable

*

Enfin, le nombre d'arbres avait diminué et nous avions pu contempler le ciel de fin de journée.

-Dans une demie heure, nous promit Paolo, nous aurons franchi les portes d'Eliterra. Et vous verrez, ajouta-t-il en souriant, vous n'avez jamais rien vu d'aussi beau !

Et il avait raison...

Une dizaine de minute plus tard nous arrivions à la fin du chemin. Nous nous trouvions au sommet d'une petite montagne. En contrebas, dans toute sa splendeur, se dressait la Cité Elfe.

Je n'avais jamais rien vu de tel ! Le spectacle qui s'offrait devant nous était d'une beauté à couper le souffle.

La Cité Elfique était encore plus belle que ce que Paolo nous avait dit : entourée de hautes murailles d'une blancheur éclatante, et éclairée par le soleil de midi qui se reflétait sur les bâtiments en pierre de calcaire.

Les villes humaines étaient bruyantes et animées. Des centaines de personnes y passaient chaque jours. Eliterra, elle, n'avait rien de semblable. Tout d'abord, elle ne ressemblait pas vraiment à une ville. Devant et derrière les remparts, d'immenses et profondes douves avaient été creusées dans le sol. L'eau était claire et limpide mais d'où nous étions, il était impossible d'en voir le fond. Et les herbes aquatiques qui y poussaient ne me disaient rien qui vaille.

Et puis, de l'autre côté des remparts, au bord des douves intérieures, se dressait la citadelle. Elle était tellement grande qu'il faudrait sûrement plus d'une vie pour la visiter entièrement.

Des milliers de fenêtre perçaient les imposants murs qui la constituaient. Il devait y avoir des milliers de famille qui vivaient dans un tel endroit. Des jardins et des lacs étaient visibles depuis notre perchoir. Nous étions arrivés au sommet de la falaise et un petit escalier raide et d'une sûreté douteuse longeait les parois et descendaient jusqu'en bas. De là où nous étions nous pouvions voir la vie grouiller à l'intérieur d'Eliterra.

Il y avait une véritable ville à l'intérieur de ce qui – à première vue – ressemblait à un immense château.

-La ville est construite d'une manière stratégique, nous apprit notre guide. Si on les attaque, les Elfes n'ont qu'à bloquer toutes les issues que comporte la ville et refermer le toit de la citadelle.

-Refermer le toit de la citadelle, répéta Michaël incrédule.

-Les Elfes sont de puissants magiciens, répondit notre guide en haussant les épaules, pour eux, rien n'est impossible.

-Vous semblez les avoir en grande estime, sourit Helena.

-Ce sont des créatures formidables ! J'ai appris bien plus de choses à leur contact qu'à celui des humains.

La descente s'était avérée délicate mais moins difficile que prévu. Une dizaine de minutes plus tard, nous étions en bas.

-Ça valait bien la peine de monter, plaisanta Michaël une fois en bas.

Paolo sourit.

-Contourner la montagne nous aurait pris bien plus de temps, fit le guide.

-Et malheureusement, fit Helena en retrouvant sa mine soucieuse, du temps, nous n'en avons guère.

Elle tendit la bourse à Paolo.

-Merci pour tout. Ça a été un plaisir !

-Pour moi aussi, fit le jeune homme en souriant. Au revoir !

Nous lui dîmes au revoir et lui souhaitâmes bon retour puis nous engageâmes en direction de la Cité Elfe. Une fois le petit bois qui s'étendait devant nous traversé, nous serions devant...

J'avais hâte !

*

Les Elfes avaient été fort surpris d'avoir la visite d'une Fée, d'une Ganlesh, de deux humains et de ... euh ... moi (à vrai dire, je ne sais pas vraiment ce que je suis... Une Asgore ? Une Elfe ?) mais ils nous ont bien accueilli.

Eliterra était un paradis ! Là, se mêlaient harmonieusement verdure, points d'eau et habitations, les Elfes vivaient calmement et simplement et dans les rues, résonnait un air de flûte.


La Fille de la Foudre, Tome 1 : la ProphétieWhere stories live. Discover now