Chapitre 16 : Dangers (Deuxième partie)

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Et puis enfin, était venu le jour où j'étais parvenue à battre Maître Akiro !

Bon, j'avoue que ce n'était pas une vraie victoire parce qu'il avait été déconcentré par un élève qui lui avait posé une question, en plein milieu du combat et que j'ai profité de sa déconcentration pour le désarmer... mais c'était quand même extrêmement jouissif !

A partir de là, mon Maître avait décrété que j'avais le niveau et avait organisé de petits combats. Je me battais contre lui, contre Jale, contre Walter ou contre Ayden et parfois contre certains de ses élèves qu'il choisissait personnellement.

Je gagnais rarement.

Mais j'apprenais énormément et je m'améliorais chaque fois un peu plus.

Ce que j'adorais aussi, c'était le tir à l'arc.

Privilégiant mon entraînement au combat à l'épée et au développement de mes pouvoirs, Maître Akiro n'avait pas pris le temps de m'apprendre à manier une lance, un poignard, un arc ou que sais-je encore.

« -Car c'est du temps qu'il nous manque, avait déclaré Maître Akiro. Et c'est la seule chose dont nous avons besoin. »

C'est pour ça que les Warens s'en étaient chargés !

Jale et Walter avaient rapidement obtenus la permission exclusive de m'entraîner durant les heures de cours. Et je m'étais vite révélée très douée.

-Les Elfes ont ça dans le sang, avait ri Walter. La plupart d'entre eux sont des tireurs formidables alors qu'ils n'ont jamais appris à se servir d'un arc.

J'ai eu un peu plus de mal avec la lance et les couteaux à lancer, mais j'étais vite parvenue à maîtriser ces nouvelles armes également.

Le sabre, ça allait. C'était un peu pareil que l'épée...

La hache par contre, c'était une catastrophe. Même la plus légère de toutes, je n'arrivas pas à la manier correctement !

Mais on ne peut pas être bon en tout...

J'avais aussi fini par m'habituer aux « Votre Altesse » et aux révérences. J'étais parvenue à me faire à l'idée...Tout semblait aller pour le mieux.

Malgré les cauchemars qui me hantaient depuis quelques temps et dans lesquels un tourbillon de cendre me poursuivait, m'étranglait et me recouvrait, me transformant en un monstre à la peau couleur charbon et aux yeux rouge sang, et malgré la menace constante qui pesait sur nos têtes et les soldats qui quittaient tous les jours la ville pour se rendre au front.

La guerre n'avait pas encore commencé, et des centaines de gens étaient déjà morts... Je me demandais parfois si nous sortirions un jour de cette histoire. Et si nous vivrions assez longtemps pour voir la guerre se terminer...

*

Il faisait noir.

Tellement noir que j'étais absolument incapable de distinguer le décors qui m'entourait.

Il ne faisait ni froid, ni chaud, ni sec, ni humide, il n'y avait aucun bruit, aucune trace de vie. Il n'y avait rient. Absolument rien.

Et puis soudain, une bougie s'alluma devant moi.

Une bougie blanche sortie de nulle part au bout duquel brillait timidement une petite flamme.

Je m'en emparai pour pouvoir m'éclairer, mais à la seconde ou je posai la main sur l'objet, celui-ci tomba en poussière dans un bruit de perles se répandant sur le sol.

Changement de décors.

J'étais à présent dans une grotte humide au sol recouvert de flaques d'eau et de mousses qui s'enfonçaient sous mes pieds.

Au fur et à mesure que le temps passaient, les flaques s'élargissaient. Jusqu'à devenir immenses. Jusqu'à ne former qu'une seule et unique flaque qui recouvrait toute la superficie de la grotte.

Et puis soudain, l'eau se mit à monter.

Rapidement.

Si je ne me sauvais pas je finirais noyée !

Hélas, j'étais incapable de bouger : mes pieds s'étaient enfoncés dans le sol qui était en fait, fait de vase...

J'étais prisonnière !

Et le volume d'eau continuait d'augmenter.

Paniquée, j'avais tenté de m'extirper de la boue mais je n'étais parvenue qu'à m'enfoncer un peu plus.

J'étais tombée à la renverse et m'étais affalée dans l'eau sale.

Seulement je n'avais eu aucun mal à me relever, la vase m'avait libérée.

Nouveau changement de décors.

J'étais maintenant dans le salon de la maison d'Ofelya.

Mais il n'y avait plus aucun meuble nulle part. Juste du parquet vernis et un immense miroir.

Je sursautai violemment en y distinguant mon reflet : j'étais couverte de boue. Une boue noire et nauséabonde qui collait à mes cheveux et à mes vêtements.

Je tentai de la retirer mais au lieu de s'en aller, elle se fondit en moi, donnant à ma peau une teinte noire.

Chaque millimètres carré de peau était à présent d'une couleur ébène et dans mes yeux s'étaient allumée une flamme rouge et terrifiante.

J'avais hurlé de terreur.

Mais mon cri s'était rapidement transformé en rire. Un rire diabolique.

Et de ma bouche s'étaient échappé une nuée d'insectes qui s'étaient mis à voleter dans tous les sens et qui, au fur et à mesure que le temps passait, étaient de plus en plus nombreux.

Afin de ne pas mourir asphyxiée, j'avais couru jusqu'à l'unique fenêtre que comportait la pièce et je l'avais ouverte en grand.

Et à mon grand soulagement, les insectes s'étaient envolés par la fenêtre.

Mais ils n'avaient pas disparu dans la nature, comme je l'aurais espéré.

Au contraire, ils s'étaient attaqués à tous ce qu'il se trouvait dehors. Les animaux, les gens, les maisons, les plantes.

Toujours de plus en plus nombreux, ils se posaient sur leur proies et la recouvraient entièrement.

Ils ne lâchaient prise que lorsqu'il ne restait d'eux qu'un tas d'os ou de poussières.

Je leur avais crié d'arrêter, de laisser ce monde tranquille.

Et une voix m'avait répondu « C'est toi qui a ouvert la fenêtre... Tout est de ta faute ! ».

Ensuite de violent tremblement me secouèrent et j'ouvris les yeux.

Charlotte était en train de me secouer comme un prunier et murmurant mon nom.

-Enfin tu te réveille, fit la jeune Ganlesh, soulagée. J'avais peur de ne jamais réussir à te sortir de ce cauchemar...

-Que s'est-il passé, lui demandais-je.

-Tu gémissais et tu poussais des cris, répondit Charlotte. Ça va ?

Je hochai la tête.

-Oui ne t'inquiète pas. Merci.

La jeune fille hocha la tête, me déposa un petit baiser sur le front et retourna dans son lit.

Quant à moi, je remontai mes couvertures sur ma tête et frissonnai.

Quel affreux cauchemar !

Et le problème, c'était que ce n'était pas le premier !

Il faudrait que j'aille en parler à Luula un de ces jours...

J'avais respiré doucement et avait tenté de me calmer.

Quelques minutes plus tard, je dormais à nouveau...


La Fille de la Foudre, Tome 1 : la ProphétieWhere stories live. Discover now