La Fille de la Foudre, Tome 1 : la Prophétie

Chapitre 20 : Héritage (Deuxième partie)

La flaque qui s'étendait devant moi avait triplé de volume depuis que je l'observai.

J'avais perdu toute notion du temps.

S'étaient-ils écoulés des heures ? Des jours ? Ou simplement des minutes ?

Dehors, les combats faisaient-ils toujours rages ? Ou avaient-ils pris fin ?

Qui avait gagné ?

Les Orcs ? Les Elfes ?

Mes amis étaient-ils toujours en vie ?

Et Helena ?

Et les Warens ?

Et mes grands-parents ?

Et mon Ayden ?

Les questions se bousculaient dans ma tête, sans me laisser de répit.

Je me demandais comment il était possible d'être si calme, si immobile à l'extérieur et que tout soit si mouvementé à l'intérieur.

Et puis soudain, la caverne avait été secouée de tremblement.

J'avais sursauté violemment et m'étais immédiatement mise debout.

Il me semblai de la pierre bougeait devant l'entrée de la caverne.

Et qu'un hurlement guttural avait résonné, derrière...

Prise de panique, je m'étais jetée sur le côté et avait saisi l'épée, espérant pouvoir m'en servir pour me défendre à défaut d'une de mes armes que j'avais perdues durant la course poursuite effrénée qui m'avait attirée ici.

Mais à peine l'eu-je saisie, qu'elle m'échappa des mains et tomba sur le sol avec un bruit fracassant.

Il s'en échappa alors une nuée sombre qui s'éleva en spirale jusqu'à occuper presque tout l'espace de la petite caverne.

Les tremblements cessèrent, mais mon petit doigt me dit que j'aurais bientôt à m'inquiéter d'un problème bien plus grand...

Le tourbillon noir recouvrit les murs en bourdonnant – un bourdonnement infernal semblable à celui des abeilles, mais aussi à celui d'une foreuse électrique – et puis, il prit alors la forme d'un homme.

Un Asgor, manifestement.

Grand, beau et athlétique. Ses longs et lisses cheveux noirs encadraient son visage d'une pâleur irréelle. Ses yeux gris étaient perçants et intimidants. Ses traits frôlaient la perfection, il était si beau que c'en était envoûtant. Il se tenait droit, en face de moi, habillé de velours et de soie finement travaillée.

Il semblait réel... A quelques détails près.

Dans son regard brillait un feu rougeâtre et inquiétant, il ne clignait jamais des yeux et ne projetait aucune ombre sur le sol.

Merylia...

Je sursautai brusquement.

L'Asgor n'avait pas ouvert la bouche !

Sa voix de glace avait résonné directement dans ma tête !

Enfin je te rencontre !

La voix de l'Asgor était mélodieuse et douce.

Mais elle sonnait faux.

Il y avait de la haine et de la méchanceté dissimulée derrière ce timbre cristallin.

Si tu savais depuis le temps que j'attends ce moment ! jubila-t-il.

Je reculai de quelques pas. M'éloignant de l'effrayant personnage.

Il inspira longuement une bouffée d'air et soupira d'aise.

Ton grand-père était sur le point de me ramener à la vie lorsqu'il a perdu la sienne, soupira-t-il dans ma tête. Un accident regrettable !

Etrangement, la déception qu'on entendait dans sa voix semblait sincère.

C'était un grand homme ! Et il a failli réussir l'impossible ! Mais cette petite gourde d'Alyania a tout fait raté !

-Il s'agit de ma mère, répliquais-je, hors de moi, je vous interdit de parler d'elle ainsi !

Elle était faible ! Assez faible pour tomber amoureuse d'un Elfe, répliqua l'homme d'une voix dégoûtée.

-Ils étaient des âmes sœurs !

Balivernes ! s'énerva-t-il. Ces histoires d'âmes sœurs ne sont que des comptes pour enfants !

Une grosse pierre éclata au-dessus de notre tête, causant une chute de centaines de petits cailloux. Je me protégeai tant bien que mal à l'aide mes mains.

Mon interlocuteur inspira profondément pour se calmer.

Puis rouvris les yeux et afficha à nouveau son sourire affable et terrifiant.

-Mais qui êtes-vous, demandais-je.

Tu ne l'as pas deviné ?

Si. En fait, je le savais. Mais je voulais l'entendre me le dire...

Sache que tu as devant toi le Grand Forghorn, Prince des Elfes et Premier Souverain des Asgors ! fi-t-il en se redressant de toute sa taille et en me toisant.