Chapitre 5 : Le Manoir

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Le chemin fut long...

Pendant plusieurs heures encore, les champs de blé ou de mauvaises herbes et les vergers regorgeants de fruits ou les verts pâturage où mangeaient les bestiaux, ont défilés, semblables.

Dans cette grande voiture qui filait à toute allure vers une destination inconnue, à part les brefs chuchotements qui animaient parfois Helena et Sandrine, il régnait un silence de plomb.

J'avais du réprimer plus d'un soupir d'ennui.

Maintenant que le danger était écarté, Helena avait ralenti son bolide et nous roulions à présent à une cadence normale.

J'avais eu le temps de contempler l'astre solaire, auréolé de mille couleurs teintées de pourpre et d'écarlate, se lever et les oiseaux, sortir de leur sommeil et se mettre à chanter à tue-tête. J'avais également eu le temps de réciter dans ma tête les paroles complètes de toutes les chansons que je connaissais et de compter cinq fois jusqu'à dix-mille.

A côté de moi, Charlotte et Michaël restaient tout aussi silencieux.

Je me demandais à quoi ils pouvaient bien penser dans un moment pareil. Eux qui connaissaient l'existence de cet univers étrange.

S'attendaient-ils à vivre quelque chose de ce genre ?

Rien n'était moins sûr.

Plusieurs heures plus tard, le décor campagnard laissa place à la ville, éclairée à la lueur des lampadaires.

Bien qu'il soit tôt, de nombreuses voitures circulaient déjà sur les chaussées.

Un regain d'énergie me saisit.

Je contemplai avec mélancolie les enseignes lumineuses qui clignotaient, attirant le regard, et les magasins qui s'ouvraient, un à un.

La ville.

Enfin !

Je commençais à douter de son existence après ces longues heures à rouler à travers la campagne.

J'aurais espéré qu'Helena s'arrête et nous emmène au restaurant. Je priais silencieusement pour que nous ne quittions pas la ville. Pourquoi ne pas s'arrêter dans un hôtel pour reprendre des forces avant de rentrer à la maison ?

Mais, évidemment, vous vous en doutez, nous avons continué de rouler, traversant la ville à moitié endormie.

Et nous l'avions quittée, une cinquantaine de minutes plus tard.

La vie, les lumières, les odeurs, la chaleur, tout signe d'existence humaine avait disparu d'un coup, sans prévenir. Et nous nous retrouvions à nouveau à longer des verts pâturages qui s'étendaient à perte de vue. Si loin qu'ils semblaient ne pas avoir de fin.

J'avais de plus en plus sommeil.

Mon esprit torturé criait supplice. Mais je refusais de me laisser aller à l'obscurité. Je ne voulais rien manquer. Il y avait déjà trop de secrets. Pas question de leur permettre de s'en échanger de nouveaux. Cette fois-ci je serai dans la confidence !

La journée d'hier avait été fatigante, nous avions tant marché, Charlotte et moi, qu'en rentrant, nous nous étions écroulées sur son lit et y étions restée une bonne trentaine de minutes, sans nous décider à bouger.

De plus, je n'avais pas dormi de la nuit.

Et mon cerveau réclamait ses heures de sommeil.

Je n'étais pas une grande dormeuse, je n'avais pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil. Mais lorsque j'étais fatiguée, j'avais très dur à lutter contre.

La Fille de la Foudre, Tome 1 : la ProphétieKde žijí příběhy. Začni objevovat