Chapitre 19 : Guet-apens (Première partie)

2.7K 307 6
                                    

Je ne suis pas vraiment spéciale,

Je ne suis pas extrêmement drôle,

Ni particulièrement belle,

Ni incroyablement intelligente,

Et ma vie était banale à crever !

Bien sûr, beaucoup de choses ont changées depuis ces derniers mois.

Trop de choses.

A présent, il y a des dizaines et des dizaines d'informations et de révélations qui me tombent dessus en même temps, toute plus extravagante les unes que les autres.

J'ai troqué mes craintes idiotes de collégiennes (du genre : « Qu'est-ce que je vais mettre à la fête de samedi ? ») contre des problèmes existentiels (du genre : « Comment ne pas mourir dans les prochaines vingt-quatre heures ? »).

Je devais, à présent, envisager toutes les possibilités...

En sachant que si je mourrais, c'est l'avenir de tout un peuple qui mourrait avec moi.

Ma vie d'avant me semble si loin que j'ai du mal à croire qu'il y a quelques mois, je rentrais au collège pour ma quatrième année, qu'il y a quelques mois, les frères Warens sont entrés dans ma vie...

Et que, depuis, plus rien ne tourne rond !

Sortir de la ville fut un jeu d'enfant !

Plus aucun soldat ne gardait l'entrée et personne d'autre ne faisait attention à nous.

Qui se soucierait des gamins que nous étions alors qu'au dehors, un violent combat faisait rage ?

« -Tu es complètement folle, m'avait reproché Charlotte.

-Je ne peux pas à rester ici sans rien faire pendant que nos semblables se font massacrer, avais-je rétorqué.

-Mais on ne peut rien faire, avait argumenté Ofelya.

-Moi je peux, avais-je répondu. J'ai ça.

J'avais allumé un globe électrique dans ma main avant de le faire disparaitre aussi sec. Pas le peine de se faire remarquer...

-Et que compte tu faire, au juste, avait demandé Liam. Te rendre sur le front, envoyer quelques décharges, dégommer quelques Orcs et puis rentrer prendre un bon bain ?

-En gros, c'est ça, acquiesçais-je en souriant. Mais je crois que j'opterais plutôt pour une douche... C'est moins de gaspillage.

-Ça me branche, avait-il sourit.

-Toi aussi tu es fou, avais fait Charlotte.

-Mais ça, avait souri Fay, ce n'est pas nouveau !

Les trois filles avaient levés les yeux au ciel et les garçons et moi avions éclaté de rire.

J'avais besoin de rire. Ça m'aidait à relâcher un peu de cette insupportable pression qui me nouait la gorge et le ventre depuis plusieurs longues minutes...

-Je comprends ce que vous voulez dire, avais-je dis aux filles, une fois calmée. Et j'aurai été totalement d'accord avec vous dans d'autres circonstances... Mais là, je ne peux pas me permettre d'être de votre avis ! On me destine à régner sur ce monde... Ce n'est pas encore gagné. Je risque de causé encore quelques petites catastrophes avant de parvenir à diriger correctement cette contrée. Mais c'est mon destin ! Dans ces circonstances, comment pourrais-je une seule seconde envisager d'abandonner mon peuple ?

Ils avaient hochés la tête, comprenant ce que je voulais dire.

-Vous voyez, avait souri Liam, je vous avais dit que notre Merry avait l'âme d'une Reine.

-Félicitation, avait commenté Ofelya apparemment pas enthousiaste du tout.

-L'un des blessés de l'infirmerie m'a dit que c'était le chaos là-bas, leur avais-je expliqué. Nous devons leur porter secours, leur apporter tout l'aide que nous serons capable de leur apporter. Ou du moins, je dois le faire.

Ils avaient soupiré à l'unisson.

-J'imagine qu'il n'y a aucun moyen de te convaincre de renoncer, avait supposé Fay.

-Non, avais-je répondu. En effet. C'est peine perdue.

Le silence qui s'était installé fut rompu quelques secondes plus tard par Liam qui avait déclaré :

-Je t'accompagne ! »

Seulement, à peine prêts, nous fûmes confrontés à un petit problème : il n'y avait plus un seul cheval dans les écuries. Ni dans celles de l'Académie, ni dans celles de la ville.

Un petit problème qui, heureusement, avait une solution : Ofelya !

La jeune Elfe ensorcela deux pantins de bois – qui servaient d'habitude aux entraînements – pour qu'ils tirent la charrette dans laquelle nous nous étions installés

-Tu es formidable, Ofelya, la complimenta Liam tandis que nous filions vers le champ de bataille.

-On est en train de faire une bêtise, soupira l'Elfe.

Mais Liam l'ignora et poussa un cri de joie tandis que la charrette était secouée dans tous les sens.

-Il n'y a vraiment que toi pour aimer ce genre de truc, fit remarquer Joy, au bord de la nausée.

Notre ami éclata de rire et leva ses mains en l'air en s'exclamant :

-Plus vite !

Je les regardais discuter sans réagir. C'était le vide dans mon esprit.

Je ne parvenais pas à réfléchir.

Je ne me rendais pas bien compte de ce que j'avais fait... De ce que j'étais en train de faire...

« Ne fais pas de bêtise » m'avait demandé Jale, quelques heures plus tôt... Etais-je en train de faire une bêtise ?

Assurément.

Mais était-ce forcément pour cela que je me trompais ?


La Fille de la Foudre, Tome 1 : la ProphétieWhere stories live. Discover now