Chapitre 1 : Subconscient

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Le destin est une chose bien étrange.

Certain y croient. D'autres pas.

Moi, je ne sais que penser.

« Je n'en ai aucune idée » avais-je répondu à mon prof de philo lorsqu'il m'avait demandé si j'y croyais. Il avait attendu que je développe mais rien n'était sorti. Je ne savais pas. Point. Il avait semblé légèrement déçu le temps d'un battement de cil puis avait retrouvé sa bonne humeur habituelle.

Je me demandais d'ailleurs, comment il faisait pour être toujours d'une joie de vivre pareille alors qu'il donnait le cours que personne ne prenait au sérieux. Mr Herman était un quinquagénaire aux cheveux gris et aux yeux bleus. Il devait sans doute figurer parmi les plus sympathiques profs du collège car tout le monde l'appréciait. Il était grand, baraqué, taillé comme une armoire à glace, mais ses yeux reflétaient une gentillesse infinie.

Il s'arrangeait toujours pour que ses élèves aient la moyenne. « Ce cours n'est pas là pour vous casser mais pour développer votre rapport au monde, disait-il toujours, pour vous ouvrir à la philosophie. » Hélas, à cause de cela, la plupart des élèves n'étudiaient ou même ne relisaient jamais leur cours. Moi, au contraire, j'adorais cela. Bien que, comme tous mes amis, je déteste l'école et préfère lézarder chez moi, dans ma chambre, avec un bon bouquin, je prenais un réel plaisir à aller en philo et à répondre aux questions de mon prof. Mr Herman me passionnait. Les sujets qu'il abordait, sa manière de donner cours, les questions qu'il nous posait, tout m'inspirait, me parlait et me donnait envie de réfléchir. C'était rare chez un prof d'avoir autant de qualités !

Ce matin-là, il nous avais demandé si nous pensions que notre destin était écrit.

Un silence de plomb a flotté dans la classe comme chaque fois qu'il posait ce genre de questions...

Généralement, à ce moment-là, je levais la main et donnait mon avis.

C'est pour cela qu'il m'interroge souvent.

Mais là, je n'avais rien pu dire.

En vérité, je ne m'étais jamais posé la question.

Mon chemin était-il déjà tracé ?

Peut-être.

Comment savoir ?

J'espérais que rien n'arrivait par hasard et que chaque épreuve traversée était essentielle à la suite... Mais en même temps, je voulais croire que ma vie, que mon destin, n'appartenait qu'à moi et que personne d'autre n'avait son mot à dire.

-Mademoiselle Ascot, je vous dérange ?

Mr Marlich, notre prof d'Histoire me sortit de mon intense réflexion.

Evidemment qu'il me dérangeait, qu'est-ce qu'il croyait...

-Non monsieur, se contenta de répondre ma voix.

-Bien. Alors vous ne verrez aucun problème à répéter à vos camarades ce que je viens de dire ?

En soupirant, je m'étais exécutée.

Lorsque je m'étais tue, le visage de Mr Marlich avait pris une teinte écarlate.

Il lâcha un « très bien » du bout des lèvres et se dépêcha de reprendre son cours.

C'était une drôle de manie qu'avaient les professeurs de ce collège de faire répéter leurs élèves... comme si nous n'avions rien de plus intéressant à faire !

Hélas, aujourd'hui, Mr Marlich n'avait pas eu de chance... En effet, j'avais la capacité géniale de retenir tout ce que j'entendais dans les moindres détails. Et j'avais répété mot pour mot – remarques, exemples et commentaires inclus – ce qu'il venait de dire.

La Fille de la Foudre, Tome 1 : la ProphétieWhere stories live. Discover now