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 Lucie pouffa en sortant de la voiture. Éric l'avait raccompagnée. Elle se pencha vers l'intérieur de l'habitacle et l'embrassa tendrement. Celui-ci s'agrippa au cou de sa compagne et fourragea ses cheveux amoureusement.

-Tu es obligé de répondre présent à cette réunion? Les producteurs du film ne peuvent pas attendre demain?
-Je te jure Lucie que je préférerais cent fois être avec toi. Au lit si possible ...
-File alors! Dit-elle taquine.

Se reculant à contre coeur mais le sourire aux lèvres, elle lui effleura la joue avant qu'il ne démarre. Elle ressentait à présent le manque et la frustration. La jeune femme se résigna mais la réunion improvisée d'Éric l'avait empêchée de dormir chez lui.
Son coeur se mit à battre la chamade lorsque son regard se posa sur son immeuble. En réalité, tant qu'elle pouvait faire l'autruche! Elle préférait éviter les confrontations ; par lâcheté sans doute...


Un voile sombre recouvrait à présent le ciel et Lucie pouvait apercevoir les astres au loin. Elle resta ainsi pendant un long moment, les yeux rivés vers les étoiles, enveloppée dans une froide nuit d'hiver. Repassant en revue les évènements de cette dernière semaine, elle frissonna légèrement. Était-ce de froid ou d'appréhension? Elle ne le savait pas vraiment... Elle s'apprêtait à rentrer mais les étoiles la retenaient. Elles lui conseillaient de rester encore un peu auprès d'elles. Et Lucie se laissa bercer par leur présence apaisante.
S'adossant au réverbère, elle aperçut un groupe d'adolescents ricaner en entrant dans son immeuble d'où s'échappait une musique pop. Pauvres voisins... Quel hurluberlu avait organisé une fête? Qu'importe, elle était si bien face à la parure céleste. Des larmes refoulées depuis quelques jours refirent surface et menacèrent de couler mais la jeune femme se refusa de pleurer. Malgré l'appel nostalgique des étoiles, elle n'était pas en droit de se laisser aller. Pas maintenant !

-C'est le froid qui te pique les yeux?

Lucie sursauta et se décala pour dévisager le jeune homme qui lui adressait la parole. Celui-ci avait une partie du visage emmitouflée dans une écharpe en cachemire et visiblement n'attendait pas de réponse.

-Ou alors tu es triste? Moi je ne pleure pas quand je suis triste. Je deviens colérique et je tremble. Toi aussi tu trembles?
-Non.
-Menteuse.

Interloquée, Lucie fronça les sourcils et s'apprêta à répliquer, mais il la devança :

-C'était une question réthorique. Je connaissait déjà la réponse car tes mains tremblent visiblement. Mais tu n'as pas à te sentir mal. Pleure si tu le souhaites, rien n'est pire que lorsqu'on garde ses larmes en soi. Avec le temps, elles se transforment en cascade au lieu de rester ruisseau.
-Merci pour le conseil, chuchota Lucie. À qui ai-je l'honneur?
-Kelian. Kelian Yuiveil.

Lucie le reconnut alors. C'était ce prodige du piano dont la ville s'enorgueillissait dans les médias. Malgré son jeune âge, ce garçon avait l'expérience du monde grâce aux tournées à travers le monde. La question qu'elle se posait à présent était, que faisait-il ici, devant son immeuble? La réponse, elle l'eut lorsqu'elle entendit une voix masculine qu'elle connaissait si bien. Son coeur fit une chute libre.

-Kelian, t'es chiant. J'ai dû descendre dans le froid pour venir te chercher, j'espère que t'as ramené quelque chose de bon à bouffer!
-T'inquiète pas, je suis un bon camarade.
-T'aurais pu faire comme tout le monde non? Genre sonner à l'interpho...

Maël se tut. Non, ce n'était pas une illusion ou alors c'était un mirage terriblement réelle. Lucie était bien là, sous la lumière du lampadaire. Oui c'était bien elle en compagnie de Kelian, elle était revenue ! Sa Lucie était de retour à la maison. Près de lui! Une émotion inconnue le submergea, son coeur s'apaisa et la voix s'enroua:

-Lucie.. J'ai failli attendre tu sais.

Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant