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L'esprit en compote, la jeune femme tapait en rythme sur les touches de son clavier. Les lettres s'alignaient sur l'écran mais la satisfaction ne la submergea pas. Au contraire. Voilà une semaine déjà que Maël la fuyait et se vengeait mesquinement à coup de gémissement féminins provenant de la chambre voisine tout les soirs. Ce qui en soit était plus qu'une torture psychologique.

Voilà une semaine qu'elle écrivait. L'inspiration lui avait fait battre son cœur. Depuis l'altercation du balcon. Mais la culpabilité l'avait submergé. Elle n'aurait pas dû inviter Éric à monter. Puis la colère avait prit le dessus. Il était bien injuste de la blâmer alors qu'il se tapait les filles à la volée. Limite s'il ne distribuait pas des tickets "Bon de réduction".
D'ailleurs une plainte d'extase provenant du salon la fit grimacer et la rage tapie faillit ressortir. Les pieds du canapé grinçaient en rythme.

Elle serra les poings et s'efforça à respirer calmement. Vraiment.. Il était obligé de culbuter dans le salon sa conquête d'un soir? Faire quelques mètres pour atteindre sa chambre semblait être trop compliqué pour lui? Elle ne s'assoirait plus jamais dans le canapé. Le coït effrénée accéléra la cadence pour se finir en hurlement féminin. Lucie l'aurait presque bâillonné si elle le pouvait. À croire que Maël le faisait sciemment. Et elle en était certaine.

Il avait cette mesquinerie vengeresse qui était propre aux adolescents.
Elle effaça la faute de frappe qu'elle commit pour se remettre à la prochaine phrase. L'inspiration était bien une mauvaise chose.
Elle frappait là où elle en avait le moins envie. Car oui, elle avait son fil conducteur à présent. L'inspiration l'avait foudroyé.
La jeune femme préférait mourir que de se l'avouer mais elle avait trouvé une muse. Et quelle muse...
Un jeune ado abonné aux orgasmes nocturnes et à la pique perfide. Mais un ado très complexe, du moins c'est ce qu'elle descellait vaguement. Une peur semblait l'habiter. Mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

Un "encore" féminin la fit grogner. C'était une nymphomane celle là où quoi? Et les revoilà partis, cette fois dans le couloir. Encore plus près d'elle. Cette fois, les halètements rauques étaient parfaitement audibles. Et il avait fallut qu'elle égare ses écouteurs dans sa chambre. Au bon moment! Elle se mordit la lèvre lorsque les grondements gutturaux résonnèrent suivie par de longues inspirations comme pour avaler des goulées d'air.
Elle se pressa les tempes mais en vain. La vision d'un Maël sensuel et sexuel la cloua sur place. Des rougeurs se répandirent sur ses joues.
Et le mur fin qui les séparait n'amoindrissait  en rien le début de chaleur qui la secoua. Ce devait être une bête, vu les cris!
La jeune femme imaginait à présent son colocataire en plein ébats.
Toutes ses choses...terriblement tentatrices et addictives.

Lucie maudit Maël.

Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant