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De retour chez eux, Maël avait foncé dans la salle de bain. Lucie vit qu'il y avait pris une douche, au vu de ses cheveux mouillés et de son Tee-shirt neuf à l'effigie d'un groupe de rock en vogue.

-Et si je te donnais un gage ? Lui dit-il de but en blanc.
-Qu'est ce que tu me racontes encore?
-On t'as jamais dit que répondre par une question, c'était malpoli?

Lucie qui consultait ses mails fronça les sourcils.

-C'est ce que tu es en train de faire pourtant !
-C'est vrai. Mais t'es celle qui a commencé..
-Bon, qu'est ce que tu veux?
-Je parlais de te donner un gage.

La jeune femme le fixa incrédule. Comment a-t-il encore la force de vouloir jouer, surtout après une nuit pareil ! Décidément, ce gamin était infatigable...

-Franchement, ça ne m'intéresse pas. En plus je suis éreintée, répondit-elle.

Maël sourit et croisa les bras en forme de défi. Lucie de son côté sauvegardait ses données sur le PC et s'apprêtait à se lever pour terminer sa courte nuit au fond de son lit.

-En fait, c'était pas une proposition.
-Je pense encore avoir le droit de donner mon avis et je t'ai dit que je ne voulais pas, protesta-telle.
-Non, t'as dit que ça t'intéressait pas. Pas que tu voulais pas.
-Tu chipotes, c'est la même chose !

Lucie traversa le salon, l'air fatigué. Et comme elle s'y attendait, il lui bloqua le passage.

-S'il te plait... Pour mon anniversaire...
-Tu es trop gourmand pour tes 18 ans.
-Ça arrive qu'une seule fois, tu l'sais bien, supplia l'adolescent.
-C'est vrai mais je suis hors service actuellement, tu peux le comprendre non ?

Et Lucie le contourna en haussant les épaules. Il la laissa passer, boudeur.
La salle à manger était baignée d'une lumière douce, Maël tira sur son Tee-shirt et s'affala sur le canapé en position fœtale. D'un geste, il alluma la télévision et zappa sans modération comme pour s'abrutir. À 9 heures du matin, il s'abreuvait de Power Rangers et de Tortues Ninja.

L'adolescent entoura de ses bras l'oreiller gris et posa sa tête dessus. Sans quitter l'écran des yeux, il se positionna plus confortablement. Le dessin animé l'intéressait bien plus que prévu. Il en était au générique de fin lorsqu' il sentit une légère vibration. Il se redressa et vit sur la table basse le portable de Lucie dont l'écran s'illuminait par intermittence. Satané Éric !

Maël sentit une rage sourde montée en lui soudainement. Se mordant la lèvre, il serra les poings avant de se décider. Il décrocha instinctivement, avant même de réfléchir aux conséquences.

-Allô? Dit une voix grave au bout du fil.

Le silence. Maël était sous tension, il ne laissa aucun son s'échapper de sa bouche. D'ailleurs, ses lèvres dessinaient un rictus mauvais.

-Lucie? Allô ma chérie..?

L'adolescent raccrocha sans autre forme de procès. Il posa le téléphone sur la table basse et se recroquevilla aussi loin qu'il le put de l'objet du délit. Il s'efforça de respirer calmement, d'oublier cette voix masculine qui suintait l'arrogance ; « ma chérie » puait le snob et le ridicule.

En fond sonore, les voix criardes des personnages du dessin animé entamèrent une chanson ringarde. Mais il éteignit le poste aussitôt pour s'apaiser parce que tout se bousculait dans sa tête. L'adolescent pressa alors les paupières et sombra dans un demi sommeil tourmenté, fait de combats et de frustrations.

Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant