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-Bonjour.. Commença la quinquagénaire suspicieusement. Vous êtes?

Lucie posa les sacs de courses sur la table. Elle fit la moue lorsqu'elle vit le frigo fraîchement remplis. Heureusement qu'elle n'avait acheté que le strict minimum car cette femme avait eu une longueur d'avance sur elle. D'ailleurs sans attendre sa réponse, celle ci se retourna précipitamment pour touiller sa béchamel. Des lasagnes étaient à prévoir pour le dîner.

-Je suis sa colocataire.
-Je ne savais pas qu'il avait une colocataire. Depuis combien de temps avez vous emménager?
-Même pas deux semaines.
-Si vous le permettez, que faites vous dans la vie?
-Eh bien.. Je suis écrivaine mada..
-Écrivaine? Mais quel âge avez vous?
-19 ans.
-Vous êtes jeune. Avez vous une carrière derrière vous?
-Hum..je pense?
-Vous pensez.

Lucie se ratatina sous cet interrogatoire poussé. Elle ne s'étonnerait pas si on lui demandait à présent la taille de son bonnet ou de ses pantalons. C'était de famille d'être intimidant ou bien était-ce simplement les orbes de cette femme, lui rappelant trop ceux de son fils?

-C'est bon maman, laisse tomber.

Maël était adossé au chambranle, toujours en doudoune et ses doigts pianotant sur la porte de la cuisine. Ses cheveux semblaient ternes et ses yeux plus luisants. Il observait la scène, allant de Lucie à la quinquagénaire, pas une once d'émotion sur son visage régulier. Il baissa le regard avant d'entrer dans la pièce en traînant des pieds. Il embrassa sa mère en l'enlaçant.

-Mais ce n'était que quelques questions voyons, reprit-elle.
-Lâche l'affaire je te dis.
-Mais c'est pour ton bien, je n'aime pas te savoir entre de mauvaises mains.
-Mouais. Je suis plus un gamin.
-Laisse moi en douter mon chéri..

Le visage de Maël se ferma et il se retira des bras de sa mère. Il lui annonça qu'il allait prendre une douche. Lucie assista à la mine soucieuse de la mère qui s'essuyait les mains avec un torchon. La jeune femme en fut peinée. Elle proposa alors son aide qui fut accueillie avec joie.

-Madame, où devrais-je..
-Madame? Mon dieu! J'ai l'impression d'être un ancêtre. Appelle moi Cécile plutôt!
-Très bien.. Cécile, où devrais-je ranger ces pailles?

Il y avait sur la table un nombre important de pailles colorées. Elles étaient jolies, assemblée ainsi.

-Oh laisse les comme ça. Elles sont pour Maël. Il les collectionne.
-Des pailles..?
-Oui depuis qu'il est petit. Il en met toujours 5 dans ses boissons gazeuses.
-Mais pourquoi?
-Avant, il avançait que c'était pour ses amis. A présent, je pense que c'est une sorte de rituel.

Quand Cécile lui indiqua où les ranger, elle haussa les sourcils. Le tiroir qu'elle venait d'ouvrir renfermait au moins des centaines de pailles. Elle tourna le regard vers la salle de bain où se douchait Maël, des questions lui embrumant l'esprit. Ce n'était plus un rituel à ce stade, c'était une véritable obsession. Mais elle tût ses pensées.
À la place, elle enfourna le reste qu'elle tenait en main dans le tiroir et referma aussi vite qu'elle pût.

Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant