Peter Pan

9

La sonnette du studio retentit. Lucie en pleine finition de lasagne en compagnie de Cécile ne pût aller ouvrir. Elle avait passé la dernière heure à se plier en quatre pour faire un dîner digne de ce nom. La jeune femme ne se vantait pas facilement mais elle pouvait laisser entendre qu'elle ne débrouillait pas mal en cuisine. Au grand bonheur d'Éric qui se vantait à qui voulait l'entendre.

La sonnette se fit insistante, si bien que Cécile demanda à son fils de lui rendre service.
Maël s'attela donc à la tâche d'aller ouvrir en grommelant. Il y vit un homme, le chapeau sur le nez et un long manteau parfaitement coupé sur le dos. Il ouvrit de grands yeux.
Cécile sourit malicieusement tandis que Lucie se lavait les mains et allait à la rencontre de l'individu, curieuse.

-Papa? Qu'est ce que..tu fais là? Murmura Maël incrédule.
-Je te rends visite. Est ce interdit?
-N..non.

Maël l'invita à entrer, d'un geste de la main. Le père avança les mains derrières le dos et aperçut Lucie qui souriait. Elle avait l'air douce cette jeune femme. Qui était-elle? Qu'importe, il lui rendit son sourire avec sincérité.

-Bonjour. Je suis Paul, père de Maël.

La présentation claire, nette et précise étonna quelque peu Lucie et la désarçonna. Mais elle sut aussitôt que cet homme était une personne fiable et peu dans le m'as-tu-vu. Et elle apprécia.

-Enchantée. Je suis Lucie, la colocataire.

Paul se débarrassa de son par-dessus et de son manteau par la même occasion. Il embrassa tendrement le front de son épouse et déclara à Maël:

-Ta mère m'a invité.
-Je vois ça.
-Tu n'as pas l'air content.
-J'ai rien dit.
-Et si vous passiez à table?

La réplique de Lucie étouffa dans l'œuf l'animosité qui se créait entre le père et le fils. Entre eux, c'était étrangement tendu.
Cécile lui adressa une œillade reconnaissante. La jeune femme entreprit donc de poser les assiettes sur la table de la cuisine. Les verres, les couverts et les serviettes y passèrent. Enfin, elle posa le poulet aux pommes de terre et les lasagnes encore fumantes. Retirant son tablier, elle pensa à prendre ses clés avant de se chausser.

-Que faites-vous? Vous ne dînez pas avec nous? S'alarma Paul.

Maël releva immédiatement la tête de son ordinateur et attendit sa réponse, le cœur battant.

-Hum... non. Je vais vous laisser en famille. Votre fils a rarement de la visite et je...
-Mais que dis-tu ? Tu as mis la main à la pâte! S'exclama Cécile
-Et c'était un plaisir mais je trouverais bien quelqu'un pour..
- S'il te plait. Reste, dit une voix.

Finalement, Maël était un gamin.