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Il était tard. Éric terminait tout juste sa tasse de café lorsque son cellulaire vibra. Il était en pleine composition musicale et l'arôme de sa boisson chaude l'aidait à rester éveillé pour retenir cette inspiration fugace. Mais celle-ci se figea par le hululement incessant de son smartphone.
Lucie. Il décrocha aussitôt.

-Oui ma chérie?
-Est..est ce que je peux monter chez...toi?
-Qu'est ce qu'il t'arrive? S'affola Éric, sentant la tension dans la voix de sa petite amie.
-Rien...Je peux monter?
-Je t'ouvre la porte !

Le jeune homme se leva précipitamment et aperçut par la fenêtre Lucie s'approcher nerveusement de la porte cochère, le pas pressé. Elle n'eut pas à sonner, Éric lui ouvrit spontanément. Quand elle se retrouva face à lui, il la dévisagea longuement avant de l'accueillir dans ses bras. Elle ne se fit pas prier et l'enlaça, se lovant contre son torse, un havre de confort pensa-t-elle. Il lui passa alors la main dans les cheveux et ferma les yeux en humant son odeur. Dieu qu'il l'aimait...
Puis il s'inclina pour l'embrasser sur le front, un geste si tendre que la femme trembla légèrement.

-Qu'est ce qui se passe Lucie?
-Rien.
-Ce n'est pas vrai.
-Éric, s'il te plait ne pose pas de questions. Tu ne voudrais pas juste me serrer fort ?

Éric lui donna la main et Lucie s'en empara pour entremêler leurs doigts. Quand ils s'assirent sur le petit canapé du salon, face à une grande baie vitrée, il tira d'abord le plaid qui le recouvrait et s'assit dessus, approcha ainsi la jeune femme de lui et la plaça sur ses genoux. Tout deux restèrent enlacés, à écouter le silence et les battements de leur cœurs. Devant eux, le paysage de la ville en contre bas leur donnait une sensation d'être dans une bulle protectrice.
De son index, Lucie traça les contours du visage d'Eric. Elle s'efforça à les apprendre et elle ferma les yeux en se pelotonnant du mieux qu'elle put contre lui. Elle avait besoin de réconfort. Mais pourquoi? Elle ne le savait pas très bien elle-même.

-Ton appartement est grand, dit-elle à la place.
-Il l'a toujours été.
-C'est vrai. Je ne viens pas souvent.
-Tu devrais Lucie.
-Tu ne m'as jamais proposé les clefs.
-Hum..c'est vrai. Tu les voudrais?

Haussant les épaules, elle laissa son regard vagabonder sur leurs mains liées. Oui elle les voulait. Elle hocha donc la tête. Il lui chuchota qu'elle les aurait. Elle l'embrassa doucement mais quelque chose la chiffonnait. C'était sans doute les cernes que son petit ami arborait et qui assombrissaient son regard.

-Dis-moi Éric, tu dors assez?
-Pas vraiment. Je suis sur une nouvelle musique pour la B.O du film qui va sortir dans six mois.
-Lequel?
-C'est une adaptation d'un best-seller, soupira-t-il. Le titre c'est... "Il n'y a pas d'amour ce soir" je crois.
-J'en ai entendu parlé. Ce n'est pas avec l'acteur Terry Milann?
-Je n'en sais rien du tout. Tout ce que je sais c'est que les producteurs me pompent l'air pour finaliser !
-Les aléas du métier...

Et Lucie se hissa pour trouver les lèvres de son musicien comme pour oublier et se perdre dans ce baiser.

Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant