Chapitre 19

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"Appelle les autres, il faut que je vous dise quelque chose de très important."

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Ça faisait plusieurs jours que je passais mes journées recroquevillée sur moi-même dans le lit de l'infirmerie de l'école.

Carter et Armande m'avaient retrouvé évanouie sur le carrelage à côté de ma mère et ils m'avaient ramené en urgence à l'école, comme l'avait ordonné Andrew avant que l'on parte.

Maintenant j'étais enfermée dans cette école avec mes souvenirs qui me hantaient.

Je n'avais plus aucune énergie dans mon corps. Je me sentais mourir de l'intérieur. J'étais déconnectée du monde. Je mangeais peu, je dormais peu. J'étais épuisée mais dès que j'avais quelques moments de répit, le visage de ma mère venait me hanter.

Je me sentais vide. J'avais l'impression d'avoir un trou à la place de mon cœur. Je ne cessais de me remémorer la scène de la mort de ma mère.

Je culpabilisais énormément. Je pensais toujours que si je n'avais pas été là, elle serait encore en vie. Sa mort avait été tragique. Elle ne méritait pas de mourir aussi cruellement.

Une partie de mon corps était morte en même temps qu'elle. Je n'arrivais pas à le croire. Ma mère était morte. Elle m'avait quitté pour toujours.

Mais étrangement, je ne ressentais rien. J'étais dans un univers parallèle sans émotion. J'avais entendu une infirmière parler de choc post-traumatique.

Je n'étais plus qu'une simple coquille vide. Je savais que mes amis venaient souvent me voir mais j'étais là sans être là. Je voyais leurs lèvres bouger, j'entendais des sons vagues mais je ne comprenais pas ce qu'ils me disaient.

Pourquoi fallait-il que ça m'arrive à moi ? Qu'étais-je censée faire dans une situation pareille ? Je voulais juste disparaître. Je voulais revoir ma mère, je voulais lui parler. Je ne lui avais même pas dit au revoir.

Et la personne qui était là quand j'étais arrivée, je n'arrive pas à me remémorer à quoi elle ressemblait. Mon esprit tentait sûrement de l'effacer de ma mémoire.

Dans ma tête, je ne voyais qu'une ombre se volatiliser. Je n'arrivais pas à discerner ses traits, simplement une grosse masse noire.

Je voulais que tout s'arrête. Peut-être fallait-il que je me rende auprès de mon père pour qu'il arrête de s'en prendre à mes proches.

Pour quoi ? Pour qu'il m'utilise à des fins personnelles et tuent des milliers de gens ? Il fallait que je mette fin à ma vie, de cette façon, plus personne ne se battra pour moi. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire.

J'avais l'impression de ne même plus contrôler mon corps. J'avais l'impression de n'être qu'une spectatrice de ce qui se déroulait sous mes yeux. Je n'étais pas une personne forte. J'étais faible.

Je ne pensais pas que mon père aurait pu envoyer un soldat tuer ma mère. Il avait quand même vécu dix ans de sa vie avec elle, même si pour lui ce n'était rien.

Il lui avait fait un enfant, gage de son amour pour elle. Il ne pouvait pas avoir fait ça. Je continuais de croire qu'il y avait encore une part d'humanité en lui, qu'il n'était pas simplement le monstre que tout le monde décrivait.

Alors que j'étais allongée sur mon lit à fixer le plafond, comme tous les jours que j'avais passés à l'infirmerie depuis que j'étais revenue, j'entendis une voix résonner dans ma tête :

" Alyssia, il faut que tu te relève. Tu ne peux pas rester indéfiniment cloué au lit. J'ai été patient, je t'ai laissé quelques jours pour faire ton deuil, maintenant ça suffit, lève-toi et bats-toi. Tu dois protéger Preston et ses élèves.

Marquée T1 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant