Prologue

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Lorsque le taxi jaunâtre s'arrêta au coin d'une rue lumineuse, Lucie jaugeait du regard le bâtiment dans lequel elle allait prochainement habiter.
Haut de trois étages, il faisait penser aux hôtels particuliers de la capitale parisienne. Des balcons où se prélassaient des pots de fleurs décoraient la façade blanche. La porte d'entrée rutilante était encadrée de mosaïques qui incitaient à entrer.

- 13 euros s'il vous plaît.

La main plongée dans son porte feuille, Lucie trifouillait pour trouver la monnaie qu'elle finit par tendre au chauffeur. Balançant ses bagages hors du véhicule, elle les empoigna fermement et se dirigea vers l'immeuble. L'allée était taillée au millimètre et elle se surprit à se demander qui s'occupait de tout ces détails. Le concierge sans doute. À l'interphone, elle rechercha BIERZAK et le trouva après quelque secondes.

La porte se déverrouilla alors, sans salutation ou quelconque paroles de la part de la machine électronique. À croire que son futur colocataire laissait tout le monde entrer comme dans un moulin.
Petit bémol, l'ascenseur était en panne. Lucie entreprit donc de faire plus ample connaissance avec l'escalier. Mais la jeune femme tenta de s'encourager comme elle le pouvait; l'appartement se situait au premier, il n'y aurait pas trop de marche.
Puis tout s'enchaîna très vite. Le palier, la porte  brune, la sonnette usée mais toujours utile, des bruit de pas et une fille qui ouvre. À moitié nue.

-C'est pour quoi?

La fille débraillée mâchonnait un chew gum mentholé dont l'odeur parvenait jusqu'ici. Lucie fut tenté de se boucher le nez mais se contenta de le froncer. Elle jeta un coup d'œil derrière l'épaule de son interlocutrice dans l'espoir de ne pas s'être trompé d'appartement.

-Euh.. je devais m'installer ici.. Aujourd'hui. Maintenant en fait.
-Ah bon?

Elles se fixèrent dans le blanc des yeux. Lucie ne lui donnait même pas 17 ans. Une voix masculine brisa leur contact visuel et l'adolescente en sous vêtements s'engouffra de nouveau à l'intérieur. La porte était restée ouverte. Lucie risqua un regard et détailla rapidement l'entrée. Une armoire à chaussure et un porte manteau à côté où pendouillait des gilets de marque. Une moquette verte sapin s'étendait à perte de vue. Des éclats de voix lui parvint de là où elle était et soudain un grand claquement qui ressemblait plus à une baffe qu'autre chose.

Et effet, l'adolescente s'était rhabillée de traviole et les cheveux en pétard, elle reniflait en enfilant un des gilets pendouillants. Le regard glacial qu'elle décocha à Lucie fit frissonner cette dernière. Mais il fut bref car elle s'enfuit par les escaliers. L'ascenseur étant en panne.

-Salut!

Elle se tourna vivement pour tomber sur un jeune garçon, une trace rougeâtre ornant sa joue. Il affichait un grand sourire réjouis, le T-Shirt enfilé à la hâte. Ses cheveux blonds lui tombaient sur les yeux, le gênant nullement. Lucie répondit à son salut après quelques hésitations. Était ce le même garçon qu'elle avait eu par mail, la semaine dernière? Elle se souvint d'un garçon avouant ne pas aimer parler au téléphone, préférant les messages. C'est ainsi que l'adresse lui avait été parvenue. Mais à présent, elle ne savait pas trop par quoi commencer.

-Et si t'entrais? Ce serait un bon début.

Pas faux. Elle entra donc. Et ce qu'elle vit lui plut aussitôt. Un appartement spacieux et cosy. Soit ce garçon avait embauché une décoratrice d'intérieur qui avait coûté bonbon, soit il été doté d'un bon goût exceptionnel. Étrangement, elle penchait plus pour la première option.
Elle déposa ses sacs près de l'armoire à chaussures et pesta contre l'anse de son sac qui s'était enroulé à ses cheveux.

-Lucie, c'est ça? demanda t-il rhétoriquement lorsqu'elle se releva. Maël, enchanté.

Elle n'eut pas le temps de répondre qu'il lui secouait déjà la main comme une poupée de chiffon. Il avait une sacré poigne pour son âge. D'ailleurs, quel âge avait-il?

-T'es vachement matinale! Je ne t'attendais pas aussi tôt.
-Il est 13 heures.
-C'est bien ce que je dis! Je parie que t'es du genre à ne jamais être en retard. Je te fais visiter où tu préfères le faire seule?
-Je vais le faire seule je pense.
-Ouai comme tu veux. Au fait le double de la clé se trouve sur la table de la cuisine. Le camion de déménagement arrive quand?
-Demain normalement.
-Je t'aiderais si j'ai pas cours à ce moment là. Mais j'ai envie d'omelette maintenant. T'en veux?

Déjà, son côté papillonnant l'avait déstabilisée.

Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant