S3 - Chapitre trois : Confidences

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- A bientôt alors, lança-t-elle innocemment. 


J'avais envie de lui répondre, mais était-ce vraiment nécessaire? Est-ce que parfois, un sourire ne se suffit pas lui-même? 



TAYLOR EVENS

- 17h30, Irish Coffee -


A ma grande surprise, Soane avait insisté pour venir travailler au café où travaillait son ex. Ainsi, toute la semaine, nous étions restés là, à siroter des boissons chaudes entre deux révisions. Nous étions vendredi soir, et le temps pluvieux qui avait persisté depuis samedi commençait à devenir déprimant. Tout était morose, et le monde tournait au ralenti. Silencieuse, Soane mordillait son crayon de papier en fronçant les sourcils. Aussi bizarre que cela puisse paraître, elle arrivait à être parfaitement concentrée alors que son ex était dans la pièce. En cours, elle était loin d'être attentive, préférant gribouiller son carnet plutôt que d'écouter le prof. 


- Soane? 

- Mmh?

- Ca a l'air de chauffer entre Ysia et son responsable, constatais-je en les pointant du doigt.


En effet, derrière le bar, le patron faisait des grands gestes face à la blonde qui restait immobile, les bras croisés, le regard noir. La rousse leva les yeux de son livre à l'entente du prénom de son ex et se retourna. Elle les observa un moment. Nous ne pouvions entendre clairement cette discussion, mais quoi qu'il en soit, Ysia quitta la pièce par-derrière, exaspérée. Soane serra les poings, se leva puis se stoppa avant de commencer à se rasseoir.


- Qu'est-ce que tu fais?

- J'sais pas si c'est vraiment mon rôle de faire ça, grimaça-t-elle.

- So..., grognais-je.


Elle fixa le sol quelques secondes avant de se diriger d'un pas décidé par la même sortie que la blonde. Je ne sais pas non plus si c'était son rôle d'y aller, mais une chose est sûre, elle en mourrait d'envie. 


SOANE WILSON

- 17h35, Irish Coffee -


La porte qu'avait emprunté Ysia menait dans une petite cour, à l'abri des regards. Je pus facilement distinguer la blonde, adossé au mur, une cigarette à la main.


- Tu peux éteindre ça, steuplait? 


Elle m'offrit un regard avant de l'écraser contre les pavés, au sol. Je m'approchais jusqu'à me trouver à côté d'elle, dans la même position. La pluie venait tout juste de s'arrêter.


- Il n'a pas l'air tendre, lançais-je.

- Mbof.

- Qu'est-ce qu'il te voulait?

- Je crois qu'il n'apprécie pas vraiment la façon dont je prépare tes commandes, expliqua-t-elle sans vraiment essayer de saisir les reproches de son boss.

- Pourquoi ça?

- J'en sais rien, c'est sûrement trop soigné à son goût.

- Tu soignes tout ce que tu sers.

- Vraiment? pouffa-t-elle. Pas au point de changer la recette uniquement dans le but de satisfaire la fine bouche que tu es.


Elle parvint à me décrocher un sourire; ironie du sort puisque c'est moi qui étais venu pour tenter de lui en arracher un.


- Pourquoi tu ne laisses pas tomber ce boulot?

- Je peux pas, soupira-t-elle. J'ai ce truc dans le bide, j'te rappelle.


Elle sembla surprise du ton qu'elle avait employé, mais je ne lui en tenu pas rigueur. 


- Puis c'est un moyen comme un autre de te voir, aussi.

- Ah ouais?  

- C'est d'ailleurs surtout pour ça, plaisanta t-elle. 


Je gloussais tandis qu'elle se contenta de hausser les épaules. Elle croisa ensuite ses bras et fixa le mur d'en face.


- Tu as assez d'argent pour.. le bébé? osais-je demander avec peu d'assurance.

- J'en sais rien. J'ai pas vraiment envie qu'il soit là.


C'était notre première conversation profonde depuis un bon moment, et je dois dire que j'appréciais ça. Ces confidences étaient toujours précieuses à mes yeux. 


- Je sais ce que tu te dis, au fond : Je n'ai qu'à assumer mes erreurs. T'as sûrement raison, balbutia-t-elle.

- Non. Non je ne me dis pas ça, Ysia, assurais-je.

- J'ai jamais voulu que tout ça arrive. J'me suis perdue quand t'es partie, et quand t'es revenue j'pensais que tout ce cauchemar allait s'arrêter, mais j'ai pas réussi à reprendre le dessus. 

- Ysia...

- Je regrette tellement de t'avoir fait du mal, Soane, chuchota t-elle. 

- Pas maintenant, s'il te plait, répliquais-je sur le même ton.


Je mordis mes lèvres lorsque ses yeux arrivèrent à capter les miens. Ils étaient toujours aussi intenses, et la pression qu'ils exerçaient sur les miens auraient pu me faire craquer à tout moment. 


- Je vais devoir y retourner, annonça-t-elle. 


Elle commença à s'éloigner puis, avant de refermer la porte derrière elle, elle prit le temps de se tourner vers moi.


- Merci d'être venue me voir, bredouilla-t-elle. Ca m'a fait du bien.


Si elle me remerciait d'être allée la voir, c'est sûrement parce qu'elle savait, au fond, que ce n'était pas mon rôle de faire ce genre de choses, mais que, malgré tout, quoi qu'il arrive et peu importe les raisons, je ne pourrais jamais m'empêcher d'aller la rassurer. 



Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now