𝐀𝐏𝐎𝐋𝐋𝐎'𝐒 𝐒𝐎𝐍 ᴴʸᵘⁿˡⁱˣ

ፈᏂᏗᎮᎥᏖᏒᏋ 22

ᏂᎩᏬᏁᏠᎥᏁ

J'ai l'impression que mon cœur bat contre mes tempes douloureusement. Mes yeux sont fermés, mais j'ai l'impression de flotter sur un nuage en plein orage ; j'ai perdu tous mes repères. Où suis-je ? Pourquoi ? Je devrais être en train de pêcher le long d'une rivière au courant lent et calme, à regarder les poissons éviter l'appât.

C'est quand je reçois une gifle sur la joue que les poissons s'envolent et que je sens les pierres sous mon corps qui égratignent la peau que mes habits ne cachent pas. D'ailleurs, j'ai l'impression qu'il ne doit pas me rester beaucoup de tissu, vu la précision avec laquelle je peux dire la direction et la température du vent. 

Une nouvelle gifle. Mes yeux s'ouvrent d'un seul coup ; je crois que c'en est assez, je suis bien assez réveillé. Pas besoin de me maquiller les joues de rouge, le soleil s'en occupera tout seul. Je me redresse difficilement, comme si mes muscles avaient soudainement pris plusieurs d'années d'un seul coup, fatigués de protéger des os qui semblent avoir rétréci. Mais je parviens tout de même à distinguer le crétin qui m'a réveillé si gentiment ; des yeux de chats, deux dents de lapin que des lèvres pleines révèlent joliment. 

Minho. 

Et derrière lui, assis dans une herbe desséchée la tête appuyée sur une pierre, ne pouvait être que Jisung, avec ses cheveux bruns ébouriffés et ses joues rondes. Je manque de vomir le peu que j'ai dans mon ventre lorsque mon regard tombe sur ce qui ressemble à sa cheville, si bleue et gonflée que j'en viens à me demander si Minho n'y avait pas appliqué du pruneau écrasé. Je détourne le regard rapidement pour observer les alentours à la place de cet vision que j'aurais préféré garder pour les films d'horreur un soir d'Halloween. Des ruines de pierres, les seules semblant encore en place étaient encore lacérées de marques comme si elles avaient servi à quelque chose d'autre avant, pas comme de simples piliers pour maintenir une construction.

Quelque chose d'autres. Mon cerveau comprend enfin quand j'aperçois que certaines des pierres éparpillées sur le sol ont une forme ressemblant étrangement à des ailes, des poignées ou encore des yeux. Mes yeux s'écarquillent brusquement et je manque de perdre l'équilibre en me redressant.

Felix.

L'explosion. Ma peau qui brûle. Le cri de Jisung. 

Où est Felix ?

Minho, qui ne m'avait pas quitté du regard, semble remarquer la réalisation qui voile mes yeux si soudainement. Ils ont sûrement dû y passer eux aussi après s'être réveillés, puisqu'il m'explique d'une voix étonnement douce.

- On l'a pas retrouvé. 

Mon souffle se compresse dans ma poitrine. Je sais qu'il parle de Felix, qui d'autre ? Je me demande depuis combien de temps nous sommes ici. Du moment où nous sommes entrés dans le Labyrinthe à notre réveil après qui sait combien de temps, nous avons perdu la notion du temps. On est enfin sortis, mais quel jour sommes-nous ? Quel mois ? Je dois sans doute me faire des idées, mais, si ça se trouve, nos amis ont vieilli sans nous. Ils pensent peut-être que nous avons péri dans les abîmes de ce Labyrinthe maudit. 

Je me redresse lentement pour maintenir un équilibre plus ou moins stable, avec les lambeaux du bandeau qui m'enserrait le crâne s'effilochaient devant mes yeux. Mon cœur se serre un peu plus lorsque des souvenirs des mains douces de Felix recoiffant doucement les mèches qui se collaient à mon front ressurgissent dans ma mémoire. Il faut qu'on le retrouve. Ça ne peut pas se finir comme ça, pas sans lui. Pas après tout ce que nous avons vécu ensemble. 

J'aperçois plus haut dans le ciel quelques braises qui voltigent au-dessus de nos têtes, suivies par la mince fumée qui émane de nos vêtements et de nos cheveux. On se dirige vers Jisung, à qui je n'ai toujours pas parlé depuis mon réveil. Je fais tout pour éviter sa cheville du regard, sinon je jure de partir en courant si mes yeux tombent dessus accidentellement. J'avais déjà failli m'évanouir en voyant le sang qui avait coulé de mon crâne après l'avoir fracassé contre un rocher, je n'avais pas besoin de plus.

Je lui souris avec pitié lorsqu'il rouvre les yeux quand nous nous accroupissons à côté de lui. Après avoir échangé quelques mots du style "c'est sympa que t'y sois pas resté", ou encore "tu t'es réveillé il y a combien de temps ?", Minho m'envoie chercher une bâton plus ou moins plat pour stabiliser la cheville de Jisung. J'acquiesce immédiatement, pressé de m'enfuir de cette ambiance un peu malaisante qui plane et de mon regard sans arrêt attiré curieusement vers son pied, auquel je résiste. Je fais le plus vite que je peux pour lui épargner des douleurs supplémentaires, trottinant lorsque je reviens vers eux. Minho a déchiré un pan de son t-shirt, déjà en si mauvais état que ce serait la même chose que s'il n'en portait pas. 

- Merci. Tu pourrais m'aider à la maintenir stable ? Appuie pas trop.

Je m'exécute sans ronchonner, déglutissant difficilement. Jisung manque de rire à mon expression, avant de grimacer quand le mouvement réveille sa douleur. Après que Minho ait, je ne sais comment, réussi à plus ou moins fixer sa cheville pour qu'elle ne bouge pas trop, je me redresse en inspirant de toute la capacité de mes poumons. Je me suis surpassé, je trouve.

Malheureusement, je n'ai pas le temps d'admirer mon courage bien longtemps.
Je manque de m'étouffer avec ma salive lorsque j'aperçois, un peu plus loin dans la forêt sombre qui s'étendait en face de nous, une colonne de fumée légère s'en élever. 

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Merci infiniment pour vos réponses adorables à mon précédent chapitre, ça compte beaucoup pour moi ❤️

Comme vous l'avez sûrement compris, les chapitres sont publiés un peu par-ci par-là, mais toujours mardi, vendredi et samedi haha (15h si possible). J'essaie avec les cours, pour que ça vous encourage pour le reste de la journée <3

Je me suis inscrite au club d'écriture de mon école, c'est vraiment un bon groupe sympa, y en a même une qui aime Stray Kids 😭

Prenez soin de vous !